VLADIMIR : Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
ESTRAGON : On attend.
VLADIMIR : Oui, mais en attendant ?En attendant Godot de Samuel Beckett
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Trois heures.
Il a fallu trois heures de course-poursuite pour que Hal soit attrapé. Le Memento Mori n'a pas chômé. Ils ne l'ont même pas touché. Ils l'ont livré à la police tel quel.
Très Chère Mère ne se réveille toujours pas. Un hématome du carrefour qui est susceptible de finir en coma prolongé, d'après le docteur. Les infirmiers parlaient de déchirure d'un vaisseau dans le cerveau entre le crâne et la dure-mère.
Je me suis focalisée sur ce dernier mot : dure-mère.
Comme j'avais du temps à perdre dans cette chambre d'hôpital d'un rose pâle, j'ai fait des recherches étymologiques pour savoir pourquoi ce mot était nommé ainsi. Il provient du Moyen-Âge et est extrait de la phrase en latin dura mater cerebri signifiant "la mère dure du cerveau". Bien entendu, je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec le caractère de Très Chère Mère.
Sur ce lit blanc, elle a l'air si vulnérable, si fragile et si fatiguée. Je l'ai toujours vu différemment, associée aux mots comme Pouvoir, Contrôle et Beauté. Mais je ne l'ai jamais réellement regardée. À présent, j'ai tout le loisir de mémoriser ses traits à nouveau afin de ne plus jamais oublier de la reconnaître.
Cette balafre sur sa joue me serre le cœur. Elle me fait bien trop penser à Marnie.
Moi-même je guéris de mes blessures, ou devrais-je dire brûlures. La pommade me démange furieusement mais à part ça, il semble que je n'aurais pas de cicatrices. En attendant, je suis une momie qui se cache des médias.
La vie privé ou double-vie de Très Chère Mère est en train de passer sous le scanner de tous les enquêteurs et détectives privés. On se demande si elle est complice ou victime dans l'affaire. Je penche plus vers l'hypothèse de justicière masquée et j'attends qu'elle se réveille. Je prie pour qu'elle revienne parmi nous.
Alors que je reviens des toilettes, une petite femme sort en trombe de la chambre et a failli me rentrer dedans. A ses joues mouillées, on dirait qu'elle a beaucoup pleuré.
Mon oncle sort à son tour, l'air embarrassé.
― Ah Kylie, tu es enfin là. J'aimerai te présenter cette femme. Elle est...euhm...un témoin de la plus haute importance.
― Je suis l'alibi d'Elise, grommelle-t-elle.
Elle a un grain de voix magnifique comme si elle masquait un accent étranger. Ses cheveux bruns à la coupe moyenne ont cet éclat caramel et ses yeux d'un marron clair possèdent une chaleur brûlante qui me transpercent. Sa mâchoire délicate et sa silhouette menue mais tonique me font visualiser un guépard. Nous faisons quasiment la même taille et elle me regarde comme si j'étais sa proie.
― Kylie, je présume ?
Mon échine se redresse et je fais oui de la tête sans cacher ma suspicion.
― Et vous ?
― Hanna Jordan. Peintre indépendante à mes frais. Ça te dit que je fasse ton portrait ?
Je fronce les sourcils. Elle se comporte comme si elle me connaissait depuis toujours. C'est très déstabilisant cette assurance qui l'entoure.
― Qui êtes-vous pour elle ?
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Agapè (Sweet Lessons)
Teen Fiction«Nous n'avons pas le même âge, mais nous nous trouvons à la même page.» Kylie n'est pas une élève comme les autres. Car elle a un secret et son seul confident est son professeur de littérature, M. Sullivan. Terminée le 01/12/17 Réécriture > Agapè