Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 13

Le lendemain matin, quand je jette un œil au tableau d'affichage, la liste de mon équipe ne comporte toujours que trois noms. Personne ne s'est donc bousculé pendant la nuit pour la rejoindre, contrairement à ce que s'imaginait Auguste. À côté, l'équipe de Morgane est au grand complet. Je jette un œil à sa composition, par curiosité. Ouais, il y a beaucoup de premiers de classe, là-dedans. Et je vois même...

Mes yeux s'agrandissent. Hector ? Ma jumelle a accepté dans son équipe cet affreux magicien boutonneux ?

Mes doigts s'agitent tout seuls, mourant d'envie de se saisir d'un stylo pour barrer rageusement le nom de ce dernier. Mais je ne le ferais pas, car je vaux mieux que cela, n'est-ce pas ? Si Morgane veut ce sale type dans son équipe, c'est son affaire.

Je ravale ma colère pour me mettre en route. Je commence par mon tout premier cours de magie et cela me rend aussi nerveux qu'impatient. Et si je m'y montrais aussi nul que d'habitude ? Ou si, au contraire, je devenais soudain brillant ?

J'enfonce mes ongles dans mes paumes pour arrêter de rêvasser. On ne peut pas devenir brillant d'un seul coup sans avoir fourni le moindre effort. Il n'y a que dans les films que cela arrive.

La salle de classe consacrée à la magie est un peu à l'écart de toutes les autres. Il me faut bien un bon quart d'heure pour m'y rendre. J'y arrive tout essoufflé.

La porte est entrouverte et je me permets d'y jeter un bref coup d'œil. M. Marlin n'est pas encore là. Hector est en revanche déjà installé, tranquillement assis sur une table. Il plisse les yeux en me voyant hésiter sur le seuil.

— Qu'est-ce que tu veux, le raté ?

Je ne lui réponds pas à sa salutation (si s'en est une). En réalité, je fais même comme si je ne le voyais pas et entre avec assurance dans la pièce. Du moins, j'espère que ma démarche ressemble à de l'assurance. Cette scène a un petit air de déjà vu par rapport au jour où nous avions été obligés de partager un vestiaire (ce qui a fini, à terme, par entraîner l'incident de l'essaim de guêpes).

La salle comporte plusieurs tables individuelles. Je choisis celle la plus éloignée de celle qui a la malchance d'être occupée par Hector. Je m'assieds en posant mon sac à mes pieds.

Je regarde alors tout autour de moi avec curiosité. La salle de magie est tout simplement magnifique et parfaitement disproportionnée par rapport au nombre d'élèves. Elle a dû être conçue à l'époque où les magiciens étaient beaucoup plus nombreux, suffisamment pour être d'ailleurs les seuls élèves de l'Institut.

Les murs sont recouverts d'une grande fresque représentant des créatures mythiques, comme des licornes ou même un grand dragon aux écailles vertes plutôt réaliste. Sa tête est tournée vers moi et il semble tout prêt à me cracher dessus un jet de flammes. C'est trop cool. On se croirait dans The Witcher.

M. Marlin arrive cinq bonnes minutes après le début officiel du cours. Apparemment, lui aussi à des problèmes de ponctualité. Il nous sourit en nous voyant.

— Ah, Vivien, Hector, vous êtes déjà là. Parfait, nous allons pouvoir commencer.

Le magicien boutonneux redescend de sa table et me désigne de l'index.

— Monsieur ? Que fait-il ici, celui-là ?

Le sourire du proviseur s'élargit. Lorsqu'il ouvre la bouche pour répondre, j'espère de toutes mes forces qu'il ne va pas sortir quelque chose comme : "c'est mon fiston d'amour". Heureusement, il se contente de dire :

— Il se trouve que Vivien est un magicien en plus d'une fée. N'est-ce pas merveilleux ? Vous ne serez plus seul pendant les cours, Hector.

À en croire la tête de ce dernier, il est loin de voir en quoi la situation est merveilleuse et ne trouvait aucun inconvénient à être l'unique élève de seconde.