Alarme Incendie

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Les filles me cherchent.

Je les entends chantonner mon prénom dans les couloirs.

Une peur sans nom me mitraille les tripes.

Comme une lâche, je m'enfuis à toutes jambes.

Je file, mes pieds me guidant certainement quelque part, à l'abri des regards, loin de la population.  Je décide d'aller dans l'arrière-cour et j'enjambe une fenêtre déjà ouverte (miracle!) pour me retrouver dehors en m'assurant que personne ne m'a vu faire. D'un geste énervé, je ferme la fenêtre et je m'allonge le long du mur pour me rouler en boule en gémissant et m'insultant de tous les noms.

– Raah c'est malin !s'écrie une voix à côté de moi et je hurle en faisant un bond déséquilibré, ma tête heurtant le mur d'à côté.

Caleb Capraro. A quelques centimètres de moi. Une cigarette aux lèvres.

Il me fusille du regard en se relevant pour se jeter sur la fenêtre que je venais de fermer. Il tente de l'ouvrir et je fronce les sourcils quand elle ne s'ouvre pas.

– Euh...tu ne sais pas ouvrir une fenêtre ?je me moque ouvertement.

Je sursaute quand il assène un coup brutal avec sa paume sur la vitre en réponse avant de prendre une vive inspiration de sa cigarette.

Quel frustré, celui-là. Rien dans le cerveau et rien dans les muscles...

Comme s'il lisait dans mes pensées, il me jette un regard profondément énervé. Ses yeux noirs accentuant le tourbillon de rage en lui, plus la fumée sortant de ses narines, faisait un effet un peu effrayant. Sous ce genre de regard, mon corps a le réflexe de se recroqueviller.

– Tu viens de verrouiller la fenêtre et elle ne s'ouvre que de l'intérieur. C'était la seule ouverte, tu nous as coincé ici.

J'écarquille les yeux.

– Quoi ?dis-je alarmée. Mais j'ai cours dans cinq minutes !

– Et moi alors ?

J'ai dû laisser échapper une expression flottante sur mon visage parce qu'il plisse les yeux, encore plus énervé.

– Comme si j'importais plus que toi c'est ça ? Je te rappelle qu'on est dans la même classe...

Je me tais. Ça ne sert à rien de dialoguer avec le sécheur qui a le master d'absentéisme de toute l'école.

Je déglutis.

– Tu pionces en cours alors je ne vois pas en quoi ça t'angoisse...

– Si j'ai une absence de plus, je suis viré, déclare-t-il si subitement que je sursaute.

Je lui lance un regard paniqué qui dit « T'es pas sérieux ? »

Il hoche la tête lentement de haut en bas pour me faire réaliser combien je suis coupable et responsable de la situation. Je me jette à mon tour sur la fenêtre et pendant que je m'acharne, il grogne en se mettant dos au mur, le visage levé vers le ciel pour souffler un énorme nuage de fumée.

Désespérée, je tambourine avec mes deux poings dans l'espoir que quelqu'un à l'intérieur m'entende et Caleb se laisse glisser le long du mur montrant à quel point c'est mort.

– Je vais me faire renvoyer, c'est sûr, marmonne-t-il. Pour de bon.

Ses paroles ne font qu'augmenter ma culpabilité.

Je refuse de faire payer mes erreurs à quelqu'un d'autre.

Plus jamais.

Peut-être ai-je perdu toute rationalité...Peut-être ai-je vu rouge...

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant