MALÉDICTION PARTIE 59

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****** Kadidja Al-Saeff *****

Plus l'heure avance, plus je suis prise d'une angoisse terrible qui me forme des boules au ventre. Tiendra-t-il sa promesse? Après tout, je ne lui ai encore rien donné jusque-là, accepterait-il de trahir Salma qui a déjà dû lui payer certainement? Je suis sûr qu'il va m'appeler à l'heure convenue, je dois juste m'armer de patience, après tout il n'est que vingt et trois heures. Le rendez-vous a été pris pour une heure du matin et j'attends.

Je m'allonge juste pour évacuer la fatigue mais je finis par somnoler un moment pour me réveiller en sursaut par la sonnerie de mon téléphone. Ça y'est, c'est lui qui appelle!

Je réponds juste par un ok et je raccroche. Je vais réveiller papa et nous descendons ensemble. Je prends les doubles des clés de la chambre de Salma à la réception et nous montons avec mon père qui ne cesse de m'interroger sur ce qui se passe. En ouvrant la porte, mon père est sidéré devant le spectacle qui s'offre à nous. Salma est bel et bien en train de s'envoyer en l'air avec Ramon.

N'en pouvant plus de regarder, mon père se cache le visage par les mains comme par pudeur.

- Excuses-moi papa mais je voudrais que tu voies de tes propres yeux quel genre de femme tu as choisir pour ton petit fils.

Il sort de la chambre sans mot dire. Je regarde Ramon s'habiller avec empressement puis sortir de la chambre presqu'en courant.

- À malin, malin et demi ma chérie. Un conseil: cesses d'être si naïve et surtout, regardes bien dans les yeux la personne qui est en face de toi pour déterminer si elle t'aime ou pas. C'est fou ce que tu ressembles à ta mère! J'espère que tu as pu faire tes valises?

Elle me regarde sans rien dire puis s'écroule dans le lit. Je sors de là en paix avec moi-même mais si cela ne s'est pas terminé comme je le voulais. Tout ce que je souhaite en ce moment est qu'elle ne suicide pas et qu'elle n'avorte pas non plus. Sa mère doit essuyer la honte qu'elle m'a déversée dessus il y a trente cinq ans.

Je file vite dans ma chambre car j'ai un appel à passer en urgence. Je m'en fous que ce soit tard ou pas mais je dois lui dire mes vérités.

Le combiné à l'oreille, je compose son numéro et j'attends qu'il décroche en vain. Je recompose le numéro et au bout de la troisième fois il décroche enfin. Il s'agit de mon frère jumeau Khaled.

- Allô Kadi, il y a un problème ? Pourquoi tu appelles si tard? Dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas? C'est papa?

- Allô Khaled, effectivement il y a un problème mais ne t'inquiète pas, ça ne concerne pas notre père.

Je lui fais le briefing de la situation puis lui dis que je vais tout casser avec papa car je me rends compte que j'étais bien avant qu'il ne revienne dans ma vie. Il reste stupéfait un moment puis me dit de le laisser faire, qu'il allait parler avec papa.

***** Le lendemain matin

Nous sommes en train de déjeuner avec mon père et je lui explique pourquoi Tony a claqué la porte.

- On doit le retrouver ma chérie. Excuses-moi d'avoir encore une fois chambouler ta vie. Je me rends juste compte que je dois te laisser, à toi et à tes enfants, la liberté de mener vos vies selon ce qui vous plaît.

- Merci papa, j'ai attendu ce moment toute ma vie.

- Pardonnes-moi ma fille, pardonnes-moi de toutes les souffrances que je t'ai infligées injustement. Khaled m'a dit que c'est toi qui a sauvé l'une de mes entreprises dans la faillite alors que je tirai le diable par ma queue.

- Oui papa, même si tu me boudais, tu es min père et je ne pouvais pas te laisser dans la souffrance. Je t'aime plus que tu ne le penses.

- Je t'aime aussi Kadi. Vraiment pardonnes-moi! Si je pense que la famille de cette fille est classée parmi les familles les plus pieuses de la société libanaise de France, j'en déduis juste que la religion c'est juste le coeur et non les apparences.

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant