Providentielle rencontre

MALÉDICTION PARTIE 80

***** Léa Ingrid SEMBÉ *****

- Toi ici ? Dit-elle en me toisant d'un oeil de reproche plein de vengeance ce qui me fait me remémorer de toutes les mauvaises choses que je lui ai infligées.

Je me revois encore en train de la maltraiter et j'avoue que ça ne me rend pas fière de moi. Au contraire, j'ai si honte de la personne que je suis, non que j'étais plutôt parce que j'aspire au changement maintenant.

À bien voir, cette petite n'a fait que croire aux promesses de Louis-Aimé, que son âme croupisse en enfer. Je ne regrette pas sa mort mais juste que la secte m'a écartée soit disant pour me laisser du temps pour réfléchir.

Il se trouve que le Grand maître n'a pas pu tolérer le fait que je lui aie demandé des comptes à propos de la mort de Louis-Aimé, ce qui n'était que normal. Jusqu'alors je n'arrive pas à comprendre comment il a pu dévier la situation ni pourquoi Divine, sa mère et son enfant ont été épargnées alors qu'on les avait bien cernées.

Entre temps, mes affaires ne marchent plus, ma clinique a été fermée sous l'ordre de l'Etat pour ne pas avoir honoré à ma promesse envers madame le ministre. Étant enceinte de son septième garçon, Mireille ( la ministre) voulait à tout prix d'une fille pour satisfaire au désir de son mari.

Je lui avais donc promis d'échanger son bébé (garçon) contre celui de Divine. C'est comme ça que j'ai menti à Divine qu'elle attendait un garçon pour bien ficeler mon plan. Les deux devront accoucher avec deux jours d'intervalle, Divine en premier, ce qui m'aurait permis de bien l'accomplir.

Mais une fois de plus, l'homme propose, Dieu dispose. La situation a tourné en ma défaveur. J'ai perdu toutes mes faveurs auprès de la ministre, j'ai été retiré de toutes les congrégations des femmes les plus en vue du pays.

On m'a même ôté le droit d'assister à toutes les cérémonies publiques encore moins le droit d'être dans le périmètre où ça se déroule. Je suis tombée du haut de mon piédestal et mon seul secours est cette petite.

J'ai longtemps sous-estimer Dieu depuis que je fréquentais ces oiseaux de mauvais augure, il y avait même des moments où je croyais que j'étais exemptée de la mort, que celle-ci n'était faite que pour d'autres personnes mais je me suis largement trompée. J'ai envie de changer de vie, je veux tourner la page et je pense que Divine me serait d'une grande aide.

- Eh Oh Madame, ne me dis pas que tu as maintenant des problèmes d'audition? C'est bien à toi que je viens de poser la question ou tu es peut-être accompagnée de tes nombreux démons et tu penses que je me suis adressé à l'un d'eux?

C'est par ces propos que Divine me sort de ma rêverie alors que je suis comme obnubilée devant elle. Elle est très sèche dans ses propos mais je ne la condamne pas. Ça aurait été moi à la place, j'aurai réagi de la même manière ou peut-être pire. Je la comprends parfaitement.

- Je...Je. ..suis venue te demander pardon Divine. Je reconnais t'avoir causé du tort et je suis venue m'excuser. Bredouillè-je en cherchant les mots dans ma tête.

- Rires! Je n'ose pas le croire. Que me cache cette gentillesse soudaine? Tu crois que je vais t'ouvrir mon coeur après tout ce que j'ai vécu dans votre maison hantée ? Rétorque-t-elle sans répit.

- Je le crois fermement car très souvent, ce sont les personnes à qui nous avons causé du tort qui nous viennent en aide à la dernière minute, lorsque tous les autres à qui nous avons prêté mains fortes nous ont tourné le dos sans raison. Divine, je reconnais mon tort et je suis venue m'humilier devant toi car seule toi peut me sauver.

- Qu'est-ce qui me prouve que ce n'est pas une ruse de ta part pour me voler ma fille ou encore pour me tuer moi-même?

À l'évocation de ces propos, mon coeur s'est coupé en deux. Si cette fille m'a cru capable de faire des choses pareilles, c'est que je lui ai vraiment donné l'image du diable en personne. Je ne vois rien d'autre à faire que de tomber à genoux à ses pieds. Je pleure comme un dingue tout en lui annonçant la mort de Louis-Aimé.