Bérengère déglutit. Elle était piégée. Cet homme connaissait son fils, mais elle ignorait dans quelle sorte de problème il était mêlé. Mais tout cela lui semblait très sérieux. Elle ne voulait surtout pas qu'il lui soit fait du mal, même si leurs vies ne se croiseraient probablement plus jamais. Elle lui demanda ce qu'il voulait exactement.
- Commençons donc par nous rendre sur le côté de l'église, de l'autre côté de la rue. On y sera un peu plus tranquille pour discuter. Si on reste ici, le petit couple de commères risque de s'inquiéter et causer des problèmes. Ouvre le capot, que je rebranche la batterie. Et si le moineau revient, tu fermes ton clapet, c'est bien compris ?
Elle lui fit signe qu'elle avait bien saisi ses propos. Une idée folle lui traversa l'esprit. Dès qu'il aurait rebranché la batterie, elle pourrait démarrer et s'enfuir avant qu'il ne puisse réagir. Elle irait ensuite se cacher derrière un immeuble et appellerait la police. Mais, elle chassa cette folle idée de sa tête, sachant très bien que cela pourrait être dangereux pour Cédric. Ce gars-là n'avait pas l'air de faire des blagues.
« Donne-moi la clé, mamie, dit le gars en tendant la main, comme s'il avait deviné sa pensée. Ça ne me tente pas que tu t'enfuies dès que j'aurais fixé ton problème. »
Elle obtempéra et tira sur la poignée du capot. L'homme fixa le problème et ferma le capot en affichant un sourire moqueur. Il frappa à la portière du côté passager et Bérengère la déverrouilla. Il vint s'asseoir à ses côtés et tendit la clé de la voiture louée.
« Tu vois, c'est pas compliqué quand on obéit. Si tu savais le nombre de personnes qui ont eu des problèmes avec moi parce qu'il ne suivait pas mes instructions... »
« Maintenant, tu démarres, parce que je vois que le proprio s'amène avec sa brouette et il regarde par ici. Envoie-lui un petit bye-bye, pour faire ta sympathique. »
Elle sortit sa main et s'exécuta, incapable de masquer son tremblement. Mais Bernard ne pouvait voir qu'une main qui le saluait. Il fit de même et poussa sa brouette près du bosquet de roses sans s'occuper davantage de la voiture qui s'éloignait.
- Qu'est-ce que vous me voulez au juste ? Je ne comprends pas. Qu'est-ce que vous avez fait à mon fils ? Qu'est-ce qu'il a fait ? »
- Qu'est-ce que, qu'est-ce que, qu'est-ce que... beaucoup de questions et on ne s'est pas encore présentés. C'est pas poli, ça. Je me présente : Julio Jimenez. Mais tu peux m'appeler Tigré, vu qu'on est des intimes, maintenant. Mes parents sont venus du Nicaragua, il une trentaine d'années. Je suis né ici. C'est pour ça que j'ai presque pas d'accent. Et toi, tu es la maman de Cédric, c'est bien ça. Tu dois bien avoir un nom.
- Bérengère.
- C'est un joli nom. Bérengère. Fucking beau. C'est la première fois que j'entends ce nom. On dirait un nom ancien. Tu devais être toute une belle pièce de femme dans ton temps. C'est dommage qu'on se rencontre dans le mauvais temps et le mauvais moment.
Elle dirigea la voiture vers le côté de l'église. Une fois cachée de la rue, elle vit une moto, une énorme Harley-Davidson aux couleurs rouge, orange et noir qui devait lui appartenir.
« Va te stationner à côté de ma moto, Bérengère chérie. On va jaser tranquillement. »
Il glissa un pistolet sur ses genoux qu'il avait tiré de sous sa veste de cuir. Elle paniqua à la vue de l'arme. Frédéric avait toute une collection de revolvers et de pistolets dans une voûte. Des pièces achetées à fort prix, souvenirs de guerre, armes prohibées ou uniques. Il lui avait même montré un pistolet qui aurait appartenu à Adolf Hitler. Mais, même si elle ne s'y connaissait en rien aux armes, la présence d'un pistolet n'était certainement pas un bon signe pour la suite des choses.
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Le silence des blés d'or
General FictionÀ la mort de son père avec qui il a vécu toute sa vie, Serge, autiste, hérite de la terre familiale, une ferme centenaire qui a connu de meilleurs jours. C'est une surprise à laquelle personne ne s'attendait. Bien vite, les membres de la famille, le...