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Nous entrons dans la boite et je suis d'office dans l'ambiance. Il faut dire que les trois verres de rosé sirotés avant de venir m'aident bien à me libérer. Sophie lève ses bras en entrant et se mêle directement à la foule de danseurs. Prise d'audace et de folie, je la rejoins sur la piste et nous nous trémoussons comme deux folles. Je repère deux trois hommes plus âgés, la quarantaine environ et ça me va très bien. Je me sens moins vieille qu'hier tout à coup. Nous dansons, se déhanchons sur un morceau de Justin Timberlake et pour la première fois depuis longtemps, je m'éclate et j'en oublie mes complexes. Je me sens belle, sexy et désinhibée. Je remue mes fesses sans aucune gêne, fière d'avoir le rythme dans la peau. J'ai toujours aimé danser... Mais dans ma chambre quoi. Ou pour faire le pitre avec Thiméo. Je reconnais quand même que ça fait du bien de se lâcher, de ne pas se prendre au sérieux le temps d'une soirée. Quand le morceau se termine, Sophie et moi rions du petit spectacle que nous venons d'offrir à ses jeunes. Ils vont fantasmer en pensant que nous sommes en couple, j'en suis certaine. Tandis que Sophie va s'asseoir, je me dirige vers le bar et nous commande deux rosés. Je scrute la foule, remarque le regard de deux hommes... Sur Sophie. Note à moi-même : avoir des copines moches.

Parce que bien évidemment Sophie est une bombe et que c'est elle dont rêvent les mâles. Pas de moi et de ma sale tronche. Mon moral redescend en berne. J'aurais dû rester chez moi avec docteur Mamour, au moins je ne me sentais pas hyper moche dans mon pilou et mon pull qui gratte. Je prends les deux verres que le serveur me tend, le paye et vais à notre table où Sophie discute déjà avec le sosie de Darryl. Pffff... Je suis dégoutée pour moi. Mais tout de même contente pour mon amie. J'affiche mon sourire de façade habituel et m'installe sur un fauteuil, observant l'échange devant moi.

- Alors tu es éditrice ?

- Oui, c'est cela, sourit-elle en papillonnant des cils.

Bon elle abuse un peu, on n'est pas éditrice hein, juste correctrice pour une maison d'édition, nuance. Elle croise innocemment ses jambes, dévoilant le haut d'une de ses cuisses. Le mbg du jour se mord la lèvre, la reluquant. Faut que je retienne tout ça : Sourire, papillon, mordillage sensuel des lèvres et croisement de jambes digne d'une Sharon Stone.

Et voilà le tour est joué. Il lui boufferait dans la main.

Je souris quand son ami le rejoint, lui aussi pas mal. Ah un entraînement, génial ! Le blond s'installe à mes côtés et je souris quand il me salue. Bordel j'ai une touche ! Ah non, son sourire se crispe et il se tourne vers Sophie. Pourtant j'ai souris, j'ai papillonné des cils merde ! Je serre les poings, faisant semblant de participer à la conversation qui prend place autour de notre table en la ponctuant de « Hum hum », de « Oh ben oui », ou d'un hochement de tête par-ci par-là. C'est là que je le vois faire son entrée : Mon sauveur d'étudiant. Ou pas. Monsieur le jeunot se dirige de suite vers son groupe d'amis et je grince des dents quand je le vois rouler une pelle à une rousse. Ah tiens, ce n'est pas la même que la veille. Je soupire profondément en le regardant avant de croiser les yeux ronds de Sophie. Alors je fais quoi ? Je souris ! Comme une conne évidemment, faudrait pas qu'elle croit que je mate les petits jeunes.

Sophie se lève pour aller danser, tant qu'à moi pour partir. Je n'ai rien à foutre dans ce genre de trucs où je me sens complètement transparente. Ce n'est pas que je suis fâchée sur mon amie, loin de là mais il n'y en a que pour elle et je me sens comme une vieille merde alors au lieu de sombrer dans une déprime, je préfère partir.

- J'y vais So', crie-je par-dessus la musique.

- Déjà ? (Je hoche la tête) okay reposes-toi bien ma puce.

Je l'embrasse, fais un signe de tête poli au deux mbg mais pas moins connards et file vers la sortie. Une fois sur le trottoir, je prends une grande inspiration. De l'air enfin ! On étouffe là-dedans ! Je descends les quelques marches en me concentrant pour ne pas me chasser quand une main se pose sur mon dos nu. Je sursaute, me retournant en même temps.

- Ca va ?

Punaise de merde. Le serial galocheur est là.

- Pourquoi ça n'irait pas ? je lui réponds avec une pointe d'agacement.

- Ben je ne sais pas, dit-il en se fourrageant les cheveux. Tu as l'air triste ou...

- Si je te pose une question, tu promets d'être franc et de ne pas te foutre de ma tronche ?

- Promis, dit-il en levant ses deux doigts.

Oh purée ce mec a dû être scout ou un truc du genre. Devant mon air ahuri, il baisse les doigts, un sourire taquin au coin des lèvres.

- Je suis si moche que ça ?

Il se mord la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire. Je ne sais pas si j'ai envie de pleurer, de creuser un trou et de m'enterrer vivante ou de lui foutre une tarte. Je ramasse le peu d'estime qu'il me restait et m'en vais. Le minet me suit, bien sûr et je retiens mes larmes.

- Non, non. Je suis désolé. Tu n'es pas moche Sarah.

- Tu as rigolé crétin, dis-je en continuant mon chemin.

- Parce que je ne m'attendais pas à cette question, sourit-il. Je croyais que tu allais me demander de remettre le couvert.

- En plus de ça, tu es con ! Mais tu as quel âge ? Tu ne vois pas que je suis trop vieille pour toi ?

Je fais semblant de fouiller dans mon sac. Il y a tellement de trucs là-dedans que ma feinte est plausible.

- J'ai dix-huit ans, se défend-t'-il. Je ne crois pas que tu dépasses la cinquantaine Sarah.

- Et ben si, j'ai soixante piges.

Il rit et m'énerve tellement que je glousse aussi. P'tit con va.

- Non, j'ai vingt-sept ans.

Nicolas s'approche de moi, caresse mon bras me faisant frémir et se penche vers moi.

- Je suppose que tu veux parler des crétins en costar qui dévoraient des yeux ta copine ?

Je rougis, mal à l'aise, néanmoins je hoche la tête.

- Laisse-moi te dire que je te trouve sublime Sarah. C'est eux qui n'ont pas de goût.

- Je... Merci.

Je sens son souffle chaud contre ma joue, je tourne la tête et joins mes lèvres aux siennes. Elles sont douces, sucrées. Sa langue vient rapidement rencontrer la mienne et je l'attire contre moi. Ses mains se posent sur mes hanches, caressent mon dos nu, descendent plus bas, sur mes fesses. Les miennes glissent par-dessous son t-shirt, je caresse son torse musclé du bout des doigts. Oh mon dieu que c'est mal mais... j'ai envie de lui, encore.

- Tu veux...

- Tu es seule chez toi ? susurre-t'-il.

- Oui...

I can't love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant