De la comédie Au réel...

22.

     En arrivant à la villa, je me précipitai dans la chambre où je fis valser mes courses. J'étais en colère contre moi-même, je ne cessais de me répéter " Mais pourquoi il fallait que ça tombe sur lui? " Je ne savais même plus ce que j'allais faire, ni même ce qui allait se passer quand il aura intégré correctement mes paroles. Je me réfugiai à la balustrade, où je pris le temps d'observer le clair de lune. Un ciel sans étoiles. Une nuit bien trop calme, me forçant à suivre mes battements de cœur qui commençaient à ralentir.
     Lorsque je fus calmée, je retournai dans la chambre...

- Qu'est-ce que tu fous là ? ; demandai je surprise.

- C'est ma maison Ann-Louise, c'est également ma chambre.

    Après cette réponse nonchalante, Amir se leva du lit où il s'était installé, et avança doucement vers moi.

- Je voudrais qu'on revienne sur...

- Euh Amir, tu ferais mieux d'oublier ça. C'est juste une erreur de parcours... Je ne pensais même pas ce que je disais ; l'interrompis je.

- Ah oui, quasiment en larmes tu me hurles que t'es jalouse et tu crois que je vais avaler ton mensonge à deux balles sans rien dire, c'est mal me connaître Parker.

- Bon ça suffit. Qu'est-ce que tu es venu faire ici? Les lèvres de ta blonde n'étaient pas assez pulpeuses ? ; dis je avec ironie.

- J'ai plutôt un penchant pour les brunes de caractère ; commença-t-il en réduisant l'écart entre nous ; aux yeux noisette, qui me rendent dingue sans même le faire exprès. Et bon Dieu leurs corps... Ton corps Ann-Louise, je ne peux me lasser de te regarder...

      Il prit ma joue dans sa main, me força à relever mes yeux vers les siens. Nous restâmes ainsi un long moment avant que je ne prenne la parole.

- Amir je refuse de te servir de jouet, ni même d'être un trophée de ta collection de femmes ; dis je fermement en retirant doucement sa main de ma joue; Aux dernières nouvelles tu es en couple.

- Plus maintenant, ça fait près de deux semaines déjà. C'est toi que je veux Parker. Tu n'as pas idée de ce que j'endure, je t'ai sans réellement t'avoir.

    Je le regardai, troublée par cette révélation. Il en profita pour capturer mes lèvres. Il les embrassa doucement, avant de me demander silencieusement d'entrouvrir ma bouche. Puis s'en suivit un ballet langoureux de nos langues. Mon cerveau ne cessait de cogiter sur la suite des événements, mais mon cœur lui palpitait déjà de ce qui s'apprêtait à être vécu, peu importe si les conséquences sont lourdes.
      Amir fit glisser ma robe le long de mon corps lentement. Je n'oublierais jamais le regard qu'il a déposé sur moi, il était admiratif de mon corps et me l'avait bien prouvé. La maison et la nuit étaient certes calmes, mais on pouvait percevoir mes gémissements dûs aux poussées effrénées de Amir, qui ne se contentait pas juste de coucher avec moi, mais voulait également me marquer. Plus tard, les corps en sueur, épuisés par l'acte, nous nous endormîmes entrelacés. Je pouvais le dire j'avais passé la meilleure nuit de ma vie, avec l'homme qui prenait plus de place chaque jour dans mon cœur... Amir.

                         ***

   Je me réveillai timidement de mon sommeil. Lorsque j'ouvris complètement les yeux, le bras de Amir était posé négligemment sur ma taille. Je repensai immédiatement à la nuit qu'on avait partagé, il avait été différent du Amir mesquin et impassible, cette nuit, il était une toute autre personne, attentionné et très patient. Je voulus replacer une mèche rebelle qui lui tombait sur le front, mais je stoppai mon geste. Mon cerveau que j'avais éteint la veille, était désormais réactivé et m'énonçait les multiples conséquences de cet acte, parmi lesquelles l'indifférence.
    Je me levai donc à pas de loups pour rejoindre la salle de bain après avoir enfilé mon peignoir.

- Où tu vas comme ça ? ; demanda Amir en se réveillant à son tour.

- Euh...nulle part, j'allais prendre un bain; hésitai je pendant qu'il s'adossait sur son oreiller.

- Je connais cette expression. Tu commences à regretter n'est-ce pas? ; conclut il.

     Je ne sais d'où est venue cette spontanéité qui me poussa à aller m'installer sur ses genoux, face à ses yeux légèrement encore endormis mais déjà en colère.

- Bien sûr que non Amir. C'est juste que je me demande quand est-ce-que tout va s'arrêter ; avouai je, il ne fallait tout de même pas que je me voile la face.

- Pour être franc, je n'en ai aucune idée ; il enlaça ma taille de ses grands bras. Mais je suis certain d'une chose, c'est toi que je veux et je ne compte pas laisser quoique ce soit se mettre entre nous.

    Il m'embrassa brièvement, avant de continuer.

- Y compris ce peignoir ; ajouta-t-il en souriant.

- Non, j'ai un bain qui m'attend; ripostai je en essayant de me lever.

- Dans ce cas on le prendra ensemble ce bain.

     Sur ce il me porta dans ses bras pour me conduire à la salle de bain.

      Nous avons fait le tour du propriétaire, avant d'aller à une dégustation de vin, et bien sûr il fallait que Kajal le frère de Amir soit là.

- Tiens donc, ça file le parfait amour par ici; commença-t-il.

- Dégage Kajal, on a pas envie de te voir ; répondit Amir en se levant.

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre. Je voulais juste inviter la belle Ann-Louise à dîner ce soir.

- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, elle est accompagnée. Gare à toi si tu continues à me provoquer.

- C'est ça pauvre andouille, montre ce que t'as dans le ventre, que je puisse un peu m'a...

    Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase, Amir lui avait déjà écrasé le nez de son poing. Je me précipitai entre eux avant que ça n'aille plus loin.

- Et ce n'est que l'échauffement ; annonça Amir en essayant de me pousser sur le côté.

- Non Amir, on s'en va. Tu m'entends Amir?

- Tu ferais mieux de la suivre, espèce de sale con; ajouta Kajal.

- Toi tu la fermes sale merdeux.

     Je ramassai un verre plein de vin que je renversai sur sa figure. Amir pouffa de rire avant que nous ne nous allions. J'eus juste le temps de voir son frère devenir rouge de colère. C'est clair, Amir et moi on faisait une bonne équipe, en le voyant sourire ainsi, je ne pus m'empêcher de souhaiter que ce rêve dure le plus longtemps possible.