Piège improvisé

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Bérengère sentit ses jambes ramollir. Il venait de lui envoyer un coup de poignard enrobé de soie. Mais, il n'avait pas visé le cœur. Cette dernière phrase était un appel au secours en même temps qu'un témoignage d'amour. Elle chercha un point d'appui puis marcha vers un des bancs que venaient de se libérer. Elle ferma les yeux en s'asseyant. Les larmes coulèrent sans retenue. Des larmes de joies et de soulagement.

Elle lui donna les informations puis lui demanda d'être prudent sur la route.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Je serai là dans environ deux heures et demie, si je peux sortir du centre-ville sans y laisser ma santé mentale.

Elle le remercia et attendit un instant avant de retirer le téléphone de son oreille, comme s'il allait poursuivre la conversation encore un moment.

Cédric, de son côté, regarda le téléphone entre ses doigts et réalisa que son mal de tête était disparu. Il appela son ami au studio. Évidemment, il ne répondit pas, trop occupé à tout gérer. Il laissa un message lui exprimant ses regrets de ne pas pouvoir se joindre à lui pour la soirée, mais que ce n'était que partie remise.

Il changea de chemise et passa un peu d'eau sur son visage. Il se dévisagea dans la glace, découvrant un regard d'enfant qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.

La sonnerie du téléphone le tira de ses rêveries. Il grimaça. C'était Christian Lefrançois.

- Salut Cédric. Content de savoir que tu sais encore comment répondre au téléphone. Je viens de parler avec Avéline. Est-ce que tu aurais deux minutes pour moi ?

Cédric lui expliqua qu'il allait répondre à toutes ses questions dès qu'il aurait revu sa mère. Il lui annonça qu'il partait la rejoindre à l'aéroport de Québec.

« Alors, je suis bien content pour vous deux. Je veux seulement que tu me promettes de me rappeler dès que tu le pourras, d'accord ? Cette histoire de Tigré et les raisons de ses actes m'intriguent au plus haut point. Et puis, tu as su qu'il y a eu une espèce de vice de procédure dans le système et qu'Alphonso est sorti de prison il y a quelques jours. La police de Montréal est au fait des activités de ce beau duo et elle tente de le retrouver pour lui poser des questions. Sauf que je m'inquiète pour ta sécurité. Est-ce que tu es chez toi en ce moment ? »

- Non, je ne suis pas cave à ce point-là, Lefrançois. J'ai dormi là hier soir, mais je sentais la soupe chaude et j'ai ramassé quelques-unes de mes affaires et je couche chez un ami.

- Alors, c'est peut-être une bonne chose que tu retrouves Bérengère à Québec, le temps que la police cherche l'autre oiseau de son côté. Sois prudent et si tu vois quoi que ce soit de louche, n'hésite pas et appelle l'enquêteur Dubois. Je t'envoie ses coordonnées par texto. J'attends ton appel d'ici à demain, fiston. C'est promis ?

Cédric lui garantit qu'il le rappellerait dès que possible et raccrocha.

Il ramassa ensuite son sac et son ordinateur portable et descendit au sous-sol pour récupérer sa voiture.

Il sortit du stationnement sans se presser. Une voiture le suivait lorsqu'il montait vers la porte de sortie. Il vit que l'homme portait des verres fumés. La porte s'ouvrit et un autre homme leva les mains devant son capot. Il crut reconnaître un autre des sbires d'Alphonso, un dénommé Requin qui avait un air encore plus violent que Tigré. Il appuya sur l'accélérateur et l'homme se tassa en jurant. Les pneus de la voiture derrière lui crissèrent sur le ciment. Les parechocs entrèrent en collision et Cédric se sentit projeté vers l'avant. Au même moment, un message texte entrait, avec les coordonnées de l'enquêteur que lui avait mentionné Lefrançois.

Le silence des blés d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant