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Nicolas.
Cela fait plus de deux heures que je suis penché sur ma valise entrouverte. Dans trois semaines, je pars pour l'université. Je sais qu'il est tôt pour commencer à emballer mes affaires mais je sais que si elles sont prêtes, j'angoisserais moins. J'ai hâte d'y être, hâte de découvrir ce nouvel univers qui m'attend même si l'idée de moins voir Sarah me saccage. Je sais qu'elle va terriblement me manquer et que les débuts seront assez difficiles mais je ne peux pas abandonner mes projets de carrière pour mon couple. Puis, elle ne me laisserait pas faire. Pourtant, j'ai conscience qu'elle est inquiète. Je ne sais pas vraiment comment je peux la rassurer mis à part lui promettre que je ne la tromperais pas. Je ne veux pas qu'elle croit que je suis comme son trou d'cul d'ex. Je l'aime moi, et je ne veux pas la faire souffrir. 

Trois coups à la porte me font sursauter.

- Tu fais déjà ton sac?

Mon père entre dans ma chambre et s'installe sur mon lit.

- Ouai, soupiré-je, enfin je mets ce dont je n'aurais pas de suite besoin.

Un silence s'installe entre nous, comme souvent pour le moment. Pas qu'on ne s'aime pas, seulement que je suis mal à l'aise de le laisser seul à gérer nos merdes.

- Je ne veux pas que tu te tracasses pour moi fils.

- Je ne me tracasse pas, je mens.

Comment pourrais-je ne pas m'inquièter alors que les factures ne cessent de s'amonceler sur le meuble du salon? Depuis que je n'ai plus mon job, c'est encore pire et je culpabilise vraiment.

Les larmes jaillissent malgré moi.

- Je suis désolé 'pa, dis-je en me retournant.

Il soupire longuement, profondément, signe de son désespoir. Si elle n'était pas partie, tout serait différent, elle pourrait nous soutenir, nous aider à remplir nos comptes. Sauf que ma mère n'est plus là. Elle n'a jamais voulu travailler, préférait dépenser ce qu'il rentrait. Quand nous avons reçu les premières lettres des huissers, elle n'a émit qu'un bref haussement d'épaules, s'en foutant royalement des problèmes que nous encourions. Aujourd'hui, elle n'est plus avec nous. Elle vit sa vie de femme d'avocat bien trop occupée à claquer du fric pour penser à nos malheurs. Je l'aimais et j'ai appris à la détester. Je l'adorais et maintenant je la hais.

- Nico... Sérieusement...

Je plisse des yeux afin de chasser mes dernières larmes.

- Quoi sérieusement? M'énervé-je.

- Je vais trouver une solution! Crie-t'-il en se levant.

- Comment? Dis-moi papa? On est dans la merde!On n'a plus rien! Plus de fric! Que dalle! 

Je descends rageusement les marches, mon père sur les talons. Il hurle mais je n'écoute même plus ce qu'il dit. Faut que je lui fasse une piqure de rappel? Très bien! Je prends la pile de courriers sur le buffet, la balance sur la table de la salle à manger.

- Electricité! Eau! Assurance! Et...
Je fronce les sourcils en dépliant une feuille que je n'avais jamais vue.

- Tu te fous de ma gueule hein?

- Je suis désolé...

Mon coeur s'emballe dans ma poitrine alors que les mots écrits sous mes yeux deviennent flous.

- Tu allais me le dire quand?

Nos regards ne se lâchent plus et ce que j'y lis dans celui de mon père ne me plait pas.

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant