De la comédie Au réel...

XVII.

     Nous étions déjà dans la salle d'attente depuis plus d'une heure, et mon inquiétude ne s'était pas apaisée. Béatrice sembla surprise et touchée à la fois par l'intérêt que je portais à Karly. Même le café n'avait pas d'effet sur moi. Finalement le médecin revint vers nous. Il semblait très détendu, ce n'était rien de grave selon lui juste une hypoglycémie. Mais je continuais de m'inquiéter, si ce n'est qu'une hypoglycémie, pourquoi nous avoir fait attendre aussi longtemps.

- Euh... Qui sont les parents de Karly ?

- Karly... est une orpheline. En fait on l'a retrouvée il n'y a pas si longtemps. Personne n'a signalé sa disparition. Nous continuons d'attendre que quelqu'un se manifeste ; expliqua sœur Héléna.

- C'est pour remplir les papiers d'admission ?; demanda Béatrice.

- En effet, il nous faut son nom complet et un nom de tuteur.

- Nous... Karly n'a que 4 ans elle n'a dit que Karly. Je suppose qu'elle ne connait pas son nom de famille ; ajouta sœur Héléna.

- Je... Mettez Ann-Louise Parker comme tuteur, et je me charge aussi des frais ; finis je enfin par dire.

- Annie... Tu crois que c'est une bonne idée ? On aurait pu payer les frais mais la tutrice de Karly c'est la sœur Héléna ; intervint Béatrice.

    Le médecin sembla hésiter à remplir le formulaire. J'échangeai un regard avec ma belle-mère, puis avec sœur Héléna. Elle aussi semblait hésiter à me laisser prendre cette décision. Je me dirigeai vers elle et la tint par les mains.

- Ma sœur, vous avez vu à quel point je suis attachée à cette enfant. Je peux vous assurer que je n'ai jamais été aussi attachée à quelqu'un. Donnez moi votre accord, je souhaite vraiment... adopter Karly et prendre soin d'elle s'il vous plaît.

      Elle ne s'attendait pas à cette demande, elle regarda Béatrice, puis déposa son regard sur moi de nouveau.

- Vous en êtes certaine, j'apprécie votre générosité mais un enfant, aussi jeune que Karly a besoin de beaucoup d'attention. Ne vous sentez pas obligée de...

- Je ne me sens aucunement obligée. Au contraire. Et je suis très sérieuse.

     Elle scruta de nouveau mon regard avant de serrer mes mains.

- Je vous crois Ann-Louise. Que Dieu vous bénisse et qu'il vous accorde la force nécessaire pour être à la hauteur de cette tâche.

- Merci. Vous pouvez remplir le formulaire docteur.

      J'étais dans la chambre de Karly depuis une heure déjà. Après que le médecin nous ait donné l'autorisation de la voir, nous y sommes allées. Lorsque je lui ai annoncé que j'allais devenir sa mère, un beau sourire illumina son visage, et remplit mon cœur de joie. Elle avait eu droit à une petite salade, puis un jus naturel avant de s'endormir. Ce qu'elle faisait déjà depuis une heure.
Son sommeil était tranquille, et ses cheuveux noirs étonnamment lisses encadraient son visage tel un rideau. Elle était si belle. Comment quelqu'un pouvait abandonner un être aussi beau. Je passai la main sur sa joue quand j'entendis Béatrice entrer dans la chambre.

- Sœur Héléna a été ramenée à l'orphelinat.

- Très bien.

- J'ai aussi pu contacter mon ami du service de la protection de l'enfance. Il dit qu'il va faire des recherches sur ses parents, si d'ici une semaine personne ne se manifeste, tu pourras lancer la procédure d'adoption, et si tout se passe bien, dans un mois Karly fera partie du clan Parker.

- C'est trop long. Est-ce qu'il n'y a pas un moyen pour que la procédure aille plus vite ?; demandai je en me tournant vers elle.

- Non Annie, mais la bonne nouvelle est que tu peux la garder chez toi dès sa sortie en attendant que quelqu'un fasse signe. À ce propos, le médecin dit qu'elle peut sortir dès demain.