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     Je n'avais pas prévenu Amir de mon retour, histoire de lui faire une surprise. Gunter s'était montré très charmant en acceptant de me ramener, il me proposa même de patienter quinze minutes avant de retourner chez mon père. J'acceptai puisqu'il semblait ne pas vouloir changer d'avis.
     Ainsi donc, il fit comme prévu lorsqu'il se gara devant l'appartement de Amir. Je rejoins donc l'appartement silencieux; en entrant dans le salon des bouteilles de bière jonchaient le sol et la grande table de verre. Je ne m'attardai pas longtemps et je pris l'escalier pour rejoindre notre chambre. Quelques rayons de lumière s'échappaient de la pièce, signe qu'il ne dormait pas encore; c'est donc avec un grand sourire que je poussai la porte, mais mon sourire retomba très vite en découvrant Emily affalée sur notre lit, recouverte de mon peignoir de satin rouge, certainement nue -- sa robe était négligemment étalée au sol -- le visage recouvert de sueur. Tout portait à croire qu'il s'était passé quelque chose dans cette chambre.

- Ah t'es là toi. Tu avais raison Ann-Louise, la copie ne vaut pas l'original; sourit elle mesquinement.

   "Où est Amir?" pensai je alors qu'elle se délectait de voir mon visage se décomposer lentement.
      Au même moment, il sortit de la salle de bain qui était en face du lit, se séchant les cheveux à l'aide d'une serviette, vêtu d'un débardeur gris et d'un jogging noir.

- Emi, faut vraiment que tu partes parce que...

- Alors c'est comme ça que tu procèdes, après ta sale besogne tu les dépêches vers la sortie; l'interrompis je, la voix enrouée.

- Annie? Mais mon cœur...; Qu'est ce que tu lui as raconté toi?; dit il en s'adressant à son ex. Et d'ailleurs qu'est ce que tu fous sur ce lit ?

- Il n'y a pas grand chose à dire Amir, bonne nuit .

     Sur cette dernière phrase je sortis de la pièce sans attendre mon reste, au bord des larmes. Alors que je descendais l'escalier aussi rapidement que mes chaussures de 10 cm le permettaient, Amir était à mes trousses et avait réussi à me rattraper alors que j'achevais l'escalier.

- Mon cœur tu dois m'écouter, tout ce qu'elle a pu te raconter est archi faux. S'il te plaît laisse moi le temps de...

- Me manipuler? J'avais confiance en toi, et tu me fais ça?; répliquai je.

- Tu n'as pas suivi ma version Annie ce n'est qu'une menteuse! S'il... s'il te plaît laisse...

- Gunter m'attend; lâchai je tranquillement.

- Quoi? Mais c'est qui celui-là?

- Quelqu'un qui vaut mieux que toi à mes yeux. Lâche moi

      Après qu'il ait lâché mon bras, je me dirigeai à l'extérieur de l'appartement où Gunter s'apprêtait à partir.

- Mlle, un problème?

- Rentrons à la maison, je n'ai plus rien à faire ici.

     Il hocha la tête sans me questionner davantage. Gunter était le chauffeur personnel de mon père, depuis plusieurs années déjà. On l'admirait tous pour sa capacité à savoir quand se taire et à quel moment l'ouvrir. En plus de cela très efficace dans son rôle de chauffeur. C'est avec un air de jazz qu'il combla le silence de l'habitacle.
      J'étais triste, Amir n'était pas celui que je croyais. Mon cœur est brisé, l'homme que j'aime m'a trompé et je crois que cette déception... je ne la supporterais pas.

                           ***

     Le réveil fut difficile pour moi -- normal après la bouteille de vin rouge que j'avais enfilé -- dehors le jour était déjà bien levé, il devait être 11 heures ou plus. Je consultai mon téléphone et c'est sans surprise que je découvris une pile de messages de Amir, sans y réfléchir je les supprimai tous. J'avais aussi un message de ma mère, elle m'informait qu'elle était à New-York avec ma sœur, et elles se rendaient ensemble au cabinet du médecin qui allait s'occuper de notre thérapie de famille. Le rendez-vous avait lieu à 12h, je me dépêchai autant que je pouvais pour me préparer et réussir à me rendre à temps à la séance que j'avais sollicité.
          J'avais enfilé un jeans noir, un pull jaune et noir et des bottines en cuir noir. J'avais posé mes lunettes de soleil sur le nez et j'avais grimpé dans la Jeep bleu nuit de mon père.
 

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant