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Je ne crois pas être le genre de nana à rêver du prince charmant ; mais faut bien avouer que ceux des romans que je lis actuellement me donne terriblement envie d'en avoir un rien que pour moi.

Sauf que petit un, ma vie n'est pas un roman. Petit deux, je vis chez mes parents à vingt-sept ans et petit trois et pas le moindre, je suis maman. En gros, je suis tout ce que les hommes fuient comme la peste. Sans compter que je ne suis pas un canon de beauté, loin de là. Enfin, je ne suis pas moche hein mais il y a beaucoup plus belle que moi.

- Sarah, le diner est prêt !

- J'arrive 'man !

Je me lève de mon bureau, range les feuilles dans le dossier sur lequel je bosse actuellement et enlève mes lunettes. Je suis crevée pout le moment, Emeric, mon patron ne cesse de me rajouter du boulot. Mais je ne peux pas le blâmer car au départ c'est moi qui lui ai demandé. Je voulais me changer les idées, ne plus penser à Sébastien. Quand ce dernier m'a foutu à la porte de notre loft avec Timéo, notre fils, j'ai cru que je ne pourrais jamais sortir la tête de l'eau. Bon, ce n'est pas encore parfait puisque je vis chez mes parents telle une adolescente mais mon moral est de nouveau présent et c'est tant mieux ! Et puis, cela fait six mois maintenant. Comment cela s'est passé ? C'est simple.

Je rentrais chez moi avec Timéo. J'étais éreintée par ma journée de boulot, je venais de récupérer le petit de chez la gardienne et je n'avais qu'une hâte : Rentrer, manger, donner le bain au p'tit, me laver et me foutre au lit. La porte était verrouillée et ma clé semblait déconner puisqu'elle refusait de rentrer dans la serrure. Je me revois encore jurer devant la porte quand celle-ci s'est ouverte sur Arine, une soi-disant amie. J'ai d'abord arqué un sourcil me demandant ce qu'elle foutait à poil chez moi. Par contre quand ce connard de Sébastien est arrivé vêtu d'un drap enroulé autour de sa taille, j'ai vu rouge. Je ne me rappelle plus qui d'Arine ou de Sébastien s'est mangé la première gifle mais je me souviens très clairement d'avoir dû ramasser mes sacs de linges et ceux de Timéo. En gros, ce « super » papa nous foutait à la porte sans aucune gêne.

Je sais, je sais. J'aurais dû appeler les flics parce qu'il n'en avait pas le droit sauf que... Ben quand ce genre de truc te tombe dessus, tu ne penses pas à ça et tu agis comme un robot.

C'est donc comme ça que ma vie trépidante de mère célibataire débordée de boulot a débutée.

*****

Je suis à peine en bas de l'escalier que mon fils me saute dessus. Je le soulève, le serre contre moi. Il a déjà six ans mon chat et même si cette situation n'est pas simple pour lui, il ne rouspète jamais.

- Alors mon cœur, comment c'était aujourd'hui à l'école ?

- Ca va, répond-t'-il en haussant ses frêles épaules.

Je l'embrasse sur la joue avant de le redéposer. Il se fait déjà lourd à son âge

. Je le suis à travers les pièces de la maison, enjambant ses jeux qui traînent et entre dans la cuisine. Mes parents sont déjà attablés, ma mère sert les assiettes. Timéo s'assied en pestant de voir les brocolis tant qu'à moi, je lui fais les gros yeux.

- T'as intérêt à manger ces trucs Timéo, lui dis-je faussement fâchée.

- Mais c'est dégueu !

- Oh non mon poussin, reprend ma mère, c'est plein de vitamines.

Je prends l'assiette que ma mère me tend et souris à mon père qui d'une main tremblante, tente de piquer ses légumes.

- Ce week-end à la mer va être génial, dit maman pour combler le silence.

Je déglutis parce que cela fait un mois qu'on prévoit ce truc mais que je ne pourrais pas être là.

- Je suis désolée mais je ne pourrais pas venir.

- Comment ça ? Sarah tu avais promis ! s'énerve mon père.

- Je sais que j'avais promis papa ! Mais je ne m'en sors pas avec mon travail. Mes dossiers s'entassent et tu sais bien que les corrections prennent du temps. Sauf que je ne peux plus traîner. Les auteurs attendent leur manuscrit et ils ne peuvent pas repousser les dates de sorties.

Je me sens hyper nulle de leur faire ça et je le suis, j'en ai conscience mais ce boulot est tout ce qu'il me reste vraiment pour m'aider à me reloger hors de cette maison familiale.

- On peut quand même y aller ? demande mon fils.

- Mais oui chéri. Vous y allez et moi je vais finir le manuscrit sur lequel je travaille. Ca marche ?

Timéo hoche la tête et mange un morceau de pomme de terre. Je sais bien que mes parents sont déçus mais à mon âge, il faut que je fasse des choix. Celui de ma carrière en est un.

****

La journée du vendredi est toujours la plus cool de la semaine. Je pense que c'est bêtement parce que les gens savent que le lendemain c'est le week-end, qu'ils vont pouvoir faire la grasse mat' sans s'emmerder à se grouiller dès le matin. Surtout que là où je travaille, les trois quarts de mes collègues n'ont pas de gosse. C'est quand même dingue puisque nous avons tous plus ou moins le même âge mais pour le coup, j'ai cette sensation d'être la doyenne du truc.

- Tu devrais vraiment venir ce soir.

Je regarde Sophie par-dessus mes lunettes.

- Je ne peux vraiment pas. Mon fils part ce soir avec mes parents et après je dois avancer dans ma correction.

Elle soupire tandis que les autres continuent de bavarder.

- Tu n'es pas une collègue marrante. Tu en as conscience j'espère ?

Je lui balance une frite à la figure et elle pouffe de rire.

- Ouep, je sais mais je ne tiens pas à me faire virer.

Sophie replace quelque unes de ses mèches blondes derrière ses oreilles et papillonne des cils.

- N'empêche que si tu sortais avec nous, tu te dégoterais un coup d'un soir.

- Mais je ne veux pas de ça, ris-je. Je veux un homme riche, séduisant qui n'ait d'yeux que pour moi. Et durant le reste de sa vie bien sûr.

J'exagère le tableau bien évidemment mais en gros, ça donne quand même ce schéma. Sophie se penche sur la table, prend ma main dans la sienne et cet air désolé qui me fait glousser.

- Je suis navrée de te l'apprendre ma biche mais... Monsieur Grey n'existe pas.

- Tu déconnes ?

- Et non, dit-elle en secouant la tête, c'est un personnage fictif.

- Et ben merde alors ! Moi qui était prête à l'attendre à poil, saucissonnée de corde dans sa chambre rouge... Je suis déçue.

Je feins de pleurer et Sophie de me consoler.

Cette fille est la nana la plus gentille que je connaisse. Dès mon arrivée dans la boite, nous avons sympathisé. Nous avons le même âge à deux mois près, et nous sommes toujours sur la même longueur d'onde.

- Bon bah tu as gagné ma poulette, finis-je par dire, comme Mister Grey n'existe pas je viens. Je conduis les miens à la gare ce soir, je rentre mettre en valeur ma beauté de déesse et ensuite on sort boire un verre.

Sophie tape dans ses mains telle une écolière et je ris avec elle. Et puis merde, moi aussi j'ai le droit de
m'amuser de temps en temps.

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I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant