Providentielle rencontre

MALÉDICTION PARTIE 18

Assise à même le sol dans la parcelle, ma mère me fait signe d'aller lui chercher sa natte et quelques effets à la maison.

Je me lève de là inquiète à l'idée de la laisser toute seule parmi ces vautours, heureusement que les parentes éloignées venaient en pleurs une à une ou en groupe de trois ou quatre avec leurs nattes sous les aisselles.

L'arrêt de bus étant juste à côté, Dieu merci, je n'aurai pas à marcher sous ces rayons de soleil qui peut même griller le cerveau de quelqu'un en une minute.

J'arrive à la maison quelques trente minutes passées à cause de la multitude des arrêts de bus et certains arrêts demandés.

Il n'y a que sur la route de Petit Chose que l'on rencontre ce genre de choses, ajouté à cela le mauvais état de la route et des bus. On y peut rien, allons seulement.

J'arrive à la maison, je prends ma douche vite fait et je décide de faire à manger pour mon père et mes frères et garder un peu pour apporter à maman au lieu de la veillée.

Dans le congélateur il y avait un peu de tout, comme ça fait longtemps que j'ai mangé le bouillon de fourre-tout mon plat préféré.

Je prépare les côtes de porc, la queue de boeuf, des tripes, le rognon et les pieds de porcs que j'assaisonne avec le gombo et de l'épinard vert agrementé d'un peu de piment vert et le tout accompagné du foufou blanc de Ouesso envoyé par grand père.

Je préparais le sac de maman quand Brel et Jerry sont revennus de l'école donc je n'aurai pas à attendre longtemps.

Je leur sers à manger puis au moment où je leur dis aurévoir, Brel me fait signe d'attendre parce qu'il a quelque chose à me montrer. Il s'en va vers leur chambre et revient avec une note et me le tend.
- C'est quoi? Lui demandé-je calmement.
- En fait, il s'agit d'un mandat que Tony nous a fait, Jerry et moi. Comme nous n'avons pas de pièces d'identité pour aller récupérer des sous à Western Union, nous avons trouvé judicieux qu'il envoie à ton nom pour que tu puisse nous le récupérer.
- Ah ok. Fais-je la mine un peu triste. Donc depuis tout ce temps Tony est resté en contact avec les membres de ma famille et moi, il ne me calcule pas.
- Mais où est-il pour vous faire des mandats chez Western Union alors qu'il peut bien passer vous remettre l'argent ici.
Je fais semblant de demander où il est en posant la question autrement pour leur tirer les verres du nez à Brel et Jerry.
- Il était à Lomé depuis un moment mais là il nous dit qu'il est à Rabat au Maroc et ne compte rentrer que dans trois mois parce qu'il ira aussi récupérer ses affaires aux Etats- Unis puis rentrer définitivement au Congo.

Mon coeur fait un bon dans la poitrine. Je plie le papier remis par Brel et le met dans ma poche avant de prendre les sacs et sortir. J'ai trouvé maman endormie sur la natte d'une cousine à sa maman. Je la réveille puis lui tend ses paquets tout en signalons que la nourriture y est aussi.

- Maman je fais un tour en ville vite fait et je reviens dans moins d'une heure?
- Il y a quoi là-bas? Fait-elle avec une voix inaudible à cause des pleurs et des cris.
- Juste une transaction à faire.
- De ton boulot?
- Oui oui. Je suis obligée de mentir parce que je tiens à voir clair dans l'histoire de Tony.

Après avoir fini de remplir la fiche, je dépose au comptoir avec ma pièce d'identité et vais m'asseoir pour attendre qu'on m'appelle. L'attente est longue mais je ne m'ennuie pas car je tue le temps sur internet dans mon mobile. C'est alors que je décide de répondre à Dutheile.

Je suis obligée de faire semblant de ne pas connaître le gars sur la photo et lui présente toutes les félicitations du monde en lui disant que son gars est trés mignon et qu'elle le garde bien. C'est vrai que je suis meurtrie au fond de moi mais j'ai décidé au nom de mon amitié avec Dutheile de ne rien lui dire à propos de mon épopée avec Tony.