Ωmega

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À pas de loups, nous entrons dans ma maison. Occupé à regarder autour de lui, Sab renverse les parapluies posés dans le coin de l'entrée.

Je me crispe toute entière.

Il grimace alors que le bruit résonne dans les pièces, les couloirs, l'étage, l'univers.

Comme personne ne pointe le bout de son nez après une minute de silence, je me détends.

– Il n'y a personne.

Sab porte une main à son cœur et souffle tout l'oxygène qu'il avait retenu dans ses poumons.

– Je me suis cru dans les Mines de la Moria quand Pippin fait tomber le squelette dans le puits...

– C'est vrai qu'on peut comparer Très Chère Mère au Balrog.

Nous rions nerveusement et on se fait un high-five spontané car on partage la même passion pour le Seigneur des Anneaux.

– Allons-y.

Bouh, fait une voix derrière nous.

Sab qui avait fini de ramasser les parapluies les lâche d'un coup. Quant à moi, je fais une mini crise cardiaque sur place, pétrifiée telle une victime de Méduse.

Ce n'est pas la Gorgone mais Marc qui nous sourit en gloussant. Une lueur hilare pétille dans ses yeux.

– Pardon. C'était trop tentant.

Vêtu d'un simple t-shirt gris et d'un jean bleu délavé, tel un James Dean naturellement sexy, il semble être comme chez lui.

Marc semble avoir pris ses marques.

Je remarque qu'il étudie chacun de nos mouvements, enfin surtout les miens. Il ne surpasse pas la beauté d'Ash mais il y a quelque chose d'intriguant chez cet homme. Dans sa manière de me regarder avec ses yeux perçants avec un côté paternel nostalgique.

J'avale ma salive avec nervosité.

– Est-ce que...est-ce qu'elle est là ?

– Non, répond-il en comprenant que je parle de Très Chère Mère. Vous devriez vous parler. Ce manque de communication est handicapant pour toutes les deux. Elle sera de retour vers 18h si tu veux la voir.

Il n'est pas au courant. Mes mâchoires se serrent et je secoue la tête.

– Je ne reste pas longtemps. Je viens juste chercher un truc dans la chambre d'Alex et je repars avec Sab.

Hochant la tête, Marc glisse son regard sur le journal de Marnie que j'ai à la main jusqu'à mon ami. D'un air avenant, il lui présente sa main et ils s'échangent une poignée ferme. Un peu intimidé, Sab courbe un peu la tête.

– Enchanté.

– De même. Tu as une belle moto.

– Ah euh merci.

Je vois Alex au milieu des marches, la tête entre les mains. Il se balance doucement d'avant en arrière, comme tourmenté. On dirait qu'il a deviné mes intentions.

– Sab ! 

Je suis déjà au pied de l'escalier, prête à monter. À mon expression, il comprend qu'il faut se dépêcher. Nous laissons Marc pour aller dans la chambre d'Alex. Dans le couloir, j'hésite devant la porte de la chambre à coucher de Très Chère Mère. Je m'apprête à poser la main sur la poignée, habitée par cette curiosité morbide qui m'a mené à cet enfer. Cette fois, je ne cède pas à la tentation et continue mon chemin.

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant