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Mes genoux heurtent le sol méchamment. C'est impossible. Le policier se jette sur moi afin de savoir ce que j'ai.

- Madame, ce ne sont pas vos parents.

- Je...

Je n'arrive pas à dire un seul mot. Ma gorge se noue de sanglots, mon cœur s'emballe dans sa cage et je n'arrive plus à respirer.

- Sarah !

La voix de ma mère retentit dans la rue alors que je ne vois plus rien. Je crois que je vais vomir, que je vais mourir tellement j'ai mal.

- C'est ma fille, c'est ma fille.

Le policier laisse ma mère m'attirer contre elle alors que mes sanglots sortent enfin.

- Nicolas...

Un seul mot réussi à s'échapper, suivi de sanglots qui me déchirent la gorge. Les yeux de ma mère sont rougis et je devine alors qu'elle a pleuré. Elle pince ses lèvres et je la repousse, essayant de me relever. Il faut que j'aille voir s'il va bien, il faut que je le serre dans mes bras, que je lui dise que je l'aime mais mes jambes refusent de m'obéir.

- Elle est en état de choc, dit l'agent à ma mère.

Il prend sa radio et parle dedans et je n'entends plus rien. Nicolas. Non pas lui !

- Je vais m'occuper de mon petit-fils, dit ma mère en me relevant.

- Parfait, madame, regardez-moi. Calmez-vous.

Il a l'air désemparé face à moi alors que je n'arrive pas à me calmer. J'essaie de respirer mais ça fait mal, mes côtes m'oppriment, mes pleurs saccadent ma respiration.

- C'est la maison de son petit-ami, souffle doucement ma mère.

L'homme la regarde en pinçant les lèvres et je sanglote de plus belle.

- Il... Il est...

Le policier agenouillé devant moi fronce les sourcils en tentant de deviner mes mots.

Quand il comprend ce que je bafouille, il me prend la main que j'enlève rapidement de la sienne. Je ne veux pas qu'on me touche, je veux juste savoir. Peut-être que la maison était vide ? Peut-être qu'il est chez Dean ou chez Franck ?

Une ambulance, toutes sirènes hurlantes me coupe dans mes espoirs. Une autre suit derrière quand la police écarte les barrières pour les laisser passer. Je m'effondre alors. Deux ambulances... Ca veut dire deux personnes. Anthony et Nicolas.

*****

Pleurer. Encore et encore. Mes joues me brûlent tant mes larmes y coulent. Cela fait deux heures que je suis arrivée dans cet hôpital et je ne sais toujours rien. Le policier a fini par m'amener ici et m'a confiée aux infirmières des urgences. Elles m'ont donné un anxiolytique mais mis à part calmer mes tremblements, ça n'a pas l'air d'agir. J'ai la trouille. La peur au ventre de le perdre alors que nous avons encore tant de choses à vivre. Il est jeune, n'a que dix-huit ans. Il ne peut pas mourir, ce n'est pas dans la logique des choses. Je tremble de froid ou de frousse, je ne sais pas quand Sophie entre dans la salle d'attente. Je me lève et fonds en larmes quand elle me prend dans ses bras.

- Je suis désolée ma poulette.

Je ne dis rien, la relâche et vais m'asseoir avant que mes jambes ne flanchent.

- Ta maman m'a demandé de venir auprès de toi, dit-elle doucement.

- Merci...

Je serre sa main dans la mienne.

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant