Sortie Musée

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Les autres élèves sont en groupes et chahutent. Certains sont sérieux et font de leur mieux pour remplir le questionnaire à rendre à la fin. 

M. Sullivan est posté à l'écart devant un tableau géant comme la porte des enfers. 

- C'est déprimant.

- Mais magnifique.

Je panique. Mes doigts s'accrochent à sa manche. Il baisse la tête vers moi surpris puis inquiet à mon expression. À mon corps tout tremblant.

- Tout va bien ?

Je secoue la tête vivement. Les lèvres pincées et les yeux embués je lui désigne la tracée de sang qui coule entre mes jambes.

D'un coup il blêmit en comprenant ce qui m'arrive, ses yeux écarquillés par l'horreur.

Les gens se pressent autour de nous. Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive maintenant et ici ? La classe passe à une autre salle de peintures. J'ai envie de pleurer. Je suis coincée entre la peur d'essuyer l'humiliation totale et celle d'une hémorragie interne. C'est dire combien la panique ne me menait à rien.

- Ok suis-moi, m'intime M. Sullivan.

Je peux à peine marcher correctement, je claudique tout en essayant de garder mes cuisses hermétiquement fermées.

Nous faisons profil bas et je comprends ou est ce qu'il m'emmène. Les toilettes des femmes. Mais la queue est aussi longue qu'un mille-pattes non sans parler des regards haineux de la part de celles-ci envers le sexe opposé.

Nous sommes obligés de rebrousser chemin. M. Sullivan est agité, il ne cesse de me jeter des coups d'œil nerveux. Je suis mortifiée, réprimant avec force mes larmes.

Il ouvre les toilettes des hommes qui se trouvent à l'opposé de celle des femmes. Vide. De la main il m'enjoint à entrer. Ce que je fais à la vitesse de l'éclair. Je me retrouve en face d'une rangée de portes à la gauche, des lavabos sous des miroirs à droite et les urinoirs au fond. Elles sont propres.

Il ouvre la première porte et je m'engouffre dans le carré clos. Nous nous regardons.

- Euh il te faut...quoi déjà ?

- Je...je ne sais pas. C'est la première fois que ça m'arrive, j'avoue honteuse.

Il prend une courte inspiration, l'étonnement se peint dans ses traits. Puis il se ressaisit en se rappelant que quelqu'un puisse nous surprendre à tout moment.

- Bon, décide-t-il, voilà ce qu'on va faire. Tu ne bouges pas de cette cabine. Je te ramène le plus vite possible...le nécessaire. Ok ?

Je hoche la tête.

- Ok...

Il ferme la porte entre nous.

- Le verrou, m'ordonne-t-il et je le tourne. Je reviens vite !

J'entends le son d'une porte qui se referme et le silence absolu s'abat.

J'enfouis mon visage entre mes mains. 

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant