XXX.

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   Une semaine était passée depuis la visite nocturne de Amir, nous ne nous étions revus que très rarement après qu'il m'ait raconté cette fameuse journée. J'étais attristée pour lui, il éprouvait un désamour profond pour son père mais néanmoins, le fait qu'il lui dise qu'il allait mourir le rendait très confus dans ses sentiments. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il pouvait ressentir depuis qu'il avait appris cette nouvelle. Tout ce que je pouvais faire, c'est d'être là pour lui, une amie à qui il pouvait parler librement. Une amante avec qui il s'évaderait le temps de quelques instants, car oui nous avions fait l'amour. Dans son bureau pour être exacte. Et encore sans protection. J'y pensais beaucoup ces derniers temps, et d'ailleurs je n'allais pas très bien. Je me fatiguais beaucoup plus vite qu'auparavant, je pensais prendre un rendez-vous chez mon médecin pour la prescription de la pillule alors que j'ouvrais la porte principale pour laisser Karly entrer.

- Papa!; hurla-t-elle.

   Mon cœur fit de gigantesques bonds que je crus faire un arrêt cardiaque. Il n'était pas passé à la maison une seule fois depuis que nous nous étions vus dans son bureau. S'il voulait voir Karly, il passait la chercher à l'école et demandait à Julianne de venir la prendre à son bureau pour la ramener à la maison. Nous nous parlions certes, mais nous ne nous voyions pas beaucoup, entre lui et ses multiples réunions et moi en préparation pour l'ouverture de mon institut. Sans compter le fait qu'il passait ses weekend on ne sait où à faire on ne sait quoi. Je préférai mettre un terme à ces préoccupations en fermant la porte. Je m'approchai de lui et lui fis un rapide baiser avant de me servir un verre de vin. J'avais fait l'effort de refreinner l'envie de le harceler de questions depuis qu'il était dans cet état d'esprit, et je ne m'en sortais pas trop mal. S'il était là et disponible, j'étais heureuse. Dans le cas contraire, on faisait avec et on passait à autre chose.

  Amir mit la table et rapidement nous passâmes à table. Je ne sais pas si le repas venait d'un fastfood mais les ailes de poulet que nous mangions actuellement me rappelaient un peu trop un fastfood très réputé, et je ne pus m'empêcher de me demander pourquoi il avait demandé au chef de rentrer sans cuisiner. En tout cas, Karly mangeait avec entrain, elle était surtout ravie de l'avoir ce soir à la maison. Ils avaient de grandes discussions tous les deux, et Karly comprenait de plus en plus l'espagnol que Amir lui servait à tout va et lui répondait en espagnol quand elle était en mesure de le faire. Je ne parlais pas beaucoup ce soir, je préférais les regarder partager cette complicité grandissante qui les caractérisait tous les deux.

    Après que nous ayons tous vidé nos assiettes, je débarrassai la table et me mis tout de suite à la vaisselle. Je voulais m'occuper le plus possible pour être centrée ailleurs au moment où il déciderait de partir.

- Dime papa, tu vas me lire une histoire ce soir ?; demanda Karly installée depuis peu sur les genoux de Amir.

- No mi princessa, pas aujourd'hui. Julianne est une très bonne lectrice aussi, c'est toi qui me l'a dit ; essaya-t-il de rattraper.

- Ce n'est pas la même chose ; se plaignit Karly.

- Escuchame mi princessa, quand j'aurais un peu plus de temps comme avant je te lirai toutes les histoires que tu voudras. Maintenant fais moi un grand sourire et va au lit.

     Elle s'exécuta avant qu'ils n'échangent des bisous sur le front et de se lancer des "te quiero". Karly vint me trouver derrière l'évier et serra une de mes jambes dans ses bras, je lui lançai un baiser et elle lâcha sa prise pour grimper l'escalier menant à l'étage. Amir quitta à son tour la table et servit deux verres de vin rouge.

- Tu me rejoins ?; dit-il en poussant un des verres dans ma direction.

   Je séchai mes mains pour le prendre, mais je repensai à mes angoisses du début de soirée. Tant que je n'étais pas sûre de mon état, je ne voulais pas boire une quelconque goutte d'alcool, d'ailleurs la coupe que je m'étais servis plus tôt m'avait rendue nauséeuse et je l'avais vidé discrètement sans même y goûter.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant