XXXVII.

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    J'étais déjà à sept mois de grossesse lorsque Amir avait proposé qu'on aille tous les deux à Miami pour son anniversaire. Il avait souhaité le passer uniquement avec moi, bien sûr j'avais été flattée, ce n'était pas tous les hommes qui acceptaient de passer leur trente troisième anniversaire avec leur compagne avec un ventre aussi gros qu'une mongolfière. Surtout qu'il n'y avait pas tellement d'activités à faire avec moi, qui m'essouflais plus vite que jamais auparavant. Il souriait à chaque fois que je le lui répétais après quelques pas durant nos longues marches sur la plage.

    Nous nous apprétions à dormir après l'une d'elles, la veille de son anniversaire. Il venait de me faire un massage des pieds -- qui m'avait d'ailleurs fait un bien fou -- et venait de s'installer près de moi dans le lit.

- Tu deviens de plus en plus fatiguée Amor ; commenta-t-il en ajustant mes oreillers.

- J'aimerais bien t'y voir avec un ventre aussi énorme ; ripostai je en lui donnant une tape sur l'épaule.

- Je m'en donnerais à cœur joie si c'était possible ; se moqua-t-il avant de me donner un baiser.

      Ses baisers. Les meilleurs que j'ai reçu de toute mon existence, je me délectais de chacun d'eux et poussais toujours un grognement de mécontentement lorsqu'il s'arrêtait.

- Alors... Que comptes-tu faire pour demain ?; lui demandai en me tournant vers lui.

- Oh... Juste une soirée bowling avec la famille. Je ne veux pas que tu sois exposée à une musique trop forte ; sourit-il.

- C'est une belle attention Santiago.

      Je lui caressai la joue, et il déposa sur ma main un baiser au passage.

- Tu sais que cette date est devenue ma préférée ?

- Vraiment?; demandai je surprise.

- Depuis que tu m'en as fait prendre conscience, exactement ce jour, il y'a cinq ans.

     Je souris en pensant à cette soirée où il m'avait livré ce secret qu'il avait gardé pour lui toute sa vie.

- J'ai eu de la chance d'avoir eu un frère comme Andrel, et tu sais ce que je me disais ?; dit-il en s'approchant de mon ventre où il déposa un baiser.

- Quoi donc ?; dis-je en lui passant la main dans les cheveux.

- Ce serait un très beau cadeau que nous appelions notre fils Andrel; dit-il en me souriant.

- Je me doutais que tu dirais ça, alors je peux bien te l'accorder pour ton anniversaire, en plus on ne sera plus obligé d'appeler notre enfant le bébé ; me moquai je.

      Jusqu'à présent si on voulait parler de notre enfant, on disait "la chambre du bébé" ou encore "la santé du bébé" et ça après que j'ai interdis à Amir d'appeler mon ventre "Amir Junior". Quelle horreur ! Il me rejoint dans mon rire avant de m'aider à mieux m'installer sur les oreillers et d'allumer les lumières. Moi qui sentait déjà le sommeil m'emporter, Amir lui n'était pas de cet avis.

- Amir il est tard, et si tu tiens à ce que j'ai un minimum d'énergie pour ta petite boom éteint moi ces foutues lumières et reviens te coucher; dis je agacée.

- On dirait qu'en cinq ans tu n'as pas chassé cette expression de ton vocabulaire ; dit-il en s'éloignant dans la salle de bain.

     Il ne tarda pas à revenir dans la chambre, n'ayant rien rapporté visiblement. Je roulai des yeux avant de reprendre la parole.

- Tu crois vraiment que pour un aller retour rapide à la salle de bain il fallait que toute la chambre soit éclairée.

- Non, mais je voulais que la pièce soit éclairée pour ça.

      Il sortit de la poche de son short un écrin de velours noir, qu'il ouvrit pour laisser la lumière tomber sur la beauté d'une bague dont la pierre était un beau diamant. Elle était tellement belle, j'en perdis les mots. Je passai mon regard de la bague à Amir, en l'incitant à m'expliquer ce qui était en train de se passer.

