- Alors avec ce bébé, que s'est-il passé ? me demande Sophie avant de croquer dans son sandwich.
- Rien de spécial en fait, soupiré-je. Je l'ai ramené chez moi, on a commencé à faire la chose. Et puis, il m'a regardé avec un je ne sais quoi » dans les yeux qui m'a fait prendre de conscience de ma connerie.
Nous nous appuyons contre le mur face aux portes de l'école et croisons les bras.
- Ben, ce n'est pas une connerie Sarah.
Sophie range son en cas dans son sac et regarde les papas qui défilent devant nous.- Il a dix-huit ans, répété-je, alors si c'en est une.
Nous nous taisons quand un couple passe trop près de nous et je reprends :
- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je crois que ce sont ses mots employés, ses regards...
- Surtout qu'avant, tu étais avec le roi des nazes à p'tite bite. Tu dois sûrement faire un complexe de quelque chose. Genre tu recherches l'aventure, le renouveau, le frisson de te faire prendre par un homme qui en a une grosse.
Je lui file un coup de coude quand une femme âgée nous fait les gros yeux et retiens mon rire.
- Mais je veux un vieux moi, gloussé-je. Pas un minet aux cheveux gominés.
- Si tu veux, pouffe Sophie, on peut aller voir mon grand-père. La maison de retraite est pleine de super vieux sans dent. Imagine la sensation d'aspiration quand ils vont dire coucou à ta foufoune.
Nous éclatons de rire en grimaçant alors que Timéo sort du bâtiment, rangé à côté d'un ami à lui. Je lui fais un coucou pour qu'il me repère et il répond par un grand sourire. Evidemment, ce traitre de fils fonce d'abord vers Sophie pour l'embrasser. Les mecs sont décidemment tous pareils. Même à six ans.
- Hey salut beau gosse, ça va ?
- Cha'va Chochi, répond-t'-il.
- Enlèves la sucette de ta bouche Tim, dis-je en me penchant pour l'embrasser.
Il coopère et me tire la langue. Je ris quand je vois celle-ci bleue.
- C'est trop cool hein 'man ?
- Oui, c'est classe les dents bleues.
Sophie lui ébouriffe les cheveux et mon fils rit en lui prenant la main.
- Qu'est-ce que tu as fait de beau à l'école mon mari ?
Je souris en entendant Sophie s'adresser à Timéo. Ensemble, ils ont une complicité de dingue qui fait vraiment plaisir à voir.
- Rien, dit-il en haussant les épaules.
Nous rions toutes les deux parce que c'est sa réponse habituelle. Comme s'il restait là pendant des heures à rien foutre.
*****Je suis couchée dans mon lit depuis une bonne heure déjà mais je n'arrive pas à dormir. Timéo ronfle sur son coussin et je souris en le regardant. Son père lui a téléphoné ce soir parce qu'il ne l'a pas fait la veille et j'ai dû calmer une grosse crise de larmes. C'est si difficile d'expliquer à un môme la séparation de ses parents. Surtout que dans notre cas, Timéo était là au pire moment. Il les a vu à poils tous les deux, a assisté à ma perte de contrôle et m'a même aidé à porter mon sac quand ils se sont retrouvés sur le palier.
Il pleurait se demandant pourquoi il ne pouvait pas dormir tous les jours dans son lit, dans sa chambre Avengers ? Je lui ai donc promis, comme depuis ces six derniers mois qu'on aurait bientôt notre chez nous, qu'il pourra choisir la tapisserie qu'il souhaite et que c'était quand même cool d'avoir deux chambres. Mais rien y a fait, il a fini par s'endormir épuisé d'avoir pleuré.
Ca me brise de le savoir triste comme ça à chaque fois que Sébastien lui téléphone. Puis, je me sens coupable de ne pas avoir encore assez mis de côté pour me louer quelque chose. Je soupire longuement, prends mon ordinateur et le pose sur mes genoux.
Je me connecte à Facebook. Evidemment, personne n'est connecté à chaque fois que je le suis. Ils doivent avoir un détecteur anti -Sarah, j'en suis certaine. J'envoie quand même un message à Sophie.
« La bombasse ! T'es là ? »
Je fais défiler le fil d'actualité afin d'y voir la vie trépidante des gens. Je ne comprendrais jamais ce besoin d'étaler leur vie qu'ont toutes ces personnes. C'est affligeant. Ca va du : « Oh ma fille a fait son premier pipi sur le pot ! » avec la photo du dit-pipi comme preuve.
Mais qu'est-ce qu'on s'en tape sérieux ! Mais vu que je suis sympa, j'écris un petit « bravo » pour suivre la masse tel un mouton.Il y a aussi les gens qui croient que ce réseau social est un lieu de règlement de comptes :
« Putain Anthony me fait chier avec sa musique à fond »Bon j'avoue que ça passe le temps de lire la dispute:
« . Je t'emmerde vieille conne.
. Je vais appeler les flic bâtard.
. Mais va te faire mettre !!!!!
. Quel con ! Il a mis encore plus fort ! »
Il y aussi ceux qui s'agressent sur les différentes pages et là, vous en avez pour des heures à lire les commentaires de personnes qui se sentent obligées de donner leur opinion à chaque article.
Je clique sur le message de Sophie qui vient d'arriver et fronce les sourcils quand j'y lis un « Surprise ! » Je clique ensuite sur le lien qu'elle m'a envoyé et m'étouffe presque avec ma salive. Bordel de merde. C'est une photo publiée par la page de la discothèque où moi et Nicolas sommes en train de danser. Par contre, le p'tit con s'est identifié dans la photo : Nicolas Paige.
Si j'étais optimiste, positive ou que sais-je encore, je me dirais qu'il n'est gêné d'être affiché avec moi. C'est tout de même un bon point pour lui. Mais comme je suis hyper pessimiste et négative, mon cerveau panique. TOUT LE MONDE, et je veux dire par là, la communauté Facebookienne entière va me voir en train de frotter mon cul contre la bite d'un jeune. Oh mon dieu.
« Pas mal ton mbb^^ »
« Mbb ? »
« Monsieur beau bébé ».
Je ne peux pas m'empêcher de rire et lui envoie un smiley qui tire la langue. Connasse va. Mais elle a raison, il est vraiment canon et j'adore cette photo. On le voit me tenir contre lui, ses mains posées sur mon ventre. Son visage est niché dans mon cou et rien qu'à imaginer sa bouche sur ma peau, j'en frissonne.
Je regarde Timéo dormir et clique sur son nom. Nicolas Paige. Son profil apparait sous mes yeux et j'en ai le souffle coupé. Il est vraiment mais vraiment superbe. Ses yeux bleus semblent translucides, son sourire dévoile une dentition nickel et ses cheveux en batailles...Hum.
La case « Ajouter » ne m'a jamais autant fait de l'œil mais je décide de couper court à cette bêtise que je regretterais demain matin. C'est vrai, il ne comprendrait rien puisque je le veux, je le fiche dehors et que je l'en désire encore plus. Je m'en veux quand même un peu de l'avoir jeté comme une vieille chaussette mais... Mais même si je suis irrésistiblement attirée par lui, je ne peux pas être avec lui. C'est en dehors des normes. Une femme avec un homme de plus de dix piges ça ne choque pas mais le contraire oui. Je n'ai pas envie qu'on me surnomme « cougar » ou d'entendre le vieil adage bien pourri qui dit qu'on fait les meilleures soupes dans les vieilles marmites. Alors je réfrènerais mon désir pour ce garçon et je vais tenter d'oublier toute cette situation de merde malgré mon vagin palpitant à la vue de son torse. En bonne grosse perverse, je télécharge la photo où il fait le beau au bord d'une piscine. C'est mal je sais, c'est carrément glauque aussi. Mais ce sera mon secret. De toute façon, personne n'utilise mon pc et du coup, cette image volée est bien cachée.
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I can't love you
ChickLitJe suis Sarah et j'ai vingt-sept ans. Ma vie de mère célibataire est loin d'être trépidante. Cette soirée? Je ne voulais même pas y aller. Mais quand, assise autour d'une table à m'emmerder, à jalouser ma copine canon, un étudiant -incroya...