L'écho des cris

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Tandis que Violette essayait de retenir Serge qui voulait se précipiter vers Chantal, Avéline signala le numéro et parla avec le service d'urgence qui demanda de rester en ligne jusqu'à leur arrivée. Jean-François s'approcha de Chantal qui était entrée dans une sorte de transe, toujours assise, les yeux fixant le vide devant elle.

- Mon amour, mon amour... Excuse-moi, disait-elle en boucle.

Le prêtre poussa la hache du bout du pied. Il contourna la femme et constata les dégâts. Le dos de Chantal était transpercé de trous desquels sortait un sang épais. Il revint devant elle, posa ses mains sur les épaules de la femme secouée de sanglots :

- Ça va aller, Chantal. Les secours s'en viennent.

Elle le regarda un instant puis reporta son regard vers le fond du salon où se tenaient Serge et Violette. Puis, elle poussa un hoquet. Du sang sortait maintenant de sa bouche. Elle pencha sur le côté.

« Chantal, il faut que tu restes avec moi maintenant. L'ambulance s'en vient. Avéline, apporte-moi un coussin. Je vais l'étendre sur le côté. Vite ! »

Avéline, toujours en train de parler avec la téléphoniste, ramassa un des coussins sur le sofa et le lança à Jean-François.

Ce dernier aida Chantal à se coucher sur le côté, remarquant que des bulles rouges se formaient sur ses lèvres.

« Mais qu'est-ce qu'ils font ? dit-il. On va la perdre. Je ne sais pas quoi faire moi ! »

Avéline parlait avec la préposée, essayant tant mieux que mal d'expliquer la situation.

- Ils seront là dans trois minutes, dit-elle. Parle-lui. Il ne faut pas qu'elle se laisse aller. Qui est-ce qui a tiré ?

- C'est Patterson, répondit Jean-François, à bout de souffle. Seigneur, il est blessé lui aussi. Il est tombé en bas des marches. Je ne le vois pas.

Il l'appela, mais n'obtint aucune réponse. Il vit les yeux révulsés de Chantal et l'intima à garder contact avec lui.

« Non, non, non... Chantal. Reste avec moi. Serge ! Serge, approche. Il faut qu'elle te voie. Elle te cherche ! »

Violette ne pensait pas que ce fut une bonne chose de mettre Serge à proximité de la scène. Elle le sentit raidi par la peur, incapable de bouger. Elle essaya de se dégager de son étreinte, mais ses mains puissantes la broyaient tout contre lui.

Avéline passa près de Serge et par-dessus la hache. Elle faillit glisser sur le verre qui recouvrait le sol de la cuisine et le balcon. Elle arriva près des marches et vit Patterson qui gisait sur le côté, le bras droit ensanglanté.

- Il y a un autre blessé. C'est notre voisin. Bernie Patterson. Il saigne. C'est le bras droit, juste en bas de l'épaule, je crois. Non, il ne bouge pas. Je ne sais pas, moi. Je ne sais pas s'il est mort ou pas.

Elle criait et pleurait en même temps.

Le cri strident des sirènes approchant la rassura. Elle retourna à l'intérieur pour rejoindre Violette et Serge dans le salon.

- Serge, il faut que tu viennes, s'écria Jean-François. Elle est de plus en plus faible. Fais ça au moins avant que l'ambulance arrive.

Serge relâcha son emprise sur Violette et se leva, regardant à gauche et à droite puis marcha droit devant lui, d'un pas retenu. Il se plaça devant Chantal et s'agenouilla. Il lui prit doucement la main.

- Chantal, il ne faut pas mourir. Il faut que je te parle, mais pas ce soir.

Les yeux de la femme rétrécirent. Les premières lueurs des feux d'urgence cassèrent la pénombre de la nuit. Bientôt, des ambulanciers accoururent pour constater les dommages.

Le silence des blés d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant