De la comédie Au réel...

1.

    Je continue d'empiler mes vêtements dans ma valise, bien que ma mère n'ait cessé de pleurer depuis une bonne dizaine de minutes. Lorsque je finissais de ranger ma valise et vérifiais une dernière fois l'heure de mon vol, ma soeur entra le coeur joyeux --- cette humeur ne fit pas long feu.

-Wow c'est quoi cette valise? demanda t-elle.
         
 -Oh Rose, ma Rose aide moi ma puce, ta soeur essaie de partir!  enchaîna ma mère toujours en larmes.

-Mais pourquoi? Ton mariage est pour bientôt et j'ai apporté le plan des tables pour qu'on en discute! s' écria ma soeur visiblement ahurie.

 -J'y crois pas, je n'en veux pas de ce mariage; dis je exaspérée.

-Mais ce serait une occasion de...pour toi d'être stable tu crois pas Annie! reprit ma mère.

 -Tu fais exprès?! Tu m'as mise dans cette situation sans m'en informer!

 -Mais j'ai pensé...

-M'man, laisse nous seules d'accord? demanda Rose Jordan.

    Ma mère secoua la tête attristée, puis sortit me laissant avec ma soeur. Dès qu'elle eut fermé la porte, je poussai un soupir du fait que je n'en pouvais plus de ses pleurs.

-Pourquoi tu lui fais ça? Elle ne t'a pas revue depuis et à peine arrivée, déjà tu veux repartir? commença Jordan.

 -Mais je rêve Jordan! C'est elle la fautive.

-Elle pensait bien faire Ann-Louise.
       
-Il s'agit de ma vie! Ça te plairait toi que l'on t'organise un mariage sans te prévenir?

-Non mais...

 -Mais rien du tout bordel! hurlai-je.

    Je me sentais incomprise, je devais partir au plus vite d'ici. Je m'effforçais de reprendre mon calme; je n'avais pas à m'énerver contre Jordan, après tout ce n'était pas de sa faute.

-Je ne vais pas me marier, encore moins avec Craig.
    
-Très bien, et ta valise? Pourquoi est elle faite? dit elle en retenant ses larmes.

-Parce que je rentre...à New York. Et...je m'installe chez papa...définitivement.

   Elle écarquilla ses yeux tellement grand qu'on aurait pu les confondre à des soucoupes, les larmes perlaient aux coins de ses beaux yeux bleus --- elle avait eu la chance d'hériter du bleu azur de notre père contrairement à moi avec les miens noisettes ---, son visage se déforma en un quart de tour et je vis ses épaules s' affaisser.

 -Après tout ce qu'il nous a fait, tu vas t'installer chez lui poussin? hurla t-elle.

-Oui! Puisque toutes ses actions ont toujours été dans le seul but de nous rendre heureuses.

-Mais c'est faux! rétorqua t-elle.

-Si! Cette villa dans laquelle nous habitons tu crois qu'elle nous est tombée du ciel peut être, nos études, les voitures, nos voyages à l'étranger et...

-Ça suffit! Tout ça, c'est le tribunal qui l'en a obligé, autrement il nous aurait laissé crever de faim!

-Penses ce que tu veux mais moi je vais vivre avec lui. Je t'enverrai un chèque pour te dédommager de tous les achats effectués.
       
     Je pris mon blouson, ramassai mon portable et mon billet, puis mon sac et je tirai ma valise jusqu'à l'embrasure de la chambre.

-Tu n'es qu'une hypocrite, elle se tue pour nous et c'est comme ça que tu la remercie? lança t-elle.

-Je lui suis reconnaissante, mais cela ne veut pas dire que je dois renoncer à ma liberté et lui obéir au doigt et à l'oeil. Si toi ça te plaît à moi non! Au revoir.

       Je descendis de l'escalier en vitesse, ramassai mes clefs de voiture et je promis d'appeler ma mère quand je serais arrivée et je partis pour l'aéroport.
        En repensant à la dispute qu'il y eut entre ma soeur et moi, les larmes me sont montées aux yeux. J'étais triste de repartir mais je sais au fond de moi que c'est la meilleure chose à faire pour éviter un très gros scandale.