Fatima ; Briser mes chaînes

Partie 10

Il est 5h, je regarde le plafond, énervée, triste, frustrée tout ce que vous voulez, je n'ai pas dormi de la nuit, je n'ai pas arrêté de penser à cette conversation que j'ai entendue hier entre Seydou, Arouna et ma mère.

Ça m'a perturbée toute la nuit, j'ai pas arrêté de me poser des questions, je ne sais pas du tout si j'ai bien compris,  mais en vrai il n'y a pas 15000 solutions, le sens de la conversation était clair, ils veulent me marier. Mais je me dis en même temps que si ça se trouve je passe complètement à côté de la vérité.

Et si c'était vrai, s'il voulaient vraiment me marier, j'avais un milliard de questions qui en découlerait. Pourquoi ? Quand ? Qu'est ce que ça leur rapporterait ? À qui ? À qui ? La question la plus importante.

Mais pour l'instant je ne sais pas, et je ne peux pas rester dans le doute comme ça, d'habitude mes présentiments et mon instinct ne me trahisent jamais, et depuis la conversation que j'ai surprise avec Mina, je me pose des questions, mais là, je ne peux plus juste me fier à mon instinct, il me faut du concret, il faut que je mène ma petite enquête.

Mais ça sera pour plus tard, là maintenant il faut que je dorme un peu, j'étais censée commencer à 8h, mais tant pis j'y vais pas, je suis trop dans le mal là.

J'ai essayé de dormir une petite heure, avant de devoir aller faire le petit déjeuner et le ménage, mais je n'y suis pas parvenu, j'étais encore trop énervée, triste, dégoûtée, frustrée. Et puis j'avais mal à la tête, je n'ai même pas dormi 5 minutes cette nuit et puis les coups que je m'étais pris hier se faisaient grandement ressentir.

À 6h30, je me lève et je vais préparer le petit déjeuner, je finis ça, je mets tout sur la table du salon. Tout le monde se lève, un à un. Ma mère d'abord, quand elle arrive dans le salon elle est déjà prête, elle boit son café et mange rapidement ses tartines sous mon regard enragé. C'est triste à dire sachant que c'est ma mère mais je la déteste, je la hais. En la regardant vivre sa vie comme si de rien était là, à cet instant précis je ne peux pas faire autrement qu'avoir une haine profonde envers elle. Elle m'a donné la vie, et je lui en est été reconnaîssante, j'ai prié toute mon enfance pour être auprès d'elle et pouvoir lui montrer ma reconnaissance, mais là, en voyant comment elle essaie de réduire cette même vie dont elle m'a fait cadeau à douleurs, souffrances et humiliation, je ne peux m'empêcher de la détester, surtout maintenant que je sais qu'elle a décider de confier cette même vie qu'elle m'a donné à un inconnu et qu'elle veut nouer mon destin à celui de n'importe qui juste parce que celà lui rapporterait je ne sais quoi, à elle et à cet ignoble personne qu'elle appelle son mari. Mari à qui elle a aussi donné le droit de ruiner la même vie qu'elle m'a donné il y a 20 ans, en fait c'est ça, elle m'a donné la vie, et maintenant elle en fait ce qu'elle veut, elle me balade comme bon lui semble, de manière à me blesser, à me faire souffrir, et si en prime ça peut servir ses intérêts personnels, tant mieux. J'ai essayé de comprendre comment une mère pouvait faire ça à sa fille mais vraiment je n'y arrive pas, alors oui, j'en suis arrivé au point où je la déteste.

Je la regarde boire son café et je regrette de ne pas avoir au moins craché dedans, je regrette de ne pas avoir au pire empoisonné sa nourriture, juste de quoi lui faire ressentir un minimum de douleur physique. 30 secondes plus tard, ce sont mes horribles pensées que je regrette et je prie le Miséricordieux de me pardonner.

C'est dingue, elle m'a tellement bien formatée que j'arrive à m'en vouloir de penser à mal d'elle malgré tout ce qu'elle me fait endurer, elle est forte niveau manipulation quand même.

Finalement je décide de retourner me coucher, j'en ai marre de la regarder, ça m'a fait remonter 730 000 émotions différentes, je suis au bord des larmes limite là, et j'ai pas envie de voir les autres.