Chantal tenta de se lever. Elle glissa ses jambes par-dessus la barre de sureté et bascula hors du lit. L'homme courut vers elle, mais il était déjà trop tard. Elle était cabrée, le bras encore attaché de l'autre côté. La courroie qui la retenait avait arraché le bandage qui couvrait son poignet et elle signait.
Il essaya de la remettre en position couchée, mais elle était lourde et se débattait en hurlant.
Deux infirmières arrivèrent en courant suivies de près par le policier en uniforme qui s'empressa d'aider Lamarche à la soulever.
Une des infirmières détacha la courroie pour constater les dégâts. Chantal se lamentait, répétant sans cesse qu'elle voulait mourir. Mais, personne ne l'entendait. Un infirmier arriva avec un plateau roulant et commença à déballer les bandages stériles.
- Calmez-vous, madame Pronovost, dit-il en tendant les compresses. On va refaire votre bandage.
Il se tourna et murmura quelque chose à l'oreille de sa collègue qui retourna vers le poste de garde.
Lamarche se tourna vers le policier et le remercia pour son aide. « Vous pouvez retourner à votre poste. Tout est en contrôle maintenant. »
Le policier hésita, car Chantal le regardait d'un drôle d'air. Ce regard ne lui disait rien qui vaille. Il leur rappela de remettre les sangles, cette fois aux deux bras. Il sortit sans se douter de ce qui allait se passer ensuite.
Les deux infirmières avaient baissé les barres protectrices pour mieux travailler. Sébastien Lamarche avait croisé les bras et avait reculé de quelques pas. L'infirmier sortit avec les bandages souillés.
Puis, il y eut quelques secondes où on aurait pu entendre une aiguille tomber sur le plancher. Chantal avait cessé de pleurnicher. Elle avait fermé les yeux et retenait sa respiration. Puis, dans un cri qui terrifia les trois autres, elle se rua hors de son lit en repoussant violemment la femme qui se trouvait entre elle et la porte.
Une fois sur ses jambes, Chantal glissa sur le plancher, s'appuya sur le mur et courut vers la porte. Le policier, qui avait entendu le hurlement, entrouvrait la porte, une main sur le micro haut-parleur sur sa poitrine. Il reçut un coup de pied entre ses jambes et poussa un juron avant de tomber à genoux devant la femme hystérique qui n'eut qu'à le pousser pour franchir la porte et s'engager dans le corridor à toute vitesse.
Deux infirmiers se ruèrent à sa suite, lui criant d'arrêter. Chantal bouscula une vieille dame qui marchait lentement le long du mur. Elle courait dans le sens opposé aux ascenseurs vers le fond du couloir où il n'y avait qu'une fenêtre.
Poussant un ultime cri de rage, elle fonça droit sur la vitre qui se fracassa. Elle tomba à la renverse et les morceaux de verre chutèrent sur elle. Elle avait le visage couvert de blessures. Ses poursuivants arrivèrent à sa hauteur et se penchèrent pour lui venir en aide, mais elle tourna sur elle-même dans un dernier effort. Elle avait ramassé un grand triangle de verre qu'elle projeta devant elle comme une arme.
- Laissez-moi donc mourir...
Les deux hommes reculèrent. Sébastien Lamarche arrivait avec le policier qui avait dégainé son arme par réflexe.
- Chantal, ce n'est pas une bonne idée. Déposez ça et on va trouver une solution à votre...
Elle lança le verre cassé vers eux et sauta par la fenêtre.
Son corps frappa le rebord puis bascula vers le vide. Le choc, trois étages plus bas, ne lui laissa aucune chance.
La tête penchée vers ce triste spectacle, Sébastien Lamarche éclata en sanglots. Il ne pouvait se détacher de la vue de ce corps dont la tête était retournée vers lui dans un sourire macabre.
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Le silence des blés d'or
General FictionÀ la mort de son père avec qui il a vécu toute sa vie, Serge, autiste, hérite de la terre familiale, une ferme centenaire qui a connu de meilleurs jours. C'est une surprise à laquelle personne ne s'attendait. Bien vite, les membres de la famille, le...