Chapitre 38

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Après cette mésaventure, je peux enfin profiter de mon séjour qui, comme pour me contrarier, se met alors à passer à toute allure.

J'apprends à tracer à la craie un pentacle en cours de magie et Mrs McLeod me félicite même pour mon dessin. Il paraît que j'ai la main pour cela alors que, de son côté, Hector est incapable de tirer un trait qui ne tremble pas. Bon, je me révèle ensuite incapable d'activer mon pentacle, mais il paraît que c'est un exercice qu'il faut pratiquer plusieurs fois avant d'obtenir un résultat. Et le fait que celui du boutonneux se soit illuminé malgré son tracé hasardeux ne veut rien dire.

Nous gravissons d'autres montagnes. Nous visitons d'autres musées et châteaux qui ne manquent pas dans le coin. Nous apprenons à jouer au rugby. Et puis la semaine se termine.

La plupart de nos correspondants nous accompagnent jusqu'au port où nous devons reprendre le bateau. Non loin devant, Morgane discute avec animation avec sa correspondante blonde. Elles parlent toutes les deux à toute allure, alternant entre le français et l'anglais sans suivre aucune logique, car les fées écossaises sont bien sûr aussi douées pour les langues vivantes que nous. Moira, elle, ne maîtrise pas très bien le français. Elle sait dire quelques phrases à peine compréhensibles avec un accent épouvantable. Après tout, être une magicienne fait également d'elle une humaine. Quoique les loups ne soient pas nécessairement meilleurs sur ce point, si je me base sur la prestation du mien (c'est-à-dire d'Auguste).

— Il est donc l'heure de nous dire au revoir, me dit ma correspondante, les mains enfoncées dans les poches.

Je me rends compte que je n'ai même pas pu placer mes citations de Gérald de Riv. Tant pis. Une autre fois.

Cette fois-ci, c'est moi qui prends l'initiative de la serrer dans mes bras.

— Merci pour tout.

Auguste, le regard tourné avec appréhension vers le ferry, nous laisse faire nos adieux sans protester. Lui-même a échangé quelques mots assez embarrassés avec sa correspondante. Depuis la fin du sortilège dont ils ont été victimes, ils se montrent gênés l'un envers l'autre, ce que je peux comprendre. Je préfère ne pas songer à ce qu'ils ont fait ensemble. J'imagine que, elle, n'a eu aucun scrupule à se mettre toute nue devant lui.

Une jalousie féroce me tord le ventre. Elle n'est sûrement pas la première mais... mais... le corps de cet alpha est à moi, voilà. Même si... Même si je n'en fait pas grand-chose pour le moment, c'est vrai. Et peut-être qu'Auguste... qu'Auguste est... Je ne sais pas... en manque ?

Moira s'échappe doucement de mes bras, interprétant peut-être mal ma soudaine raideur.

— On se reverra bientôt, Vivien.

Elle continue à prononcer la fin de mon prénom comme "chienne", mais je m'y suis habitué.

— Oui, je sais.

Nos correspondants et correspondantes viendront à leur tour nous rendre visite à Paris dans le premier trimestre de l'année prochaine. D'ici là, j'espère bien avoir progressé en magie pour pouvoir frimer devant elle. On ne sait jamais. Tout est possible, maintenant que je maîtrise le principe de la vibration. Qui sait ce qu'est la prochaine étape ?

Le contrôle des passeports se passe sans problème, malgré mon angoisse. Je ne me fais pas arrêter - fait notable à remarquer - et je monte dans le ferry avant même qu'il ne soit parti.

Auguste s'est accoudé à la rambarde, le visage déjà verdâtre.

— Comment te sens-tu ?

Il tourne les yeux vers moi dans un effort manifeste.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant