Je reste clouée à mon siège alors que les passagers descendent de l'avion. Je n'ose pas. Je n'ose pas descendre parce que je sais que je vais le voir. Je le sens. Ça doit être ça le sixième sens des femmes dont on parle tant. J'ai même envie de supplier le pilote pour qu'il me ramène. Il s'arrête juste devant moi et me sourit.
- Mademoiselle vous pouvez descendre je pense.
- Hmm...Hmm... Vous êtes certain de ne pas repartir de suite?
- Non, ri-t'-il en tendant son bras, de manière à me faire comprendre que je dois vraiment y aller.
Je soupire longuement, détache ma ceinture et me lève.
Une fois que j'ai récupéré ma valise, je me précipite dans le petit café du coin où mon père m'attend.Je le repère de suite, installé autour d'une table. Il est occupé à lire les nouvelles et sirote une bière en même temps.
- Hey l'alcoolo, souris-je, c'est comme ça qu'on m'accueuille?
Mon père bondit de sa chaise et nous tombons dans les bras de l'un l'autre.
- Ma petite Sarah, pleure-t'-il, comme tu m'as manquée!
- Tu m'as manqué aussi papa.
Je m'écarte de lui et essuie mes larmes. Il m'avait vraiment manqué.
- Assieds-toi chérie, me dit-il. Tu veux un p'tit remontant? T'es toute pâlotte.
Je m'installe sur la chaise à côté de la sienne, prends sa main.
- Non, pas d'alcool mais je veux bien un bon café par contre.
Il me sourit si sincérement que mon coeur regonfle un peu. Finalement, j'ai bien fait de venir, juste pour voir le sourire de mon père ça aurait été une excellente raison.
Nous discutons alors un peu de tout, de la France surtout et je lui dis quelques mots en français qu'il trouve adorables. Personnellement, je sais que je le parle comme une merde mais j'ai étudié la langue seule sur mon pc et mon boulot m'aide pas mal pour la pratique.
- Et maman? Demandé-je enfin.
Il soupire en croisant ses bras sur la table. L'air navré que je lis sur son visage me fait énormément de peine.
- Elle va mal. Elle refuse presque de me parler Sarah, alors je suis paumé, je ne sais plus quoi faire. Elle ne veut même pas prendre le traitement que le médecin lui a prescrit.
Mon coeur se serre quand je pense à ma mère dans cet état. Cependant, une question me brûle les lèvres.
- C'est de ma faute?
- Sarah...
Oui, c'est de ma faute. Je retiens mes larmes comme j'ai si bien appris à le faire.
- Tu lui manques, Timéo lui manque. Elle vous a vus durant des années pratiquement chaque jour alors comprends que...
- Je comprends, murmuré-je. J'ai demandé à Sébastien de venir vous voir. Je ne sais pas s'il le fera et ne le dis pas à maman pour ne pas lui donner de faux espoirs.
- D'accord ma chérie, sourit-il faiblement. Merci d'être venue.
- Ça fait longtemps que j'aurais dû...
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Je prends un instant pour observer la maison qui se tient devant moi. Ces briques contiennent tous mes souvenirs d'enfance, tous ceux de mon adolescence. Que ce soit de bons comme de mauvais. J'ai toujours grandi ici, avec mes parents. Alors revoir cette maison aujourd'hui me fait pleurer. Je suis chez moi, enfin.
Je me dépêche de suivre mon père à l'intérieur. Je ne viens faire qu'un petit coucou aujourd'hui parce que je suis épuisée par le voyage.
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I can't love you
Literatura KobiecaJe suis Sarah et j'ai vingt-sept ans. Ma vie de mère célibataire est loin d'être trépidante. Cette soirée? Je ne voulais même pas y aller. Mais quand, assise autour d'une table à m'emmerder, à jalouser ma copine canon, un étudiant -incroya...