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Hyper nerveuse, je triture mon dossier du bout des doigts.
Je dois déjà avoir bu trois petites bouteilles d'eau tellement j'ai la bouche sèche à m'enerver.  Je voudrais tant prendre mes jambes à mon cou et filer le plus vite possible mais je ne peux pas. L'audience se passe aujourd'hui et je suis hyper stressée. Nicolas a voulu venir m'épauler mais je lui ai demandé de m'attendre chez nous. Je ne pense toujours pas que ce soit une bonne idée de mettre les deux hommes dans la même pièce. Alors il est resté avec Timéo et je suis persuadée qu'ils jouent  tous les deux à la console.

Je ferme les yeux, fais craquer ma nuque. J'ai peur. Vraiment. Et si le juge disait oui à mon ex, s'il lui donnait la garde, qu'est-ce que je ferais? Je ne sais pas. Je n'ai même pas voulu y penser. Il doit absolument l'empêcher de partir en France. Je ne supporterai pas le contraire.
Je replace des méches rebelles qui se sont échappées de ma queue de cheval derrière mes oreilles. J'ai l'impression de transpirer toute la flotte que j'ai bue tant mes mains sont moites.
Ces jours-ci, tout s'enchaine beaucoup trop vite pour moi. L'incendie, Nicolas qui va mal, Nicolas qui va un petit peu mieux, et maintenant le procès. On est mardi seulement. Cela fait seulement quatre jours que Nic me reparle et j'ai l'impression de revivre, vraiment. Au lieu de rester enfermer seul dans la chambre, il vient avec nous dans la pièce à vivre et j'adore ça. J'aime ça parce que j'ai l'impression que nous formons une vraie famille. Sauf que Timéo n'est pas son fils. Mais quand je les vois ensemble, je ne peux pas m'empêcher d'arborer une moue attendrie. Mais l'ombre de ce procès planait au-dessus de moi sans cesse. J'ai tellement peur que mon bonheur s'échappe que je prie aussi souvent que possible. 

- Mademoiselle Mcgrowen.

Je relève subitement la tête face à Alexis, mon avocat. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'avais pas entendu, ni vu venir.

Il a vêtu sa longue toge noire qui met en valeur ses yeux verts. Ça lui va bien, il faut bien l'avouer.

Je lisse nerveusement les pans de ma veste de tailleur avant de lui serrer mollement la main.
Notre relation est devenue bizarre sans que je ne sache vraiment pourquoi. Il ne m'a même pas répondu à mon mail. J'aurais dû changer d'avocat mais le délai entre la convocation et ce jour était trop bref.
- Vous êtes prête?

Je m'installe à côté de lui sur le banc et remonte mes lunettes d'un doigt. Prête? Non. Je ne le serais jamais je pense.

- Et vous?

Il esquisse un sourire en coin qui m'énerve.

- C'est mon métier.

Il ouvre sa sacoche de cuir et en tire un épais dossier où mon nom est griffoné sur le dessus. Je retiens mon souffle, nerveuse.

- Vous ne m'avez jamais répondu, finis-je par dire.

J'ai bien envie d'ajouter que c'est dégoutant de sa part vu le prix que je le paye mais je m'abstiens.

- Dans le message où vous vous énerviez toute seule?

Mes joues doivent être cramoisies, j'en suis certaine. N'empêche, qu'il est culotté de me dire ça. 

- Je n'ai même pas été au courant de l'avancée de la date, grogné-je en croisant mes bras.

- J'ai essayé de vous contacter mais vous n'étiez pas apte à me répondre, répond t'-il platement. Vous aviez pris des vacances?

Je sens mes poings se resserrer face à son ton ironique. Quel beau spécimen de connard sur pattes. J'ai envie de gueuler, de lui dire que l'hôpital est très loin d'être un lieu où je me suis éclatée mais je la ferme. Je ne suis pas dans le bon endroit pour ce genre de scène.

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant