De la comédie Au réel...

XXXII.

     Le grand jour était enfin arrivé, l'institut Pure P ouvrait enfin ses portes. J'avais été très excitée durant les derniers jours de préparatifs, c'était la meilleure excuse pour éviter mon frère à qui je n'avais pas parlé depuis ma visite chez Malia. D'ailleurs à ce propos, nous nous étions rendues chez un médecin qui n'avait aucune relation avec ma famille pour nous faire examiner toutes les deux, moi je le fis discrètement car j'avais encore des doutes. Malia était enceinte depuis presque un mois alors que moi je l'étais depuis deux mois déjà. Rien n'avait été anormal durant ce temps me concernant, j'avais mis le fait de n'avoir pas vu mes saignements sur le compte du stress lié à l'adoption de Karly. Nos grossesses évoluaient toutes très bien, et nous nous rendions ensemble à nos rendez-vous d'échographie. J'avais également fait changé d'appartement à Malia, pour éviter que Nate ne débarque après qu'elle l'ait laissé sans nouvelles depuis des semaines.
    Quant à Amir, il n'était toujours pas revenu d'Argentine depuis l'enterrement de son père. Il ne m'appellait que très rarement également, à vrai dire je ne me voyais pas lui annoncer que nous attendions un garçon au téléphone. Heureusement pour moi que mon ventre ne se voyait pas encore, je n'attirais donc ni l'attention de ma famille, ni celle de la sienne. Je voulais qu'il soit le premier au courant avant d'en parler à qui que ce soit sans néanmoins inclure Gina, qui était au courant de tout ce qu'il se passait dans ma vie. Peu importe sa décision, j'avancerais dans cette voie. De toutes façons il était déjà trop tard pour penser à avorter. En plus, Karly semblait enjouée quand j'évoquais la potentielle idée qu'elle aurait un petit frère et cela me suffisait amplement.

    Je me baladais entre les différents invités qui avait répondu présents pour l'ouverture de mon projet. Ma robe mauve à une manche soulignait parfaitement ma silhouette, et à chacun de mes passages on ne cessait de me complimenter. Les gens semblaient également conquis par Karly qui courait partout dans sa robe turquoise. J'étais ravie de la présenter en temps que Karly Parker Santiago, tout comme elle d'ailleurs. Mon père quant à lui, n'était pas très ravi de cette initiative. Tout ce qu'il pouvait faire c'était le grincheux, mais rien n'y changerait. Beaucoup des invités prirent un abonnement annuel en apprenant que Bella s'était abonnée elle aussi -- on tire avantage de la situation de tous, c'est la famille après tout -- et le manager était plus excité que moi de voir tant d'entrain.

Alors que je discutais avec une invitée, je vis Amir dans l'entrée. C'était la première fois que je le voyais avec une veste avec des roses rouges en imprimés, sur un col roulé noir. Il jeta un regard dans l'assistance avant de me voir à son tour. Il avança vers moi tout en me souriant. Je congédiai poliment mon interlocutrice avant de faire quelques pas dans sa direction. Cette semaine avait été longue sans lui, il m'avait terriblement manqué. Je le lui montrai en me jetant à ses lèvres. Il répondit rapidement à mon baiser et rapprocha nos deux corps. Je voulus rester ainsi encore longtemps mais je ne pus m'empêcher de penser qu'il sente un changement au niveau de mon ventre, alors je m'écartai doucement de notre étreinte.

- Doucement Santiago, nous sommes en public. Et je suis une patronne ; dis-je en souriant.

- Tu as bien de la chance que nous soyons en public ma chère patrona; dit-il en déposant un rapide baiser sur ses lèvres. Où est mon rayon de soleil ?

- Elle ne doit pas être loin ; dis-je en vérifiant que Karly n'était pas aux alentours.

- Ok je vais aller la chercher, tu es renversante mi amor.

     Il ajouta en me laissant un baisemain et de s'éloigner dans la foule. Tout semblait bien se dérouler, comme je l'avais prévu. Alors que je donnais quelques consignes à un des serveurs, Nate vint se mettre à mes côtés. Tout se passait à merveille jusqu'à maintenant, pourquoi venait il mettre ma patience à l'épreuve? Je me tournai vers lui, en essayant de retenir ma colère.