La Rencontre

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Le fait que Tony ait balayé du revers de la main les recommandations de Sabine mit cette dernière dans tous ces états pour elle, c'est son séjour aux États-Unis qui lui avait fait perdre ses valeurs notamment les us et coutumes, qui pourtant lui étaient inculqué dès le bas âge. Sur le coup, elle regretta de l'avoir élevé avec autant d'amour vu ce qu'il était en train de lui faire, il s'apprêtait à lui faire front en refusant d'obéir à ses recommandations alors qu'il savait d'emblée que cela menaçait les intérêts de cette dernière.

Partir et laisser cet empire qu'elle a construite à la sueur de son front et au prix de mille efforts était hors de question. Vour une autre femme qu'elle ne maîtrisait pas prendre le gouvernail était encore pire et surtout impensable.

La solution était claire, Sabine avait tout planifié pour que Tony se marie avec Solange de gré ou de force.

Tony et Samantha roulaient silencieusement pendant une dizaine de minutes et avec pour seul bruit leurs souffles haletants. La peur au ventre, Samantha se posait mille et ube questions de savoir si elle avait posé le bon acte en acceptant de monter dans cette voiture? Qui était vraiment ce jeune homme qui lui a tapé dans l'oeil au premier regard ? Faisait-il parti de ces jeunes qui kidnappent les femmes ces derniers temps, leur extrayant des organes vitaux avant de jeter leur corps sans vie en pâture ?

Au fond d'elle, une confiance inouïe la submergeait, ce joli minois à donner le bon Dieu sans confession était incapable de faire du mal à une mouche et du haut de ses vingt ans, elle ne se trompait que rarement dans ses analyses.

- Je suis Antonin Makosso, Tony-Mack pour les intimes. Je suis congolais et j'ai trente et quatre ans. Improvisa abruptement Tony comme pour briser le lourd silence qui régnait dans l'habitacle. Aussi, on aurait dit qu'il avait lu dans les pensées de la jeune demoiselle.

- Hum euh..... Enchantée! Samantha, vingt ans, étudiante en 2ème année à la faculté de Droit ici à l'Université Marien Ngouabi.

- Waouh impressionnant ! Des jeunes filles aimant les grandes études comme le droit, ça ne court pas les rues actuellement. Mais Sam n'a pas de nom?

- Pour vous ce sera Samantha et permettez que je garde un mystère sur mon nom. N'insistez pas s'il vous plaît.

- Relax Samantha, on peut se tutoyer car ça ne me pose aucun problème qu'on soit bons amis, j'habite à deux pâtés de ta maison. Ça me fera un grand plaisir de te récupérer et te déposer à chaque fois que tu auras cours. Surtout que je n'ai rien à faire de mes journées. Je déteste rester à la maison à tourner les pousses et à compter les moutons. Je me prête volontiers à me transformer en chauffeur, ton chauffeur, si tu le veux bien.

Samantha n'en revenait pas du discours de Tony. En plus d'être beau, il était très humble. Un monsieur de la si haute classe devenir son ami était tout aussi inimaginable qu'incroyable. Au stade où elle se trouvait actuellement, c'était comme ajouter d'autres charges à la croix qu'elle portait depuis le licenciement de son père. Elle n'avait pas le droit de se voiler la face, sa famille etait désargentée maintenant et l'amitié entre riche et pauvre était très mal interprétée dans cette société.

Au risque d'être taxée d'arriviste, d'opportuniste ou même de complexée, se fixer sur ses études était le meilleur sinon le seul moyen qui s'offrait à elle pour sortir ses parents sur ce bourbier demain.

Il est vrai que cet homme avait tous les atouts pour ne laisser aucune femme indifférente mais est-ce que Samantha avait besoin de ça en ce moment? Avec tous les soucis qu'elle se faisait pour ses études, avait-elle encore de la place pour des ennuis sentimentaux ? Tony ne lui laissait pas indifférente sans doute mais c'était le genre de gars à aligner toute une cohorte de femmes à sa suite. Et puis quel genre de filles? Des filles de bonnes familles qui ont tout à leur disposition,et devant lesquelles Samantha ne ferait pas le poids ? L'ère des contes de fées étant dépassée et les princes n'existant plus que dans les rêves, il n'était pas question pour Samantha de se laisser berner.

En deuxième année de droit, Samantha avait un avenir radieux qui se dessinait petit à petit, seule la persévérance était de mise.

Étant assez grande, elle comprenait que ses parents étaient à bout mais faisaient semblant de ne pas le montrer. Le sort qui s'est acharné sur eux il y a cinq ans était quelque chose de vraiment inexplicable. Du jour au lendemain ils s'étaient retrouvés sans toit, sans sous. Heureusement que sa mère a été une femme avertie, pendant que son père passait son temps à vouloir satisfaire sa soeur ainees et les enfants de cette dernière, sa mère elle, construisait sa bicoque en cachette dans un quartier populaire dénommé Talangai.

- Tu me parais si pensive Samantha. Des soucis ?

- Euh non, juste que je ne trouve pas à dire.

- Tu sais qu'on est ami et tu peux tout me dire.

- Amis comment?

- Sans te cacher, tu me plais bien et je voudrais, pour un premier temps, qu'on soit bon amis. Avec le temps, si tu permets, espérer construire quelque chose de solide avec toi. J'aimerais juste que tu m'accordes un peu de ton temps pour comprendre mes intentions vis à vis de toi.

- Franchement parlant, je ne dispose pas d'assez de temps pour en consacrer à des petits amis. Je suis trop concentrée sur mon avenir et un petit ami est vraiment le cadet de mes soucis.

- Penses-tu qu'un petit ami freinerait ta réussite ? Ne crois-tu pas qu'il y a aussi de ses petits amis qui propulsent ?

- D'aussi loin que je me souvienne, non!

- Ah ah ah ah mais tu as quelle expérience toi? Tu es si frêle et jeune ma chérie.

- J'en ai assez entendu dans les scènes de vie courante que je peux le certifier.

- Quel paradoxe par rapport aux études que tu fais. En droit, ce n'est pas les ont-dit, tout est palpable.

- Je sais mais l'expérience des autres est aussi une grande école de la vie.

- Bon je vais te poser une dernière question, je te prierai de ravaler ton orgueil et me répondre honnêtement. Ok?

- Ok

- Penses-tu en me voyant que je suis de ceux qui détourneraient les enfants d'autrui du droit chemin ?

- ........ Honnêtement non mais les apparences sont très trompeuses aussi.

- Bon, je comprend ta réticence mais accordes-moi juste une petite place dans ton planning pour apprendre à me connaître au fil du temps. Je promets ne pas brusquer les choses. Ok?

- Ok.. On vire à la prochaine à droite mais il y a un pont de fortune et je préfèrerai que tu me déposes juste sur l'avenue.

- Quoi les véhicules n'y passent pas?

- Si mais je ne veux pas te déranger. Sinon je suis presqu'arrivée chez moi et marcher me fera un grand bien.

- Non je te dépose devant chez toi. Je veux connaître là où tu habites car mon petit doigt me dit que tu veux me filer dans les mains comme Cendrillon. Le prince lui il avait au moins l'autre pieds de la chaussure mais moi?

- Rires

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant