Les minutes qui suivent sont interminables.
Il y a des entrées et des sorties mais jamais M. Sullivan.
Je m'essuie du mieux que je peux.
L'écoulement de sang ne veut pas s'arrêter.
On tire la chasse d'eau à deux cabines de la mienne. Les portes claquent. Un robinet coule.
- Bonjour.
- Bonjour.
Je relève la tête en reconnaissant la voix de Sullivan. Une minute passe. Des bruits de pas. Une porte qui se referme.
On toque à la porte, un coup timide.
- Kylie ?
Je me rhabille à la vitesse de l'éclair.
Je lui ouvre et il se faufile en refermant la porte en s'appuyant dessus avec son dos. Il est à bout de souffle, un sac plastique dans la main.
- Qu'est-ce que...
- Aucune des dames des toilettes d'à côté n'avait de serviettes ou n'a voulu m'en donner, alors je suis partie en acheter au supermarché. (Il reprend son souffle) J'ai fait aussi vite que j'ai pu.
L'imaginer quitter le musée pour aller trouver le supermarché du coin a dû être une tâche difficile, quasi impossible.
Il me tend le sac mal à l'aise.
- Je ne sais pas si c'est ça...
Je le prends pour regarder à l'intérieur. Dire qu'il a dû chercher dans les rayons pour trouver une boîte de tampons...Par ma faute.
- Oui je pense que c'est ça. Merci beaucoup.
Il ferme les yeux visiblement soulagé.
J'essaie de ne pas lui montrer ma peur de ne pas savoir comment utiliser ces machins. Mais les larmes me montent aux yeux et j'ai le menton tremblant.
Je craque, prête à éclater en sanglots sous ses yeux qui cillent.
- Eh, eh. C'est rien, dit-il me prenant par les épaules pour me ressaisir.
- C'est pas rien ! C'est catastrophique !je m'écrie. J'ai mes règles !
Il grimace et concède :
- Ok ok. J'en sais rien. Mais dans ce genre de situation, je crois que des félicitations sont de rigueur non ?
Je le fixe sans comprendre.
- Des félicitations ?
- Tu es une femme maintenant.
Sceptique, je fais la moue et il soupire en se passant une main sur la nuque.
- Il faut qu'on rejoigne la classe. Je ne peux pas laisser Mme Gérard seule. Je t'attends dehors...
Il attend quand même pour avoir mon assentiment pour quitter la cabine et les toilettes.
Lorsque je sors, je retrouve M.Sullivan qui attend sur un banc. En m'approchant de lui, je réalise qu'il a été mon seul allié dans cette épreuve traumatisante.
VOUS LISEZ
Agapè (Sweet Lessons)
Ficção Adolescente«Nous n'avons pas le même âge, mais nous nous trouvons à la même page.» Kylie n'est pas une élève comme les autres. Car elle a un secret et son seul confident est son professeur de littérature, M. Sullivan. Terminée le 01/12/17 Réécriture > Agapè