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Je rentre chez moi, déçue de cette fin de soirée. J'aurais bien voulu discuter avec lui, lui expliquer qu'il fallait me laisser du temps avant de pouvoir assumer le fait d'être vu ensemble. Je m'en veux quand même parce que si je n'étais pas aussi coincée, si j'étais un peu plus comme Sophie, j'assumerais pleinement cette relation et je m'en taperais de l'avis des autres. Sauf que ce n'est pas le cas. Nous vivons dans une société où le regard d'autrui est très important. Les gens ont la critique facile que ce soit sur n'importe quel sujet. Si vous avez des boutons, on se moquera de vous. Si vous avez les dents de traviol, pareil. si vous êtes obèse, on en déduira automatiquement que ces kilos sont dû à votre appétit d'ogre. Si vous êtes svelte, on s'imaginera que vous vous faites vomir dans les chiottes dès la fin de votre barre protéinée. Si vous êtes une femme et que vous avez une bonne place, on dira que vous aviez sûrement écarté les cuisses devant votre patron. Si vous sortez avec un homme beaucoup plus âgé que vous, on dira que vous attendez impatiemment la mort de celui-ci pour empocher le pactole de sa pension. Si vous êtes avec un jeune, on dira de vous que vous êtes une cougar avide de toyboy. Mais et les mecs là-dedans ?

Rien. On ne trouve jamais rien à redire sur leurs défauts ou autre. Et dès qu'une personne ose critiquer un homme, il y a toujours quelqu'un pour le défendre en disant qu'une femme est derrière ce désastre.Si un homme a sa chemise mal repassée, on dira que c'est sa femme qui devrait avoir honte. Si un mec attrape un ventre digne d'un buveur de bière, on dira encore que c'est sa femme ou sa mère la fautive.Si un mec a une super promotion par contre, on ne dira jamais qu'il a couru la queue à l'air dans le bureau de sa patronne. Et quand bien même l'homme serait moche, là encore il aurait un truc sympa derrière : bah il est intelligent ou super sympa. 

Tandis que nous les femmes devons être au top vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On n'a pas le droit à l'erreur. Une étiquette de plus? Très peu pour moi ! Je me coltine déjà celle de la mère célibataire débordée.

Je soupire longuement et regarde mon fils dormir dans le lit à côté de moi. Ses cheveux bruns lui collent au front tant il a chaud et je repousse quelques boucles avant de l'embrasser.

Je prends mon portable, hésite à appeler Nicolas. Il ne veut pas parler aujourd'hui. Sauf que j'en ai terriblement envie.

« On peut discuter ? »

Comme il ne répond pas, je souffle et pose le téléphone sur la table de chevet avant de fermer les yeux. Demain, ce sont les vacances. Il était plus que temps parce que je suis plus que crevée par ces derniers mois passés.

- Maman ?

Je me réveille avec la voix doucerette de mon fils dans les oreilles. Ses petites mains chaudes caressent mon front et ma joue d'un geste tendre.

- Hey... Tu as bien dormi ?

- Oui, dis mamam ? je peux aller jouer à la console chez Nico ?

Je fronce les sourcils en me recouvrant un peu plus des draps.

- Je ne sais pas, soufflé-je, on demandera à Nicolas ce qu'il fait aujourd'hui.

Timéo hoche la tête avant de se lever du lit. Quand je regarde sur mon téléphone, j'ai deux messages de Nicolas. Mon cœur bat à tout rompre quand je les ouvre.

« Non pas aujourd'hui ».

Et quelques minutes plus tard il en a envoyé un autre.

« Tu veux que je te dise Sarah, je n'ai pas aimé voir la gêne sur ton visage quand tu marchais à mes côtés. Je n'ai pas aimé me sentir indésirable, ni être pris pour quelque chose d'honteux qu'on doit absolument cacher. Jamais de ma vie je n'avais été aussi blessé par le comportement d'une fille. Dans cette relation, je serais perdant. Alors je me rétracte. Je ne veux plus être ce mec honteux que tu planques dans un coin, je veux une relation, une vraie. Et si tu n'es pas prête d'assumer ça avec moi, tant pis, ce sera avec une autre. Réfléchis à ce que tu veux ou non... Je veux savoir mercredi »

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant