******** TONY MAKOSSO******
J'ouvre à peine mes yeux et qu'est-ce que je découvre? Je suis dans une salle toute blanche avec une lumière blanche éblouissante qui peut rendre aveugle une personne.
Je toussote et la personne à mes côtés me tient la main en signe de soutien. Je reconnais là Kadidja ma mère biologique.
- Depuis quand je suis ici? Et qu'est-ce que je fais là?
- Calmes-toi Tony, calmes-toi mon fils. Nous sommes là à ton chevet, Geo ton jumeau et moi. Le médecin a dit que tu dois te reposer après ton réveil.
- Mais....
- Oui nous sommes ici depuis une semaine et c'est vraiment un miracle le fait que tu ouvres les yeux. Attends moi sagement, je vais appeler le médecin.Franchement tout ça m'intrigue, trop de choses se sont passées ces derniers temps que j'en perds même mon latin.
D'abord ma mère, oui le fait de la voir pour la première fois depuis tant d'années ne me laisse pas pantois au contraire c'est un sentiment mélangé qui m'anime en ce moment.
Ensuite je découvre non seulement que j'ai un frère jumeau mais aussi un petit frère de même mère même père que mon père n'a même pas connu l'existence puisque ma mère est partie en étant enceinte de quatre mois et avec mon jumeau.
Franchement je l'ai condamnée du fait de m'avoir abandonné moi et non Geo. Mais elle m'a dit que Geo avait une santé très fragile à l'époque et il était préférable qu'elle l'emmène avec elle me laissant ainsi dans les mains de ces vautours.
Elle m'a rassuré du fait qu'elle avait mis des gens derrière moi pour voir si j'allais bien ou pas.
Elle a fait construire non seulement cet hôtel de luxe mais beaucoup d'appartement en mon nom comme il l'a fait pour Geo au Togo et pour Ahmed au Maroc.
En l'écoutant, j'ai été frappé par la sensibilité de la mère qu'elle est. Ce jour là à Casablanca, l'émotion était au rendez-vous. Il y avait tellement d'émotion que j'ai fini par croire toutes les larmes que cette dame a fait couler.
Kadidja le mystère percé, Kadidja le mythe de ma vie, Kadjidja celle qui a manqué à son devoir de mère, Kadjidja ma mère biologique, Kadidja la lumière de mon avenir. Oui, c'est ma mère, dire que je ne l'aime pas serai mentir. J'ai commencé à l'aimer le jour où j'ai su que Sabine n'était pas ma mère.
Le médecin fait irruption dans la salle suivi de ma mère et de Geo mon jumeau. J'ai vraiment du mal à y croire.
Quand je le vois c'est comme si je voyais mon reflet dans le miroir. Je ne sais pas quel point nous distingue tous les deux mais Geo et moi, on est pareil. Sauf quelques petits détails dans le comportement qui nous distingue sinon nous sommes tous les deux pareils. Je ne bois ni ne fume mais lui si. En plus il a la barbe moi non, il a les pieds arqués moi non et il est plus clair et un peu musclé par rapport à moi.
- Monsieur Makosso, ne vous inquiétez pas. Vous êtes dans le Massachusetts General Hospital et je suis le docteur Hopkins, médecin urologue. Votre opération s'est très bien déroulée et je pense que dans deux semaines ou moins, dès que nous vous enlèverons cette sonde, vous retrouverez toutes vos capacités. Tout s'est très bien passé, nous avons pu faire l'essentiel et rendez seulement grâce à Dieu. Me dit-il avec un accent purement British.
- Merci Docteur!Je me rappelle alors de ce maudit accident, tout ça à cause de Phoebe, une jeune étudiante de deux ans mon aînée avec qui je me suis amouraché comme un fou.
Tout commence dès mon arrivée à Cambridge où je suis directement pris à l'université de Massachusetts Institute of Technology et c'est là que je fait la connaissance de Phoebe.
Elle était dans le département de génie civil et moi je faisais architecture. Nous vivions tous les deux au campus de l'université.
Après la remise de nos diplômes respectifs, nous sommes allés rendre visite à ses parents à Boise dans l'Idaho avant de nous installer ensemble à Cambridge où je suis vite recruté dans un cabinet d'architecture d'un ami.
Tout se passait très bien, Phoebe avait ouvert son propre cabinet de génie civil et travaillait aux heures qu'elle voulait. Moi par contre, je devais beaucoup travailler pour gagner la confiance de mes patrons ce qui fait que je restais jusque tard au bureau.
Au bout de deux ans, nous nous mariions et tout semblait marcher comme sur des roulettes. Phoebe était irréprochable et je ne pouvais pas me douter de quoi que ce soit sauf le fait qu'elle s'empiffrait d'alcool toutes les fois avant qu'on fasse l'amour .
Une fois alors que je rentrais du boulot fatigué, je la surprend avec une autre femme en train de s'envoyer en l'air dans notre lit.
Je suis resté debout là, vidé de tous les moyens et dépourvu de tout sens. J'étais là à les regarder jusqu'à ce que, remarquant ma présence, elle se lève pour m'avouer qu'en réalité, elle a beaucoup plus de penchants pour les femmes et si elle s'est marié avec moi, c'était seulement pour tromper la vigilance de ses parents qui sont des fervents protestants.
Je pouvais tout m'imaginer sauf ça. Elle est allée jusqu'à me proposer de rester avec elles, vu que son amante devait venir s'installer désormais avec nous.
- On fera comme si de rien n'était, si tu as envie de moi, nous ferons l'amour à trois, avec Delia.Beurk, dites-moi que je rêve! Je suis sorti de la maison avant de répondre mes clés sur la table basse et j'ai roulé pendant je ne sais combien de temps jusqu'à ce que je cogne sur quelque chose et puis trou noir.
Je ne m'en souvenais plus de rien juste que j'étais allongé dans un lit d'hôpital où l'on m'a diagnostiqué une sténose urétral causé par le traumatisme de l'accident et une lésion au cou pouvant altérer l'érection.
On devait m'opérer mais ça n'urgeait pas. À ma sortie d'hôpital, je demande le divorce et emménage ailleurs. Phoebe tenait à ce que nous restions amis mais je ne voulais pas. Je lui ai dit de garder ses distances à jamais, elle m'a fait perdre sept ans de ma vie, sept longues années pour rien.
Je ne bandais plus et j'avais du mal à uriner, quelque fois même il y avait du sang dans mes urines. Je me suis recroquevillé sur moi-même fuyant ainsi les femmes. Deux mois après, mon père décède et donc je suis rentré au pays pour l'enterrer et je rencontre Samantha. Cette fille rien qu'en la regardant a fait réveillé tous mes sens et j'ai pris rendez-vous aussi vite avec l'hôpital pour m'enlever cette foutue maladie.
Après les retrouvailles avec ma mère et mes deux frères, j'ai tenu à leur expliquer ma situation. Une situation qui est restée longtemps au fond de ma gorge car n'ayant personne à qui me confier. C'était comme un soulagement et c'est là que j'ai compris le fait que l'on dise que parler d'une situation allège son poids.
Kadidja et Geo, enfin ma mère et mon jumeau ont tenu à m'accompagner et à rester à mon chevet jusqu'à ce que nous rentrions tous à Brazzaville au Congo où nous aurons beaucoup de choses à régler y compris le mariage de Geo avec une congolaise qu'elle a trouvé à Lomé. Il m'a parlé de cette fille vaguement et comme je ne tenais pas encore à la rencontrer, il promet ne pas lui parler de mon existence jusqu'au jour de leur mariage.
La plus heureuse dans tout ça c'est Kadidja qui a retrouvé ses enfants. Elle qui a bravé ses parents pour l'amour de mon père, elle qui a abandonné sa religion musulmane pour un homme qui l'a quittée en la jetant dehors comme une orange pressée. Elle a passé la moitié de sa vie à implorer la clémence et l'indulgence de son père et ce dernier ne l'a pardonnée qu'il y a cinq ans. Juste avant qu'il ne meurt.
Entre temps, elle a commencé à chanter pour oublier ses peines. Ses disques sont vendus dans le monde entier et elle est devenue une star de renommée internationale grâce à son album intitulé "la berceuse", consacré aux chants d'enfants. Je sais que derrière ce sourire radieux se cache une femme meurtrie, une femme blessée... maintenant qu'elle m'a retrouvé, jespère qu'elle retrouvera vite son vrai sourire juste après cette épisode.
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Providentielle rencontre
RomanceJ'avance petit à petit vers l'endroit indiqué par la personne, la peur au ventre et ne sachant à quoi elle ressemble. Mon téléphone se met à sonner, c'était un numéro inconnu, je regarde autour de moi question de prospecter si la personne qui m'appe...