Je relis la lettre une dizaine de fois au moins. Enfin je suppose, j'ai arrêté de faire le compte. Je ne vois même plus clair tellement je pleure. Sa lettre est... Tellement bouleversante. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Mon Nicolas veut mourir. A vingt ans il veut mourir. C'est affreux. Je ne sais plus trop quoi dire qui pourrait l'aider maintenant. Il a perdu ses parents de manière horrible, pour les deux. Comment ne pas être traumatisé en vivant de telles choses?
Cette lettre m'apporte tant. Tant de réponses, tant d'éléments manquants... Mais elle me met en colère d'une certaine façon. Je suis abasourdie que sa mère ait agi comme ça avec lui. Elle m'écoeure. Comment peut-on faire ça à son propre fils? En tant que maman, cela me révolte! Cette lettre me laisse sur un sentiment de peur aussi. Je ne comprends pas trop le sens de ces derniers mots? Il ne veut plus vivre? Il ne veut plus qu'on essaye? Il ne veut plus de moi? Il ne va quand même pas tenter de suicider?
Je me rends compte alors que si, il en est capable. Nicolas n'est pas seul comme c'est la nuit et que Franck a promis de dormir dans le canapé mais j'ai la trouille qu'il s'enferme dans sa chambre et qu'il fasse une connerie avec ces morceaux de verre qui trainent partout. Prise de panique, je bondis de mon lit, saute dans mes chaussures et pars.
*****
Franck fronce ses sourcils quand il m'ouvre la porte, étonné de me voir débarquer au plein milieu de la nuit.
- Sarah? Ca ne va pas?
J'ai le coeur au bord des lèvres tellement je suis nerveuse, tellement j'ai peur de ce que je vais découvrir.
- Je vais dormir ici, lâché-je.
Il ricanne en refermant la porte tandis que j'avance déjà vers la chambre de Nicolas. Je m'arrête, me retourne et croise son regard taquin.
- Ca s'est bien passé?
J'ai l'impression que je demande cela cinquante mille fois depuis ce matin.
- Il s'est levé, a été encore malade puis il s'est douché.
Je hoche la tête, appuie sur la poignet de la porte. Je suis quand même soulagée par ce que Franck vient de me dire. Il n'a pas pété un plomb, c'est déjà ça. Je referme la porte derrière moi. La chambre est plongée dans le noir le plus complet et bercée par la respiration lente de Nicolas. Il dort. Je soupire en m'avançant doucement. Les morceaux de verre craquent sous mes semelles, et je respire seulement quand je m'assieds sur le bord du lit. J'enlève mes chaussures. Je lève les yeux au ciel en me rendant seulement compte que je suis partie en pyjama. Heureusement pour moi que la nuit est déjà bien tombée et que je n'ai croisé que très peu de personnes. Je m'allonge lentement sur le côté, face à lui. Je ne peux retenir mes larmes quand je le vois trembler. Je ne pensais pas que ça continuerait même pendant son sommeil. Il me fait mal au coeur et d'un coup, ma colère contre lui se dissipe. Il a tellement souffert que ce que je vis en comparaison à lui m'a l'air bien dérisoire. Pourtant je sais que les souffrances ne se comparent pas mais Nicolas est une âme torturée, il a besoin qu'on l'aime et pas qu'on le rejette encore une fois. L'odeur de son gel douche m'enveloppe telle une caresse réconfortante. Cette odeur qui n'appartient qu'à lui me rassure, m'appaise.
Je caresse doucement sa joue du bout des doigts. Sa barbe pique ma paume quand je la dépose sur son visage. Il est chaud et j'ai envie de me coller à lui pour qu'il me donne un peu de sa chaleur. Parce que moi, depuis que j'ai lu sa lettre, j'ai froid. Il ouvre ses yeux, me fixe sans rien dire alors que j'arrête de bouger ma main. Si je pouvais, je m'applaudirais tellement je me sens conne de l'avoir réveillé.

VOUS LISEZ
I can't love you
ChickLitJe suis Sarah et j'ai vingt-sept ans. Ma vie de mère célibataire est loin d'être trépidante. Cette soirée? Je ne voulais même pas y aller. Mais quand, assise autour d'une table à m'emmerder, à jalouser ma copine canon, un étudiant -incroya...