Il est onze heures du matin quand j'émerge. Le lit est bien trop froid sans mon fils dedans mais d'un côté, la place gagnée n'est non négligeable. Cette nuit a été courte même si je suis rentrée à heure raisonnable. De toute façon, quand on est maman, on a l'habitude des nuits courtes et mauvaises. Quand je suis rentrée, je me suis démaquillée, changer et j'ai sauté dans mon lit. Je n'ai pas arrêté de culpabiliser sur mon coup d'un soir mais pour finir, je me suis dit que ce genre de choses était devenue banale de nos jours. Il faut que j'arrête de penser à Nicolas, à sa bouche sur mon corps et à son sexe niché dans le mien. C'est aussi simple que ça. Pourtant et ce malgré ma résolution, je n'arrête pas de penser à lui. Je suis assez dégoûtée qu'il ait déjà une copine et de m'être retrouvée dans le rôle d'Arine. C'est dégueulasse pour sa copine et du coup je m'en veux mais... Elle était où cette greluche quand il m'a embrassé sur la piste de danse ?
Mon téléphone qui vibre me tire de mes pensées et je souris en lisant le message de Sophie.
« Je crois que je suis morte de rapports multi-orgasmiques ! »
« Ta gueule veinarde »
« Il a une grosse ! Tu devrais voir ça :-p »
« On n'est plus amies chérie »
« Moi aussi je t'aime, travaille bien »
Hum.... Déjà avant de travailler, je vais aller prendre cette douche tant rêvée puis en grosse pourrie que je suis, je prendrais ma voiture pour aller chercher des viennoiseries. Seulement après je travaillerais.
Indécise sur le choix des viennoiseries à prendre, je me décide de faire le tour de la superette, j'y reviendrais par la suite. Je passe dans les divers rayons, remplissant mon chariot de courses complètement inutiles et caloriques et regarde les cafés froids. Café latte ou noisette ? Noisette, j'adore ! Je prends le petit gobelet et sa paille dans le frigo quand je me fige. Putain de merde, c'est lui ! Qu'est-ce qu'il fout ici ? Je me dépêche de fermer la porte du frigo et pars dans le rayon d'à côté. Je n'avais jamais vu ce mec avant et maintenant que j'ai couché avec voilà que je le croise au magasin du coin ! Bordel de merde, c'est bien ma veine ça ! J'ai le cœur qui bat à tout rompre dans ma poitrine, mes mains deviennent moites. Je me penche légèrement pour voir où est-ce qu'il est et souris quand je ne le vois plus. Comme la voie est libre, je m'en vais reprendre mes viennoiseries sans tarder sur le choix et file à la caisse en emportant seulement mon café et mes croissants. Je sais ce n'est pas cool pour les employés qui doivent se charger de ranger mon chariot et son contenu mais je ne veux pas prendre le risque de le croiser.
Je soupire longuement une fois que je suis bien à l'abri dans ma voiture. Mais quelle débile je fais ! Je ris de moi-même. Punaise ce mec me rend complètement pathétique.
Je plonge ma paille verte dans mon café et mords le croissant en gloussant. Je ne sais pas à quoi je m'attendais en couchant avec en fait. Je crois que ce qui m'a déstabilisé est qu'il soit le premier depuis ma rupture avec Sébastien. Et en plus, il a su très bien s'y prendre parce que moi qui d'habitude est pire qu'un vieux diesel, j'ai jouis rapidement. Je le vois sortir du magasin, avale de travers ma bouchée quand il se dirige vers moi. Non, c'est un hasard parce qu'il ne connait pas ma voiture. Et bien si apparemment puisqu'il s'arrête devant ma portière. Si je démarrais maintenant, ça ne le ferait pas du tout alors je tourne la manivelle qui baisse la vitre et affiche mon plus beau faux sourire. Nicolas s'appuie sur le rebord de la portière, les bras croisés. Son parfum emplit directement l'habitacle et je lutte pour ne pas trop le reluquer. Parce que oui, il était beau hier mais ici, en pleine journée, il est encore plus craquant avec ses yeux bleus clair.
- Salut Sarah, sourit-il.
- Euh... Salut.
Bordel en plus de se rappeler de ma tronche, il se souvient de mon prénom.
- Comment vas-tu ?
- Bah ça va et toi ?
- Je me demandais si nous pouvons parler...
Il veut me parler de quoi celui-là ? De la soirée d'hier ? Hors de question ! Ce n'est qu'un coup d'un soir et en plus il a une copine.
- Enfin comme tu as l'air hésitante, voici mon numéro. Contacte-moi, on est presque voisin tu sais ?
- Ah bon ? dis-je en prenant le papier qu'il me tend.
- Oui. Enfin... Appelle-moi.
Il part en se passant une main dans les cheveux et je cale bêtement en le regardant monter du côté passager d'une voiture familiale. Quand il part, je relâche le souffle que je n'avais pas conscience de retenir. Bordel mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je lis son morceau de papier. Il a une jolie écriture et je me prends à sourire comme une idiote. Non mais oh Sarah arrête ! Je chiffonne ce bout de papier et le fout dans ma portière, je le jetterais en rentrant.
Cela fait trois heures que je n'ai pas quitté ma correction. Mes yeux piquent, brûlent. J'enlève mes lunettes et frotte mes yeux en baillant. Ce manuscrit est bientôt terminé et c'est tant mieux. Le pire est que l'histoire ne m'emballe pas vraiment. D'un côté c'est mieux parce qu'il m'est déjà arrivé de zapper de corriger les fautes tant j'étais prise dans l'histoire. Ici c'est différent. Les romans policiers ne sont pas du tout mon truc.
Je descends dans la cuisine, mets une capsule de café dans le senseo et m'allume une clope sous la hotte. Il faut absolument que je me barre d'ici. Ne vous m'éprenez pas, j'adore mes parents et Timéo les aime aussi mais j'ai besoin de me sentir chez moi, de fumer une cigarette dans le salon si ça me chante, de me balader comme aujourd'hui à pieds nus sans avoir ma mère derrière mon cul pour me dire de mettre mes pantoufles « parce que tu comprends on refroidit par les pieds ». Etre chez moi quoi. Je dépose ma tasse quand mon portable sonne.
- Salut Sarah.
- Sébastien, que me vaut l'honneur d'un appel de ta part, dis-je sur un ton sarcastique.
- Je voudrais parler à mon fils, répond-t'-il sèchement.
- Notre fils. Il n'est pas là. Tu peux l'appeler demain soir, vers vingt heures.
- Très bien. Je le prendrais le week-end prochain.
Je frissonne et ferme les yeux mais réponds néanmoins un « okay ». J'ai horreur quand il prend Timéo chez lui. Il pourrit notre fils de cadeaux, lui dit que je suis méchante et c'est un petit garçon bien différent que je récupère le lundi soir. En plus cela fera le deuxième week-end que je passerais sans lui. Sébastien ne cherche pas à parler puisqu'il raccroche directement. Je finis mon café en pensant que c'était bien plus facile avant, quand nous étions encore une famille. Mais après dix années de couple, notre relation n'était plus du tout la même. Il était plus silencieux, moi moins câline et chacun on restait enfermés sur des non-dits. Mais jamais je n'aurais pensé qu'il me foute à la porte même si je savais qu'il allait voir ailleurs. Une fois que votre mec planque son portable, part avec au chiottes et change tous les mots de passe de ses appareils technologiques, posez-vous des questions, c'est un conseil.
« Prête pour une nouvelle soirée ? »
Je soupire et ferme les yeux. Maintenant que j'ai fini mon taf, je me suis calée devant un épisode de Grey's Anatomy. La proposition de Sophie est intéressante mais inenvisageable. Rien qu'à penser à la soirée d'hier soir me donne le tournis.
« Non merci, je bave sur Dereck »
« Dereck aussi est un personnage fictif chérie, ramènes ton petit cul. Je suis devant chez toi dans une heure ».
Ah non ! Je ne veux pas encore sortir ce soir, risquer de croiser le petit jeunot ou pire : m'envoyer en l'air dans un recoin sombre avec un autre étudiant ! Je remonte le plaid sur moi et reprends là où j'avais mis pause. Malheureusement pour moi, mon vagin et mon cerveau ne sont pas sur la même longueur d'onde. Quand ma tête dit non, mon clito hurle oui. Oh et puis merde, on a qu'une seule vie et avant que je ne reprenne la mienne en main, autant en profiter un maximum ! Je coupe la télévision, cours dans ma chambre et fonce sur ma penderie. Une jupe en jeans c'est sexy ? Mouarf, j'en sais rien mais je vais mettre ça et un peu la remonter pour qu'elle m'arrive au-dessus du genou. Ce soir, je veux un homme mûr, pas un papy mais pas un jeune non plus. Et qu'il m'emmène chez lui, pas dans un cagibi.
Après m'être douchée et préparer dans les règles de l'art, je descends rejoindre Sophie qui vient d'arriver.
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I can't love you
Chick-LitJe suis Sarah et j'ai vingt-sept ans. Ma vie de mère célibataire est loin d'être trépidante. Cette soirée? Je ne voulais même pas y aller. Mais quand, assise autour d'une table à m'emmerder, à jalouser ma copine canon, un étudiant -incroya...