- À vrai dire j'avais espéré un autre cadeau d'anniversaire de ta part. Tu me combles de bonheur Ann-Louise, je n'ai jamais aimé une femme comme je t'aime toi. Tu es déjà la mère de mes enfants, et tu rendrais mon anniversaire encore plus particulier... Si tu acceptais de devenir Senora Ann-Louise Parker Lewis Santiago.

      Il avait prononcé ces dernières paroles en déposant un genou au sol. Je n'en revenais pas, Amir était en train de me demander de l'épouser! Je ne voyais pas le mariage comme une bonne expérience, après avoir vu celui râté de mes parents. Je ne voulais pas que cela m'arrive également, notre relation actuelle me convenait parfaitement. Il ne devrait pas se sentir obligé de me faire une demande.

- Amir...; dis-je en me rapprochant de lui.

- No mi Amor, je sais que tu as un mauvais souvenir du mariage avec l'expérience de tes parents, mais... Nous ne sommes pas tes parents. Nous deux, notre amour a survécu à cinq longues années loin l'un de l'autre, ainsi qu'à des milliers de disputes aussi inutiles les unes que les autres. Aujourd'hui nous avons une famille, qui va encore s'agrandir, la famille Lewis Santiago, pas les Santiago et une Parker. Et souviens toi, que notre histoire... a commencé par un mariage ; ses yeux brillaient d'émotion.

- Amir...

- Je tiens à ce que tu aies tout de moi, autant que mes enfants. J'y entends mes biens, mon nom... Et mon amour. Te quiero mi Amor. Il ne tient qu'à toi, de décider de notre avenir. Épouse moi Ann-Louise.

        J'étais très à fleur de peau depuis que j'approchais du terme de la grossesse, et de voir autant de sincérité dans la voix et les yeux de Amir me mit les larmes aux yeux. J'avais peur du mot mariage. Mais autrefois j'avais aussi peur de me lancer dans une relation avec Amir, et aujourd'hui j'étais ravie de partager sa vie tous les jours. Là encore, il éméttait le souhait de me voir partager son nom. Ce n'était qu'une formalité si on y regarde bien, car nous vivions déjà comme un couple marié. Je voulais vivre ainsi toute ma vie, et la proposition de Amir ne faisait qu'accroître ce désir. Nous serions désormais liés à jamais, et qui plus est par les liens du mariage.

- Dis quelque chose Annie ; me supplia-t-il.

- Que veux-tu que je dise... En dehors d'un grand oui Santiago.

- Perdón ?

      Il était surpris de ma réponse. Certainement s'attendait il à argumenter encore un bon moment. Je me levai du lit où j'étais assise et vins l'embrasser. Il se leva et noua ses bras autour de ma taille.

- Tu ne me fais pas marcher rassure moi ; s'assura-t-il entre deux baisers.

- Non du tout ; souris je.

- Alors ceci est à toi.

      Il glissa la bague sur mon annulaire gauche. Autrefois il m'avait glissé une bague sur ce doigt, dans cette ville qui avait vu naître notre amour. Mais cette bague n'avait de valeur ni à ses yeux ni aux miens. Celle-ci, représentait l'amour que nous nous portions, une promesse d'un amour éternel, et d'un prochain mariage qui cette fois ne serait pas annulé.

- Elle te va à ravir ; sourit-il en embrassant ma tempe.

- Merci mon amour ; dis je en me tournant vers lui.

- Merci à toi, d'être entrée d'une manière aussi impromptue dans ma vie. Sans quoi je n'aurais jamais su ce qu'est le bonheur.

- Cette fois... On ne va rien annuler du tout ?; le taquinai je en enroulant mes bras autour de son cou.

- Tu peux compter sur moi pour que ça n'arrive pas ; il déposa un baiser sur mes lèvres.

- Je t'aime Santiago ; chuchotai je.

- Te quiero Parker.

      Nos chemins s'étaient croisés par un pacte, pacte qui nous avait conduit à un amour aussi profond qu'impossible à décrire. Un amour d'une particularité peu commune au monde, un amour né d'une fausse promesse mariage et qui aujourd'hui aboutissait vers une union éternelle par les liens du mariage. Nous allions désormais être Ann-Louise et Amir Santiago. Nous étions sans nul doute passés de la comédie au réel.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant