Memento Mori

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À la pause déjeuner, le sujet sur toutes les lèvres est sur le retour inattendu de Caleb Capraro et la bagarre. Je ne peux m'empêcher d'épier la discussion d'une table derrière moi.

– Qui ?demande l'une curieuse.

– C'est vrai que tu ne le connais pas. Tu étais dans un autre collège que nous.

– Ouais et pour te résumer, il a mal tourné, tranche Sara en gobant trois frites en même temps. Il est à la tête du gang Memento Mori, tous des mecs qui viennent du bas-fond. Des camés. Des criminels. Caleb ne devrait même pas mettre le pied ici. À quoi pense le proviseur ? Et notre sécurité ?

Je déglutis avec nervosité. Sara qui est dans ma classe, est une pêcheuse d'infos et adore épater avec son instinct inné de journaliste et ses propos sont rarement des mensonges.

Memento Mori

Parmi tous les gangs qui sévissent dans notre ville, il est le plus complexe et le plus simple.

On peut l'appeler le Gang des faucheurs.

Là où ils sont allés. Là où ils vont.

La mort est et sera toujours sur leur chemin.

Memento Mori signifie "Souviens-toi que tu vas mourir".

La mémoire des morts. Blâmant les Vanités du monde et rappelant aux Grands que la mort les guette tous jusqu'au dernier.

"Remember remember."

Ou les 2 M rejoints à l'envers qui ressemble presque à un nœud.

Je comprends enfin leurs tatouages.

Et Caleb Capraro et son cousin, Derek Capraro, deux latinos de 17 ans et 18 ans, sont à la tête de ce Gang dangereux.

Si j'ai vu le premier, je n'ai pas encore vu le second Capraro. Peut-être traîne-t-il dans les parages.

Je sais seulement que ses membres se font souvent arrêter et qu'il y a des sales histoires mais ils ne traînent jamais dans les alentours des quartiers riches, le haut de la ville en quelque sorte, là où ma Très Chère Mère et moi habitons. Ils font leur business dans la ville basse. Voilà pourquoi je n'en ai jamais vu un. Qu'un chef de gang se retrouve derrière un bureau pour étudier est une situation étrange.

– Tu n'exagères pas un peu?se marre son amie. Bon, c'est vrai qu'il cause pas mal d'ennuis mais j'ai toujours remarqué un truc. C'est jamais lui qui cherche. C'est les autres qui viennent le trouver.

– Il n'arrête pas de chercher M. Sullivan en classe, rétorque Sara. Il n'a pas intérêt à embêter le seul professeur super sympa de toute l'école ! S'il se retrouve coincé un beau jour après les cours par ses abrutis de Memento Mori, je vais pleurer toutes les larmes de mon corps.

Je frémis à ces paroles, bien d'accord avec elle. M. Sullivan est un adulte mais son monde est fait d'insouciance pas de menaces quotidiennes d'un gang criminel.

Agapè (Sweet Lessons)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant