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Je lisse ma jupe de mes deux mains, espérant qu'elle ne garde pas trop les plis causés par la soirée que je viens de vivre. Je prends une longue inspiration et pousse la porte de chez mes parents. Je sais très bien que ma mère va me cuisiner pendant cinquante ans et ça me stresse quand même l'air de rien. Parce que dire par téléphone que je déloge est déjà une chose mais l'assumer pleinement en est une autre.
Comme je m'en doutais, ma mère est assise dans le canapé et dès qu'elle me voit, un sourire illumine ses traits.
Ses yeux verts me sondent automatiquement alors qu'elle tapote la place à côté de la sienne.

- Et Tim ? demandé-je.

Je compte sur lui pour abréger mes souffrances.

- Oh, sourit-elle, ton père l'a emmené au parc.

Et merde.

Je m'installe à ses côtés en soupirant. Ma mère se retourne vers moi, ramenant son pied sous sa fesse, avide d'infos croustillantes. Pire que Sophie...

- Alors ?

- Quoi alors ? feinté-je.

- Sarah !

Elle glousse sous mon regard noir avant d'essayer de reprendre son sérieux.

- Je veux tout savoir de ce Nicolas.

Elle dit cela en papillonnant des cils et je pouffe de rire. Bordel! Elle ne va pas me lâcher d'une semelle, je le sens!

- Il n'y a absolument rien que tu dois savoir.

- C'est sérieux ?

Je roule des yeux, hoche néanmoins la tête.

- Oui, on peut dire ça mais c'est vraiment récent maman.

- Il sait pour le p'tit?

- Mais oui il sait...

Ma mère presse ma main dans la sienne et je lui souris.

- S'il accepte Timéo, c'est déjà une bonne chose.

J'acquiesce, la gorge nouée. Bien sûr que c'est génial qu'il accepte mon fils mais... Je ne me réjouis pas que ma mère apprenne qu'il n'a que dix-huit ans.

- Bon, dis-je en me levant, je vais faire un coup de ménage et toi, essayes de te reposer okay ?

- Ca marche, dit-elle en opinant du chef.

*******

La journée est passée à toute vitesse. Il faut dire que j'ai nettoyé toute la cuisine, même l'intérieur des placards y est passé. Ensuite, je me suis occupée des autres pièces, du linge de toute la famille. Tout ceci pour essayer de déstresser un max. Parce que je veux y arriver, je veux pouvoir prouver à Nicolas que ce n'est pas lui la cause de ma gêne mais bien moi. C'est moi le souci, pas lui. Lui n'a rien à se reprocher loin de là. Alors quand il est dix-neuf heures et que je reçois son texto qui me demande de -je cite - « me rappliquer », j'obtempère.

- Maman ? Je pars pour la nuit.

Elle regarde avec étonnement Timéo que je tiens par la main. Lui par contre sautille sur place, impatient et surexcité à l'idée de revoir son copain de jeux vidéo.

- Tu vas avec le p'tit ?

- Oui, soupiré-je. Ecoute, ils se sont déjà vus et tout s'est bien passé alors euh...

Et là, je crois que j'en ai trop dit quand je vois qu'elle écarquille les yeux.

- Ne me dis pas que c'est LE Nicolas Paige ?

On y est ! Je souffle un grand coup en fermant les yeux.

- Chéri, dis-je en me retournant vers mon fils, tu peux aller jouer deux minutes ? On va chez Nico après.

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant