Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 65

Un bruit qui ressemble à un coup de revolver retentit, faisant s'envoler de terreur tous les oiseaux du parc. Un pigeon paniqué passe juste à côté de moi et me donne un coup d'aile en pleine figure.

Plouf !

Les sirènes et tritons ont plongé dans l'eau d'un même mouvement.

Observer une course nautique n'a rien de passionnant. On aperçoit parfois un bout de queue qui dépasse soudain avant de replonger aussitôt. Les choses deviennent un tout petit peu plus intéressantes lorsque l'eau se met à frémir et qu'une gigantesque vague roule sur toute la surface. Je suppose qu'il s'agit de l'un des obstacles mis en place par M. Marlin, parce qu'il ne me paraît pas très naturel qu'un tel tsunami se développe sur un lac un jour de beau temps.

À la grande joie des caméras, qui ne peuvent apparemment pas filmer sous l'eau, l'une des sirènes se retrouve emportée par le courant et est propulsée sur le bord du lac. Elle est obligée de ramper sur les coudes pour se remettre à l'eau sous les cris d'encouragement des membres de son équipe. Une de ses concurrentes a atteint le bout avant qu'elle y parvienne. Zut, je crois que c'est la sirène embrigadée par Morgane. Ah, Jérémie sort juste après elle ! Bravo Jérémie ! Nour lui prend le témoin des mains et se met à courir si rapidement qu'elle en devient presque floue.

J'ignore s'il existe des compétitions sportives pour vampires. Ça ne doit pas être très amusant à regarder, à moins de pouvoir mettre la course au ralenti. M. Marlin a-t-il placé des pièges sur leur parcours ? Si oui, ils les franchissent trop vite pour mes yeux.

Je n'ai cependant pas le temps de m'ennuyer, car c'est déjà au tour de Lisa. Elle disparaît bientôt dans une brume épaisse qui remplit soudain toute la forêt, ce qui semble ralentir la course, car les loups et les louves doivent utiliser leurs différents sens pour retrouver le bon chemin. Elle finit par surgir du brouillard où l'attend Auguste, tout prêt à partir.

L'alpha s'empare du témoin qu'il coince dans sa gueule et s'élance à fond de train, arrachant sur son passage une grosse motte de terre.

Je retiens un cri lorsque le sol se fissure soudain juste devant mon petit ami. Des rochers d'un mètre de haut poussent du sol comme des pâquerettes.

J'observe avec admiration mon petit ami sauter d'un rocher à l'autre avec aisance, comme s'il faisait cela tous les jours. Ça c'est mon mec ! Je regarde avec Hector, loin derrière lui, essayer de ne pas avoir l'air trop ridicule au milieu des loups avec un plaisir d'un autre registre. Il bat des bras comme un idiot pour maintenir tant bien que mal son équilibre et manque de se coincer le pied dans une crevasse. Ses baskets ne sont plus très blanches.

Je jette un coup d'œil en direction de Morgane pour voir si elle trouve toujours son petit ami aussi merveilleux. Aucune idée, car elle ne lui accorde aucune attention. Elle a sa tête de tueuse, celle qu'elle prend lorsqu'une course commence et qui me donne encore moins envie de l'affronter. Les personnes qui affirment que les fées sont des êtres pacifiques n'ont jamais rencontré ma sœur. Ou Grand-mère.

Hector passe son témoin à la première fée de son équipe, bon dernier. Cela dit, il ne s'est pas cassé la figure comme je l'espérais et son équipe n'a pas pris tant de retard que cela.

Pendant que je me moquais de mon ennemi, Titania a récupéré le témoin et vole vers moi à toute allure. Elle est la première, et de loin. Des branches s'échappent des arbres pour essayer de s'enrouler autour de ses chevilles. Elle les évite en zigzaguant. L'une de ses concurrentes à moins de chance et se trouve happée en direction d'un feuillage dans lequel elle disparaît.

Ma respiration se bloque. Mon tour est venu. Je ne dois pas décevoir Auguste et les autres membres de mon équipe. Par exemple, je ne dois pas laisser tomber le bâton, comme lors de notre premier entraînement. Ni voler tout de travers à la vitesse d'un escargot. Ni me tromper carrément de sens (j'en serai capable). Ni... ni...