Chapitre 34

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Après un trajet d'un bon quart d'heure, nous nous engageons dans une rue pavée plutôt étroite, bordée de bâtiments en pierre grise qui doivent avoir quelques siècles d'existence. Un café à la devanture minuscule déborde sur le trottoir. J'aperçois par la vitrine des tables en bois rustique parfaitement alignées. Une odeur de pâtisseries fraîchement sorties du four s'en échappe lorsque nous le dépassons.

Moira s'arrête devant un immeuble de quatre étages. Sa façade comporte de grandes fenêtres à guillotine avec des cadres en bois peintes en blanc, ainsi qu'une porte rouge vif avec une grosse poignée métallique et un heurtoir en forme de tête de lion.

— Home sweet home ! s'exclame ma correspondante en fouillant dans son sac en bandoulière pour mettre la main sur ses clefs. Nous sommes au dernier étage. Désolée, il n'y a pas d'ascenseur.

Un escalier en colimaçon est coincé au fond d'un vestibule au sol recouvert de carreaux de céramique. J'y traîne tant bien que mal ma valise, essayant de ne pas perdre l'équilibre. Je suis soulagé lorsque nous atteignons enfin le dernier palier.

L'appartement des parents de Moira se révèle sombre, mais très chaleureux. Le parquet du couloir craque sous nos pas. Les murs sont décorés de photographies de famille et de quelques aquarelles représentant des paysages de bord de mer.

— Ma chambre, m'annonce solennellement la jeune fille en ouvrant la porte la plus au fond.

La pièce est étroite et remplie d'objets hétéroclites. Quelqu'un a tout de même réussi à y installer un lit d'appoint qui doit m'être réservé.

— Nous allons devoir partager ma chambre, m'explique la magicienne, l'air un peu ennuyé. Nous n'avons pas de chambre d'ami. Ça ne te pose pas de problème ?

— Non non, je lui assure.

Après tout, Morgane et moi avons dormi dans la même pièce pendant des années. Et puis, je ne suis pas obligé de préciser ce petit détail à Auguste qui pourrait mal le prendre.

Je couche ma valise sur le dos. Je m'apprêtais à l'ouvrir lorsqu'une paire de chaussons se jette soudain sur moi. L'un d'entre eux cherche à toute force à se glisser sous mon pied tandis que l'autre me tape dans le mollet.

— Au pied ! leur lance Moira d'un ton sévère.

Après un dernier soubresaut, les chaussons s'empressent de lui obéir et viennent se poser sagement à côté d'elle.

— Ce sont des artéfacts ? je m'étonne en les observant du coin de l'œil avec méfiance.

La jeune fille hoche la tête.

— Oui. J'en avais assez de ne jamais trouver mes chaussons, alors je les ai enchantés pour qu'ils se manifestent en ma présence. Apparemment, ils t'ont confondu avec moi.

Je jette un regard méfiant aux alentours, au cas où un autre artéfact cherchait à s'en prendre à moi. Non loin de là, une agrafeuse claque des dents de manière menaçante. Je prends soin de rester loin d'elle. D'autres objets restent immobiles, mais je peux sentir les vibrations magiques qu'ils dégagent.

— Tous ces artéfacts ont un but précis ? je demande, un peu perdu.

Moira hoche la tête avec enthousiasme.

— Bien sûr ! Tiens, par exemple, la bague que je porte amplifie légèrement mes pouvoirs. Son effet est de courte durée, mais c'est toujours ça de pris. Tu veux l'essayer ?

Elle est déjà en train de la retirer de son doigt. N'osant pas refuser, je l'enfile à mon petit doigt, de crainte de ne pas réussir à l'enlever, sinon. Les yeux du dragon brillent une seconde. Je sens alors une sorte de décharge électrique me traverser le corps, ce qui me fait sursauter.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant