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Nicolas.

Je ne sais pas ce que je fout ici. Je ne me sens pas à ma place, pas avec elle. Elle si gentille, si belle... Et moi? Je ne suis qu'un putain d'assassin. Si je n'avais pas hurlé sur mon père, si je ne l'avais pas mis devant la merde qui nous attendait impatiemment, il serait toujours là, avec moi. Maintenant je suis seul, dans un lit qui n'est pas le mien, dans un appart qui n'est pas à moi non plus. Rien. Il ne me reste plus rien.

- Tiens, dit Sarah en entrant, tu devrais manger un peu.

Je la regarde déposer un plateau sur la table de nuit avant de s'en aller. Elle a maigri, à cause de moi je le sais mais je n'arrive pas à lui parler. Je voudrais tant lui dire de me laisser, de me foutre dehors ou un truc dans le genre. Elle devrait avoir un mec, un vrai. Pas un blaireau comme moi. Rien qu'en l'imaginant avec un autre, mon coeur se serre. Je n'suis qu'un putain d'égoïste parce que je voudrais qu'elle soit rien qu'à moi, même si je suis le mec le plus pitoyable de la terre.

Mais même si elle mérite un autre type, je voudrais aussi lui dire que je l'aime comme un dingue, que rien n'a changé dans ce que je ressens mais les mots sont coincés au fin fond de mon âme. Je ne la mérite pas. Elle est trop bien pour moi. J'ouvre un oeil quand la porte s'ouvre. Timéo me regarde en restant près de la porte et je tapote le matelas à côté de moi. Il ne se fait pas prier et saute sur le lit en riant.

- Ca va Nico?

- Et toi?

- Oui. Je m'ennuie un peu.

- T'as pas de jeux trop cools? Lui demandé-je.

Le nain secoue la tête et je souris.

- C'est nul ça.

Je prends mon portable, un nouveau que les mecs m'ont acheté et le tends à Timéo.

- Tiens j'ai des jeux là-dessus.

Le nain écarquille les yeux comme si je lui donnais un trophée en or.

- Je peux jouer avec ton téléphone?

Je hoche doucement la tête et plisse les yeux quand il me fait un baiser baveux sur la joue.  C'est dégeulasse. Il se penche au-dessus de mon dos et je devine que c'est pour admirer ma brûlure, comme chaque jour depuis que je suis ici. Il n'a pas du tout l'air dégouté par celle-ci ce qui m'épate pour un gamin de son âge.

- C'est trop cool ton dos.

- Nan, c'est loin d'être cool. Je suis obligé de rester coucher comme ça pour ne pas avoir mal.

- Au moins tu peux rester coucher dans ton lit, dit-il en haussant les épaules.

Je n'arrive pas à retenir mon sourire. Ce gamin a de la suite dans les idées.

- C'est qui qui t'as fait ça?

Je déglutis, ne sachant vraiment pas comment me sortir de ce merdier. Je ne peux pas lui dire que c'est mon père. Après il va flipper du sien même si c'est un connard profond. 

- Des méchants. Ils m'ennuyaient.

Ses yeux semblent vouloir sortir de leurs orbites.

- T'es un super-héros alors?

- Si tu veux, ouai. 

Le nain se lève du lit en embarquant mon portable et sort rejoindre sa mère.

Je referme les yeux. Quand je suis seul la douleur se fait plus forte. Je la ressens dans son entierté. Je mérite cette souffrance. Tout ça est de ma faute. Je voudrais creuser ma tombe, m'enterrer vivant pour étouffer par manque d'air et non par la douleur qui me bouffe de l'intérieur. Parce que oui, la douleur m'étouffe, elle m'opprime mais je m'oblige à la ressentir. Je veux qu'elle me bouffe les entrailles afin de me rappeler que j'ai tué l'homme qui comptait le plus pour moi.

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant