XI.

167 24 0
                                    

     Après avoir pris l'ascenseur jusqu'au hall de la société, je croisai Malia qui revenait dans cette direction. En m'approchant d'elle, j'entendis Roger m'appeler. Je m'arrêtai aussitôt pour l'attendre.

- Salut ; dit-il en arrivant à ma hauteur.

- Salut, je pensais que tu ne m'adressais plus la parole ; souris je timidement.

- Faut avouer que ton retour était loin de ce que j'avais imaginé. Tu vas où avec tous ces cartons ?

    En baissant les yeux sur le carton que je tenais en main, je regardai vers Malia qui s'en saisit aussitôt et s'éloigna avec.

- Moi non plus je n'avais pas imaginé que je me ferais virée lorsque je rentrais à New-York ; souris je.

- Oh... C'était donc ça la raison de ce conseil extraordinaire.

- Pas vraiment, mais bon ce qui est fait est fait. Mon parcours à Walden Company vient de s'achever.

- Je ne sais pas quoi te dire, mais en tout cas tu as l'air de bien prendre la chose.

- Un "désolé" où n'importe quoi d'autre dans ce sens aurait suffit tu sais ; dis-je avec ironie. Enfin bref, je ne vais pas te prendre plus de temps, tu as certainement du travail. À bientôt.

    Je me tournai pour partir lorsqu'il m'interrompit une nouvelle fois.

- Ann-Louise, est-ce que Gina est au courant ?

- Je suis presque sûre d'être la dernière personne dont Gina voudrait des nouvelles. On s'est disputées hier.

- Oh, je n'étais pas au courant.

- Bonne journée Roger; dis-je cette fois en essayant de presser le pas.

    J'arrivais presque aux portes du bâtiment lorsqu'il courut cette fois pour me rattraper.

- Tu pourras essayer de lui parler demain, elle sera là.

    Je le regardai subjuguée par ce qu'il venait dire.

- Bah quoi, t'es toujours invitée au dîner de fiançailles. Après tout, c'est pour mon mariage que tu es revenue non?

- Tout à fait, et je suis ravie d'être là pour y assister. Je ne manquerai pas ton dîner ; dis-je en lui tenant la main.

- Super, dans ce cas à demain Annie. Je sais que tu sauras te lever de cet affront ; ajouta-t-il en me serrant dans ses bras.

    C'est à ce moment que je pris réellement conscience du fait que je ne ferais plus partie de cette entreprise. Je ne me presserai plus le matin pour être la première à arriver, ni ne traînerais plus à rentrer la dernière. Mes occupations que j'avais bâties autour de cette société perdaient de leurs sens, et tous les projets que j'avais imaginé pour cette entreprise s'écroulaient.

- Allez, vas-y maintenant ; lui dis-je en le tenant par les épaules.

    Il rebroussa chemin pendant que je le regardais s'éloigner. Je finis enfin par sortir du bâtiment, j'entrai dans la Bentley noire qui m'attendait dehors. Et le chauffeur nous conduisit chez moi. Plus on s'éloignait de ce bâtiment plus mon cœur se serrait. J'avais mal, presque qu'aussi mal qu'une mère à qui on arrache son nourrisson, -- techniquement je ne pouvais pas prendre cet exemple, mais ma mère m'a toujours dit que ça ressemblait à cela-- et tout ce que j'avais envie de faire, c'était de m'enfermer chez moi, pleurer et finir des bouteilles de vin.

     
    
                          * * *

     Il était 17h, lorsque Malia entra dans ma chambre sans que je ne l'ai autorisé à le faire.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant