XVIII.

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  Point de vue de Amir.

     Encore une fois je me réveillais épuisé. Depuis ma dispute avec Ann-Louise, je n'avais pas bien dormi une seule fois et ce depuis deux jours. En même temps, comment était ce possible d'avoir un sommeil paisible après avoir blessé intentionnellement la femme dont on est amoureux, pis encore qu'elle décide de vous bannir de sa vie comme un vulgaire animal. Je n'avais pas cessé d'y repenser. Je m'en voulais tellement de lui avoir parlé ainsi. Et je ne pouvais pas profiter du barbecue que sa famille organisait aujourd'hui pour lui parler. J'avais été invité, et certainement comme à chaque fois que je l'ai été Ann-Louise ne viendra pas. Gérard l'avait remarqué depuis un moment déjà, inutile de dire que notre relation s'était encore plus dégradée sur le plan humain. Professionnellement, il n'avait pas de failles, mais dès lors qu'on sortait de ce contexte, j'étais la tête à abattre pour lui.
    Je me trainai sous la douche difficilement. Lorsque Emily vivait ici, elle avait tout redécoré dans la chambre, de la peinture des murs aux serviettes de bain, même la baignoire avait été changée. Je l'avais laissé faire, en espérant pouvoir oublier plus facilement Ann-Louise. Mais la vérité était que j'aurais beau changé tout le mobilier jusqu'à l'infime partie de cette maison, ce serait peine perdue car cette femme je l'avais dans la peau. À peine l'eau chaude m'avait touché le corps, mes pensées m'emportèrent au temps où nous étions ensemble. La salle de bain était notre lieu de prédilection pour faire l'amour. Mon appétit était insatiable à cette époque, et ça l'est encore aujourd'hui. Je ne pouvais m'empêcher de fantasmer sur elle. Et son corps aussi parfait. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si elle avait toujours aussi bon goût, là, entre ses cuisses.
  Je fus tiré de mes pensées salaces par les airs de Beethoven qui embrassaient la maison. Depuis que Élodia s'était installée chez moi, dès que le jour était levé, elle s'installait au piano et ne le quittait que lorsque l'heure de sa visite à la clinique de Abuela arrivait. Élodia lors de sa disparition, s'était juste exilée à Hawaï avec Siméon, son amoureux -- ça me foutait toujours la gerbe de savoir qu'il couche avec ma sœur -- elle était revenue juste après que l'on ait retrouvée Cataluna. Juste après je l'avais assignée à résidence chez moi, et je profitais pleinement de ses compétences artistiques.
  
    Je descendis après m'être vêtu d'un survêtement et je la trouvai près de la baie vitrée, assise derrière le clavier du piano à queue dans son peignoir, comme d'habitude. Je lui souris avant de m'installer à table pour commencer à déjeuner. Je saisis le journal de papier qui était sur la table, et je sentis ses bras autour de mon cou.

- Tu t'arrêtes déjà ? C'est tôt ; dis-je en souriant.

- C'était juste pour te remonter le moral, je n'avais pas très envie de jouer aujourd'hui.

    Elle s'installa à son tour à table.

- Tu joues merveilleusement bien, Élodia.

- Obviamente estoy jugando bien. Yo soy la mejor. ( Évidemment que je joue bien je suis la meilleure.)

- J'ai toujours apprécié ta modestie hermana ; dis-je ironique. Il ne descend pas ton... petit ami?

- Non, il était trop crevé après la nuit torride que je lui ai offerte ; sourit-elle en mordant dans un croissant.

- Por favor, ahórrame eso! (s'il te plaît épargne moi cela); soupirai je en levant les yeux au ciel.

- Buenos dias a Todos; salua Siméon.

- Amor !

        Il vint embrasser ma sœur à pleine bouche, et tout ceci devant moi, sans aucune gêne. À croire que ce n'est pas ma maison.

- Mais je t'en prie, tu peux aussi la prendre sur la table tant que tu y es.

- Je ne te cache pas que cette idée m'a traversé l'esprit, et pas qu'une fois ; répondit il.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant