XXV.

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    Point de vue de Amir.

       Depuis bientôt un mois, je me faisais régulier chez Ann-Louise. Pendant que je passais le plus souvent chez elle en semaine, Karly et elle me rejoignaient le weekend. D'ailleurs au sujet de Karly, je m'étais tellement rapproché d'elle au point où si je faisais faire livrer des fleurs à Ann-Louise, Karly avait droit au sien. J'étais toujours ravi d'entrer dans sa chambre et de constater que mes récents bouquets ornaient celle-ci. Nos sorties se multipliaient, toute occasion était bonne pour être en compagnie de Karly. Je m'étais proposé de nombreuses fois pour aller la chercher à son école et la ramener au bureau. À mon étage, tout le monde était au petit soin pour ce petit être qui remplissait mon cœur de bonheur. Elle continuait à m'appeler Amir, mais me répétait sans arrêt que j'étais le meilleur papa du monde. Si on m'avait dit quelques années plus tôt que je serais ravi d'avoir ce genre de responsabilités, je me serais probablement enroulé de rire.

   Aujourd'hui encore, j'avais prévu une autre sortie avec Karly. J'arrivai chez Ann-Louise un bouquet de roses à la main, et j'ouvris la porte principale. De l'entrée on avait vu sur l'ensemble des pièces du rez-de-chaussée, et je ne tardai pas à les voir toutes les deux autour de l'îlot de la cuisine. Karly remarqua ma présence après que j'eus refermé la porte derrière moi. Elle descendit rapidement de son siège pour venir à ma rencontre et me sauter dans les bras.

- Amir !; hurla-t-elle ravie.

- Mi princessa, comment vas-tu ?; lui demandai je en l'embrassant dans le cou.

- Ça chatouille ; se plaignit elle en riant.

     Son rire était très vite devenu l'un de mes meilleurs sons. Et je me plaisais à la faire rire continuellement. Je la reposai au sol, avant de la suivre jusqu'à la rencontre de Ann-Louise. Elle avait troqué ses continuels tailleurs femmes par un jeans et un T-shirt blanc. Ses cheveux étaient relevés en une queue de cheval, qui n'était plus aussi longue qu'avant depuis qu'elle s'était faite couper les cheveux. Alors que je m'approchais d'elle, elle me sourit.

- Elles sont pour qui cette fois ?; demanda-t-elle en jetant un œil à Karly qui suivait le bouquet des yeux depuis qu'elle s'était rassise.

     C'était devenu leur passe-temps favori à toutes les deux, deviner pour qui serait le bouquet, si j'en amènais un. Karly savait déjà que les rouges n'étaient jamais pour elle, et Ann-Louise se plaisait toujours à rigoler face à sa mine déçue. Je jetai un regard à Karly, qui me regarda, le désespoir se lisant dans les yeux. C'était dingue la manière dont elle arrivait à dramatiser cette histoire de fleurs. Elle était bien partie pour une carrière d'actrice.

- Perdón mi princessa, son por tu mama; ( Pardon ma princesse, elles sont pour ta mère ) dis-je en lui souriant.

- En français, ça veut dire qu'elles sont pour moi Karly ; ajouta Ann-Louise en se saisissant du bouquet.

- Mais hier tu as dit que... Que j'en aurai encore aujourd'hui ; se plaignit elle.

- Oui, mais hier je n'ai pas dîné avec maman, je devais me faire pardonner. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on sort tous les deux.

- C'est vrai ?; sourit-elle.

- Sí mi princessa, va chercher tes affaires on y va dans peu de temps.

     Elle n'eut pas besoin qu'on le lui répète plusieurs fois et courut en direction de l'escalier pour rejoindre sa chambre. Dès qu'elle fut partie, je me rapprochai de Ann-Louise et l'embrassai. Je ne me laissais pas de le faire, j'aimais le contact de ses douces lèvres sur les miennes.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant