Partie 45

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Doc : "Je... je.. enfin.. on.. le bébé.... et bah... voilà, on ne détecte aucune activité cérébrale, ni cardiaque."

-"Mais mon bébé est toujours là ?"

Doc : "Le bébé est toujours là mais son coeur ne bat plus et il n'y a pas d'activité cérébrale c'est à dire que le bébe ne vit plus...."

Après ça je ne l'écoutais plus, je me répétais ces mots en boucle dans ma  tête, le bébe ne vit plus, le bébé ne vit plus. Ma petite fille ne vit plus. Aïcha, mon Aïcha ne vit plus. Son petit coeur ne bat plus. Aujourd'hui Aïcha ne parlera pas, et elle ne parlera plus jamais. Elle est morte. Quand j'ai prononcé ce mot dans ma tête, le mot « morte », ça a été super violent, c'était comme de recevoir un tas de briques sur la tête. Ça m'a sonnée et tout s'est arrêté autour de moi. Je voyais les lèvres du docteur bouger, j'ai vu sa main se placer sur la mienne, mais je n'entendais rien, je ne sentais rien. Rien du tout. Je ne sais pas combien de temps je suis restée comme ça dans mon monde, quand j'en suis ressortie le docteur me parlait toujours. Je l'ai coupée.

-"Elle est morte ?"

Elle m'a regardé avec cet air là qui me dégoûte, cette tristesse et cette compassion dans ces yeux.

Docteur : "Son coeur c'est arrêté de battre oui."

-"Elle est morte ? Dites-le, elle est morte ?"

Tant qu'elle ne le prononçait pas pour moi ce n'était pas réel en fait, tant que cétait interne que c'était dans ma tête bah elle était encore vivante il fallait que je l'entende pour le conevoir.

Docteur : "Oui malheureusement, votre fille est .. morte."

-"D'accord."

Alors là ne me demandez pas ce qui m'a pris, je ne saurais pas l'expliquer, je me suis levée et j'ai commencé à me rhabiller et à me diriger vers la porte comme si de rien était. Je ne sais pas du tout où je voulais aller comme ça. La bonne femme m'a retenue heureusement parce que je crois que j'étais prête à me jeter sous les roues d'un bus. Elle m'a parlé longtemps, des causes possibles de ma fausse couche, elle a essayé de me consoler et pour finir. Elle m'a annoncé qu'il allait falloir que j'accouche. Alors là j'ai ri. Pourquoi ? Je ne sais pas. Rien de drôle dans la situation mais je crois que je perdais la tête en fait tout simplement. Dans le plus grand des calmes j'ai eu un fou rire.

-"Donc moi je vais accoucher de ma fille morte ?"

Docteur : "Oui, il y a deux options, sous anesthésie, donc en gros vous subissez une opération similaire à une césarienne. Ou alors on déclenche un accouchement naturel."

Et bah j'ai encore plus rit. Elle me regardait comme si j'étais folle et elle avait raison je devenais plus que folle.

-"Non bah non, ça se peut pas. On accouche pas d'un bébé mort. Et puis elle est bien dans mon ventre non ?"

Docteur : "Je sais que c'est difficile mais vous pouvez pas garder un bébé sans vie dans le ventre. Il faut qu'elle sorte. Elle est bien dans votre ventre mais elle sera encore mieux..."

-"C'est pas possible! Non, ça se peut pas, elle est pas morte."

Je sautais d'une émotion à l'autre. Là tout à coup ma tristesse m'a envahie mais tellement fort que je n'arrivais pas à y croire. Je me disais c'est une blague, c'est un cauchemar c'est tout ce qu'on veut mais c'est pas réel. Impossible.

Et puis après 10 minutes de ce déni je suis repassé au vide sans émotions encore une fois elle me parlait j'écoutais à peine. Elle me fait remplir plein de truc pour l'accouchement soit disant. Je signais, je savais même pas ce que je signais. Au bout de je ne sais combien de temps on en a fini. Elle me présente ses condoléances, me prend dans ses bras et me confie aux infirmières qui prennent les papiers que j'ai rempli, elle lisent, leur sourires disparaissent, elles ont compris. Elles sont tristes. Je sais pas pourquoi je me suis dit que je devais les rassurer.

Fatima ; Briser mes chaînesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant