Cabrón

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C'est arrivé entre deux cours, à l'angle d'un couloir.

Une scène qui mettait en scène deux camps.

Un groupe composé de mes persécutrices avec un mec, faisait face à Caleb et Marnie.

Une fille, Denisa que je sais être une pimbêche de première classe, sanglotait en se tenant le poignet et celui que je présumais, son petit ami, Raph si je me souviens bien, semblait sacrément remonté contre Caleb.

- Tu touches encore à ma meuf et je t'explose, connard !

Pardon, mais je me suis retenue de lever les yeux au ciel face à cette vieille réplique, sûrement dite à sang chaud. Mais s'il s'écoutait parler un peu aussi...

En tout cas, ça allait barder.

Je jette un coup d'œil inquiet vers Marnie pour la voir, la tête baissée, son épaule appuyée contre le mur comme si elle voulait s'y fondre dedans et devenir invisible. Je sais qu'elle baisse la tête pour laisser ses cheveux cacher son visage défiguré. Sa balafre.

Je serre les dents de rage contenue.

Dire que je suis arrivée en retard pour prendre sa place aujourd'hui.
Que lui ont-elles fait ?

Caleb fait un pas en avant.

- Je lui ai fait ressentir la même douleur qu'elle lui a fait subir.

Raph regarde en direction de Marnie et grimace.

- Bah si elle faisait un peu d'effort pour paraître normale, elle aussi...

Un sifflement particulier se fait entendre et je suis la mélodie connue et impromptue du livre de la jungle jusqu'à un garçon qui rejoint Caleb. Lui aussi c'est la première fois que je le vois. A moins que je ne fasse vraiment pas attention à mon entourage. Mais impossible de ne pas oublier un type comme lui.

Il a les cheveux bleus en pétard et des piercings plein le visage, sur les oreilles, les sourcils et un sur la lèvre. Sur ses clavicules est tatoué une inscription difficile à décrypter vu qu'il faudrait faire le tour pour avoir le mot entier.

Le pire est que ce "bad boy" est suivi d'autres. Mais ces derniers ressemblent plus à Caleb niveau origine. Des latinos. Ils se placent au niveau de Caleb et matent le gars avec des regards amusés et menaçants.

- Qu'est-ce qu'il veut le cabrón ?

- Alors c'est ça le gang au complet ? se moque Raph avec un rictus suffisant. Vous vous parlez en mexicain entre vous, les gringos, c'est trop dur de parler la langue nationale ?

Sans crier gare, Caleb lui écrase le pied avec assez de force pour l'immobiliser et lui donne un coup de boule.

C'était d'une rapidité et d'une violence inouïe. Même Marnie a les yeux ronds et en oublie de cacher son visage.

Raph est sonné et avant même qu'il reprenne ses esprits, les autres se jettent sur lui pour le rouer de coups.

Paniquées, les filles crient et clament l'aide des surveillants.

Caleb se détache du groupe et continue de marcher comme si de rien n'était. Comme s'il n'avait pas déclenché la bagarre qu'il abandonne derrière lui à ses copains. Ces derniers ne remarquent même pas son départ.

Il passe à côté de moi, à demi-cachée dans l'angle du couloir. Ses yeux noirs se posent brièvement sur ma personne. Alors que je pensais qu'il allait continuer son chemin, il s'arrête devant moi et me fixe durement. Blême, j'ai envie de m'enfuir en prenant mes jambes au cou.

- Où est le toit ?me demande-t-il.

Mes yeux regardent son front. Dis donc, il a la tête dure celui-là. Il n'y a aucune marque.

Mon index hésitant répond en lui montrant le haut. Il ne le regarde même pas tellement c'est logique. Je me sens bête tout à coup.

- Où ?insiste-t-il de sa voix grave.

Je me détache de mon mur en abandonnant l'idée de devenir un papier peint et le conduit jusqu'à la porte qui mène à un petit escalier qui conduit au toit.

Dans le couloir, nous croisons des surveillants qui accourent dans la direction opposée, sûrement alertés par le grabuge. Je frémis alors qu'ils passent devant nous sans même nous accorder un regard.

Ohé.

Le coupable est juste à côté de moi.

- Tu as aidé Marnie, je réalise.

- Qui ?

Je secoue la tête et lui montre la porte. Sans me remercier, il la franchit tout en sortant une cigarette.

La sonnerie de cours retentit.

Dire que ce n'est que son deuxième jour ici.

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant