Homicide

3.1K 271 179
                                    


Deux semaines.

Quatorze jours.

Je n'ai jamais été aussi heureuse de finir les vacances.

Encore la tête dans les nuages, j'ai eu dû mal à revenir sur terre...voire sous-terre lorsqu'une patrouille de police est venue à la maison pour nous annoncer que l'accident de mon père et de mon frère s'avère ne pas être un accident.

L'information n'a pénétré mon cerveau que lorsque je me suis retrouvée dans le commissariat dans un état second.

Un homicide.

Le terme qu'on utilise à souhait dans les séries policières.

Très Chère Mère et moi avons passé des interrogatoires dans des chambres séparées.

Revoir les photos...Réentendre l'histoire...m'a détruite. Il n'y avait que la main de mon oncle sur mon épaule pour me réconforter.

Une vidéo.

Une seule vidéo d'1m05 pour faire basculer mon monde.

Elle appartenait à une mère de famille qui filmait ses enfants jouer aux pirates. C'est en revisionnant ses souvenirs qu'elle a remarqué quelque chose d'étrange sur l'arrière-plan. Une scène digne d'un film. Une course-poursuite. Un crash. Une voiture qui prend feu.

Je l'ai revu en boucle. J'ai été forcé en même temps.

De regarder cette moto noire dévier la voiture sur le virage mortel de la colline.

De regarder ce motard descendre de sa moto avec un bidon d'essence à la main.

De regarder cet individu casqué jeter son briquet pour allumer les flammes.

Sur mon père et mon frère blessés et inconscients.

Je suis morte en boucle alors que je pressais le bouton Replay.

Replay.

Ils ne sont pas morts sur le coup.

Replay.

Ils avaient une chance de vivre.

Replay.

Ce motard. Qui est-il ?

Replay.

Je.vais.le.tuer.

Replay.

J'ai senti tout le poids de l'injustice peser sur mon crâne. Cette corde autour de mon cou qui était élastique commence à se solidifier. Les chaînes autour de mes chevilles pèsent de plus en plus. Le fardeau que je traîne est de retour. Il n'est jamais vraiment parti. Je l'avais seulement dénié. Les coudes sur la table métallique, la tête entre les épaules, le portable entre les mains, je me suis mise à pleurer comme une petite fille.

Dans la vie, il n'y a pas d'étapes. Il n'y a que trois niveaux. On monte, on descend ou on stagne. Et c'est la vie qui décide de ses niveaux pour vous. Prouvez-moi le contraire en pointant ne serait-ce qu'une personne qui est en contrôle de sa vie.

En sortant de la salle tout en essuyant mes larmes, j'ai levé la tête en apercevant une stature familière.

Celle de Caleb.

Escorté de deux agents.

J'ai baissé les yeux sur les menottes qu'il avait au poignet puis je les ai relevés sur ses yeux encrés, quelques secondes avant qu'il n'entre à son tour dans une salle d'interrogatoire.

Je n'ai compris que lorsqu'Alex est apparu, répondant à mon Pourquoi muet. Il regarde dans ma direction avec une colère sombre tapie dans ses yeux profonds.

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant