XXI.

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   Point de vue de Amir.

      J'enfilai rapidement la veste à motif bleu de mon costume trois pièces, puis j'admirai à nouveau mon reflet dans le miroir. J'étais différent de mon aspect il y'a encore quelques jours, ma barbe avait été taillée et mes contours avaient été refaits. Il était hors de question de me rendre à ce mariage l'aspect négligé, surtout en sachant que Ann-Louise y serait. Depuis que je lui avais avoué mes sentiments, j'ai été tenté de l'appeler -- après avoir abusé du scotch -- à plusieurs reprises. J'aurais pu céder à la dépression, mais sans l'intervention de ma sœur je serai resté sur cet échec. "Si Ann-Louise, ne veut pas envisager un futur avec toi, es su problema. Mais je t'interdis de perdre pied." Les paroles cinglantes de Élodia résonnaient encore dans ma tête, et elle avait raison. Ann-Louise restera un beau souvenir à mes yeux, mais je devais avancer, même si cela me demanderait des efforts surhumains.

   Je rejoignis Élodia dans notre parking, sa robe noire à une manche lui donnait une parfaite allure. Ses longs cheveux blonds désormais étaient retenus en une queue de cheval près de la nuque. Je toussai pour lui signaler ma présence, elle se retourna vers moi.

- ¡Qué calor! Tu es presque aussi beau que Siméon; ajouta-t-elle après avoir sifflé.

- Ce genre de comparaison ne devrait même pas se faire, je suis de loin, l'homme le plus beau de ta vie Élodia ; répliquai je.

- Non plus maintenant ; sourit-elle.

       Elle se rapprocha de moi pour ajuster le nœud papillon de mon costume, avant de passer ses mains sur mes épaules.

- Comment te sens-tu ?; me demanda-t-elle.

- Tu sais parfaitement comment je vais Élodia.

- Je m'en doute oui. Mais je veux que tu gardes la tête haute, et que tu t'amuses. Même si on va à un mariage, où ton ex fiancée est également invitée.

      Je ne pus m'empêcher de sourire face à cette remarque, j'avais presque oublié cette partie de notre histoire. Et dire que nous avions monté cette histoire de toutes pièces et fait croire à nos familles respectives que nous étions amoureux. Aujourd'hui encore, il arrivait à Abuela et Élodia de me demander la raison du report de notre mariage. Je suis le premier à me le demander. Autrefois Ann-Louise et moi cherchions à échapper à la pression qu'on avait respectivement, j'étais loin de me douter que je finirais par être réellement amoureux d'elle. Et aujourd'hui je cherchais à échapper à cet amour. Son silence de la dernière fois, n'avait fait que me confirmer le fait de l'avoir perdue à tout jamais. Je devrais désormais me faire à cette idée.

- Je ne veux pas que tu te sentes mal Amir, ce n'était pas une bonne idée d'en...

- No, es nada. Estoy muy bien ; ( Ce n'est rien. Je vais bien ) souris je. Par contre le noir à un mariage ?

- Oh... Figure toi que je vais jouer ce soir. Et en tant qu'artiste, je me dois d'être dans les tons de l'orchestre. Maintenant on ferait bien se rendre à ce mariage.

   
       Elle ouvrit la portière du côté passager du Range Rover noir, et je m'installai derrière le volant. À bord du véhicule, Élodia essaya de me distraire avec les histoires de son voyage, j'essayais comme je pouvais de l'écouter mais mon esprit était ailleurs. Je ne pouvais me résoudre à l'idée que je n'aurais plus jamais Ann-Louise. Je voulais réessayer une nouvelle fois, quitte à me prendre un autre mur. Mais je voulais réessayer.
Alors que nous approchions du chalet qui avait été loué pour la cérémonie, une excitation commença à me gagner, rien qu'à l'idée de savoir qu'elle fera partie des invités.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant