De la comédie Au réel...

I.

       Depuis que l'entreprise a été remise à flot, j'ai fait institué avec le comité d'administration, une sorte de fête pour les employés, où plusieurs partenaires dans la même filière que l'entreprise et même d'autres de divers domaines se retrouvent autour d'un cocktail pour échanger. Créer de nouvelles opportunités pour l'entreprise et permettre aux employés de souffler et d'élargir leurs horizons, pour voir où leur chemin les conduira. Ce cocktail a lieu aujourd'hui dans l'après midi, mais je dois auparavant faire un crochet à l'entreprise pour signer de la paperasse.
      Dès ma sortie du spa, j'entre immédiatement dans le pickup Ford noir, qui me dépose une demie heure plus tard devant l'immeuble de 20 étages vitré, chapeauté du nom de la société. Je descends du véhicule, aidée de mon chauffeur avant d'entrer dans la bâtisse.
Les quelques employés qui sont dans le hall me saluent tous poliment et je leurs réponds par un sourire. Le portrait de ma personne accroché près des portes d'ascenseur me fait toujours sourire, même s'il me fait passer pour une dictatrice narcissique. J'appuie sur le bouton du dernier étage alors que je reçois un n-ième appel de Karol Walden, la co-directrice de la boîte. Comme tous les précédents, je ne décroche pas. Lorsque la sonnette de l'ascenseur indique que je suis à bon port, c'est sans surprise que je la découvre après que les portes se soient ouvertes.
Karol est la sœur du PDG de l'unité centrale de la société, elle était celle qui m'a guidé lors de mon arrivée dans cette nouvelle ville, et ma seule amie aussi. Cette blonde m'a fait découvert le Québec de fond en comble, la plus détendue et fêtarde d'ici; mais dès qu'il s'agit de l'entreprise familiale, elle passait en mode sérieux, ne laissait pas le hasard dicter ses choix et très tenace quand il s'agissait de négociation. Sa robe droite noire mettait bien en valeur ses larges hanches. Perchée sur ses talons de 10 cm elle me dépassait en taille, son maquillage léger et frais la rendait plus que belle, mais bon je n'avais rien à lui envier.

- Rassure moi Annie, tu as choisi délibérément de ne pas prendre mes appels n'est ce pas? ; demanda- t- elle agacée.

- Bien joué Sherlock!; répondis je en la dépassant pour longer le couloir qui menait à mon bureau, avec elle sur mes talons.

- Et on peut savoir où tu étais toute la matinée?

- Au spa, je devais me faire pomponner pour ce soir, après tout je suis celle dont on veut à tout prix serrer la main à ce genre de soirée?; souriai je.

- Annie on avait une réunion avec le comité d'administration ce matin, et la DG n'était pas là!

- Et alors? T'étais là non? Karol je n'ai pas de temps à perdre avec des situations que tu peux et que tu as déjà gérer. J'ai une heure devant moi pour signer quelques documents alors... Merci de te retirer.

- Il y a autre chose, à propos de cette réunion avec le comité; ajouta-t-elle en fermant la porte vitrée derrière elle.

- Étonne moi ! ; dis je sarcastique, tout en allumant mon laptot.

- Mon frère a appelé, il veut que tu le remplace à New-York pendant quelques temps.

- En quel honneur? Il y a des secrétaires généraux à même de le remplacer là bas. Je ne vois pas l'intérêt de me déplacer... J'ai l'impression que tu omets de me dire quelque chose; dis je suspicieuse.

     Elle prit le siège en face de mon bureau, déposa sa tablette sur ce dernier avant de poursuivre.

- En effet. Walden Coorporation- NY perd de l'influence sur le marché, la société bat de l'aile et mon frère a besoin de quelqu'un qui a déjà vécu cette situation pour le suppléer le temps... Qu'il se fasse soigner ; dit elle calmement.

- Dis moi Karol, j'ai l'air d'une débile? Ton frère veut aller en lune de miel et tu parles de soins? Et puis d'ailleurs c'est lui le boss pas moi, il a une armée de conseillers à ses ordres, une équipe de gestion également, qu'est ce que j'y irai faire. Ma place est ici. S'il souhaite réellement que quelqu'un le remplace, pourquoi pas toi? Tu es sa sœur quand même.