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Je reste figée sur place, fixant la porte de la chambre qu'il vient de refermer.
Qu'est-ce qu'on a tous les deux? Je ne sais pas pourquoi j'ai eu si peur de le prendre dans mes bras... Ca fait des jours que j'en rêve pourtant. J'ai peur qu'il me rejette. Comme l'autre fois. La dernière fois qu'il m'a pris dans ses bras, c'est quand on est rentré ici. J'avais eu l'espoir que sa tendresse soit revenue mais non, dès que nous avions été seuls, il m'a ignorée. J'ai peur qu'il me rejette sans cesse.
L'interphone qui retentit une deuxième fois me ramène au présent. Je me dépêche d'ouvrir à Sophie qui vient tous les vendredis. Je vais vite essuyer les traces de maquillage que mes larmes ont fait coulé.

- C'est moi, chantonne Sophie quand elle referme la porte.

Sa bonne humeur me fait sourire malgré mon coeur qui pleure encore. Je sors de la salle de bain et esquisse un sourire en la prenant dans mes bras.

- Oula, soupire-t'-elle, tu n'as pas encore l'air en forme.

- Pourtant je vais mieux.

Je mens bien évidemment mais je ne veux pas parler de tout ça. Ça ne sert à rien de ressasser sans cesse les mêmes choses.

- Hmm.. Hmm.

Elle n'est pas dupe, je la connais mais elle me connait aussi pour savoir que je n'ai pas envie qu'elle insiste, pas ce soir. Elle dépose son sac à main sur une chaise et s'en va dans la cuisine. Je la suis et la regarde ouvrir le frigo. Comme à son habitude, Sophie est impeccable. Vêtue de sa petite robe rouge, elle se retourne et me fait un clin d'oeil.  

- Du vin?

- Oh oui, soupiré-je.

Je prends deux verres dans le placard et elle nous sert.

- Il va bien?chuchote-t'-elle.

- Non. Rien n'a changé depuis ce matin tu sais.

Elle soupire longuement alors que je bois une gorgée du vin rosé qu'elle m'a servi.

- Je vais prendre Tim ce week-end.

- Non, ça..

Elle tape du pied comme une petite fille et je glousse face à sa moue réprobatrice.

On dirait une maman prête à enguirlander son ado rebelle.

- Vous en avez besoin bichette. Tu en as besoin. Tu me dis que ça va mais je te connais assez pour savoir que c'est faux.

Je hausse les épaules pour ne pas pleurer. Sophie dépose son verre et prend ma main dans la sienne et nous enlaçons nos doigts.

- Il a besoin d'être seul avec toi Sarah, j'en suis certaine.

- Et si ça ne changeait rien...

Et oui, et s'il refuse quand même de me parler, s'il s'enferme encore plus sur lui-même. Qu'est-ce que je ferais?

- Tu insistes. Ne lui laisses plus le choix. Ne quittes pas la pièce parce qu'il ne te regarde pas ma pouliche. Ce mec souffre. Imagine si tu n'avais plus tes deux parents? Tu serais mal même si nous sommes là.

Je hoche doucement la tête. Après tout pourquoi ne pas tenter? J'ai besoin qu'il me parle. C'est ça surtout. Je ne supporterai plus longtemps qu'il m'ignore.

- D'accord...

*******

Je sors de ma douche et enfile mon pyjama en coton fin. Il fait très gamine mais je n'ai que ça sous la main. Je me démaquille rapidement, fixe mon reflet dans le miroir. Sophie a fini par prendre Timéo et maintenant que je suis seule avec Nicolas, je suis hésitante. J'ai peur d'aller le rejoindre dans le lit. Peur qu'il impose cette distance qui me fait tant souffrir. Je voudrais tant être dans sa tête et savoir tout ce qu'il n'ose pas me dire. Je soupire, attache mes cheveux dans un chignon, me brosse les dents et sors. 

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant