Nous étions allés déjeuner dans un café à Caldman Plaza. C'était un café très convivial, et dans les tons des années 80, le café y était effectivement bon, mais les pancakes étaient divins. Jack et moi avons discuté sur plusieurs sujets aussi banals les uns des autres, en passant du dernier match des Lakers, au championnat de baseball -- que d'ailleurs je ne suivais pas assidument -- on en est même arrivés à parler de nos vies sentimales, enfin surtout lui. Moi j'étais tout bonnement gênée de parler de la mienne à quelqu'un que je venais à peine de rencontrer.- Je me demande si ces gens savent que tu es millionnaire ?; me taquina-t-il.
- Et à quoi leurs servira cette information ? À détester le capitalisme plus qu'ils ne le détestent déjà ?; souris je.
- J'ai grandi dans ce quartier tu sais, les gens ne demande pas grand chose juste un peu plus d'emplois, la sécurité dans le quartier. Les gamins se perdent facilement dans ce genre de zones; me confia-t-il.
- J'aimerais tellement faire quelque chose, mais je ne saurais pas m'y prendre. C'est ma belle-mère qui est à l'aise dans ce domaine.
- J'ai entendu parler d'elle, à ce qu'il paraît elle s'intéresse aux orphelinats des quartiers défavorisés. Tu pourrais l'accompagner un de ces quatre. Qui sait, probablement tu décideras de la rejoindre dans son mouvement ; sourit il.
- Je lui en parlerai. Merci de m'avoir fait découvrir cet endroit, je risque m'y abonner; déclarai-je en prenant une autre bouchée de pancakes.
- Tout le plaisir est pour moi Ann-Louise. Et... Je ne te cache pas que je serais ravi de multiplier des occasions comme celles ci.
- Jack... Je suis flattée, mais...
- Ne prends pas de décisions hâtives s'il te plaît, tout ce que j'essaie de dire c'est que j'aimerais passer plus de temps avec toi. Tu peux prendre le temps que tu voudras, rien ne presse.
Il sourit et déposa sa main sur la mienne. Soudainement une sensation étrange me traversa, un sentiment de remords, ou de culpabilité. Dû à quoi? Certainement au fait que je ne me voyais pas dépasser le stade de l'amitié avec Jack. Non. Il y avait autre chose, je pouvais le sentir clairement. Tout au fond de moi, j'espérais que Amir continue ses tentatives de séduction avec moi, et je savais que le moindre obstacle, il interprèterait mal ; en plus de cela il chercherait à s'en débarrasser. Mais bon sang, je ne veux plus de Amir!
Je me ressaisis au moment où mon portable sonna pour la énième fois.- Encore ton frère ; soupira-t-il.
- Il a certainement besoin de moi, sinon il n'insisterait pas autant ; répondis je en voyant son air dépité. Il faut que j'y retourne Jack.
- Oui biensûr je comprends, moi aussi il faut que je retourne à mon poste.
Nous sortîmes en silence du café après qu'il ait réglé la note. Il y avait un silence de cimetière dans cette voiture sur le chemin de retour, et comme si cela ne suffisait pas, la météo décida de s'y mettre et de fines gouttes de pluie commencèrent à danser à l'extérieur.
Jack se gara à l'extérieur du bâtiment, il sortit avec un parapluie avant de m'ouvrir la portière, lorsque je sortis de celle-ci, je ressentis l'envie de le rassurer.- Au sujet de ce que tu as dit, je suis quelqu'un de très pris et je m'accorde difficilement du temps pour moi. Alors... si tu tiens toujours à ce que nous nous...
- Je suis sûre que les occasions se multiplieront ; ajouta-t-il en souriant.
Il avait sans nul doute un beau sourire, de très beaux yeux verts. Je ne vois vraiment pas pourquoi me priver d'une telle opportunité. Surtout que je suis célibataire, ce qui n'est pas le cas de Amir. Alors au lieu d'attendre indéfiniment qu'il daigne se prononcer sur ses réels sentiments, je devais me donner l'occasion de tourner définitivement la page. Et vivre le présent.
Je lui souris à mon tour avant de l'embrasser sur la joue, au moment où je m'apprêtais à quitter l'abri que nous offrait ce parapluie, il me tint par la main et m'embrassa doucement. Je fus stupéfaite de son audace, et très ravie qu'il ait pris cette initiative. Ses lèvres quittèrent les miennes doucement, puis il chercha dans mon regard une espèce d'approbation. Je le regardai longtemps avant de lui sourire.- Il va falloir que j'y aille cette fois sinon mon pantalon risque finir ruiné.
- J'accepte cette fois. Je t'appelle plus tard.
- J'attendrai ton appel impatiemment ; souris je avant de courir vers le hall du bâtiment.
Je dois avouer que j'en faisais un peu des tonnes, mais je voulais réellement essayer de voir où tout ceci me mènerait. Qui sait j'en tomberais peut-être amoureuse ? Je ne pus m'empêcher de plaquer un sourire sur mes lèvres, au moment où j'appuyais sur le bouton d'ascenseur qui menait à l'étage de Nate.
***- Ton mentor a décidé de te larguer? ; demandai je en entrant dans le bureau de mon frère.
- Non, il avait une réunion. Et j'ai voulu que ma sœur préférée me vienne en aide.
- Si seulement ta sœur préférée en avait les compétences ; dis-je en m'installant en face de lui.
- T'es sérieuse ? Tu es rentrée ici ce matin en disant que tu étais là pour me guider !; dit-il ahuri.
- Oui, mais ça c'était avant de me rendre compte que tu bosses dans une entreprise pour logiciels en informatique. Et on sait tous les deux que l'expert ici c'est toi Nate. Tout ce que je peux faire dans cet immeuble, c'est jeter un œil aux finances. Et encore, nous savons que ton cher ami Amir ne le permettra jamais.
Il déposa son stylo et croisa les bras sur la table de son bureau. Il me regarda d'un air contrarié. Attendant certainement que je lui propose une alternative.
- Nate, tu seras amené à diriger l'empire bientôt. Il faut que tu apprennes à te faire confiance. Si tu n'as pas confiance en toi... Il est clair que nous courrons à la ruine; ajoutai je sur une note plus légère.
- Ça ne m'amuse pas Annie, j'ai tellement de pression. Et j'ai peur de me tromper, peur d'échouer; me confia-t-il.
- L'échec fait partie de l'apprentissage Nate. Et je sais que tu seras à la hauteur des responsabilités qui t'attendent. Tu n'as pas besoin de te mettre autant la pression.
- Est-ce que tu es entrain de me dire de me démerder tout seul Annie?
- Je dois avouer que c'était un peu mon but.
Nous sourîmes tous les deux.
- Je peux rester dans tes pattes deux semaines tout au plus, mais en échange, je veux que tu me trouves tous les bilans financiers de cette boîte. Ce n'est que pour m'occuper, pendant que tu seras en train de discuter logiciel, prototype et tout ce qui va avec ; dis-je en déposant mes mains à plat sur le bureau.
- Tu promets ne pas créer des ennuis à Amir?; demanda-t-il.
- Amir ? Qui c'est lui? Ton coursier ? jamais entendu parler.
- Je prends ça pour un oui. Vendu.
J'applaudis doucement avant de m'installer dans un de ses fauteuils, le laissant vaccer à ses occupations.
Depuis mon téléphone, je discutais avec mon avocat chargé de l'achat du bâtiment pour mon institut. Il m'assurait que le terrain serait prenable si nous assurons à l'hôtel de ville que c'était un projet rentable aussi bien pour moi que pour les habitants de ce quartier. En effet je prévoyais avoir une clientèle diversifiée, mais surtout de créer des emplois, comme l'avait suggéré Jack. Peut-être pas dans un quartier comme Caldman Plaza, mais le personnel pourrait être en priorité des personnes de ce quartier.Il était un peu plus de 20h, lorsque je décidai de rentrer chez moi. Nate avait voulu rester plus longtemps. Tout l'étage était déjà presque vide et les lumières de la ville illuminaient déjà la nuit. Je m'empressai de rejoindre ma voiture pour rentrer chez moi, la tête pleine d'idées pour mon nouveau projet. Mais surtout, une excitation vis-à-vis de la relation naissante entre Jack et moi.
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De la comédie Au réel...
RomanceAnn-Louise Parker, jeune femme seulement âgée de 25 ans a déjà tout pour elle, un bon travail dans lequel elle excelle, une vie considérée comme monotone et incomplète pour sa mère par le simple fait qu'elle ne soit pas mariée. Lorsqu'elle revoit un...