PROLOGUE

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Après le retentissement de la sonnerie signalant la fin des cours, Samantha se faufila dans la foule des milliers d'étudiants qui sortaient avec pour seule envie de vite rattraper son bus car la chaleur était insupportable ce jour et l'idée de rester des heures entières à l'arrêt de bus pour attendre une ligne direct qui la ramènerait chez elle, ne lui plaisait guère.

Le trajet entre la faculté de Droit où elle prenait ses cours depuis deux ans et le fameux arrêt de bus était si long et le soleil qui dardait ses rayons à l' horizon, ne lui donnait pas le courage de marcher sur une longue distance pour attraper son bus. C'était juste fatigant.

Quitter son domicile jusqu'à la faculté de droit était déjà un parcours de combattant pour elle parce qu'elle se levait chaque jour avant que l'aurore ne se pointe et quittait la maison aux environs de quatre heures du matin, souvent accompagnée de son père jusqu'à l'arrêt de bus, pour espérer avoir une place assise dans l'amphithéâtre. Tout ça etait un sacrifice qu'elle se devait de faire vu sa promesse à ses parents, réussir était son leitmotiv, peu importe les sacrifices qu'elle devait consentir dans l'avenir.

Le parcours retour avait aussi ses déboires mais Samantha ne se lassait pas pour autant, au sortir de la faculté, elle devait courir et cela ne lui posait aucun problème même si quelques fois, l'envie de tout arrêter lui turlupinait l'esprit. Arrêter en si bon chemin alors que le parcours semblait lui sourire ? Elle venait de remporter haut les mains les examens de première année avec mention parmi les cent ving admis sur deux mille trois cents étudiants qu'il y avait en première année en cette année. C'était une prouesse à ne pas négliger surtout lorsque l'on sait qu'elle l'a eu dans la normalité, sans passer par une "consultation juridique", cette manie qu'avaient les professeurs de demander la couche à des étudiantes en échange des notes.

Le moment n'était pas propice pour Samantha de décider de quoique ce soit vu la situation précaire dans laquelle vivaient ses parents. Depuis près de cinq ans, ils traversaient des moments difficiles et malgré le fait qu'elle ait voulu tout arrêter et trouver un petit boulot pour les aider, son père avait protesté l'idée avec véhémence car pour lui, c'est Samantha qui devait accomplir son rêve que lui n'a jamais pu réaliser: ramener la toge à la maison. Il passait son temps à amadouer sa fille en insistant qu'elle continuasse ses études tout en lui promettant de traverser monts et collines pour l'aider à y arriver même si la précarité faisait désormais partie du quotidien.

Samantha savait au fond de lui que son père n'avait plus les bras longs car au chômage depuis près de cinq ans, mais elle lui accordait ce plaisir de l'écouter sans protester encore moins sans manifester le moindre signe d'opposition. Elle avait trop pitié de lui.

Sa mère, sage-femme chevronnée faisait des pieds et des mains pour subvenir aux besoins de son foyer. Quoique n'ayant pas l'essentiel chez eux mais ils ne manquaient jamais de quoi manger grâce à la dextérité de cette maman.

À à peine vingt ans, Samantha faisait des petits boulots pour aider sa maman à tenir le foyer et surtout pour combler les besoins de ses deux petits frères Brel et Jerry. Chaque samedi, elle coiffait à domicile et cet argent lui servait de transport pour la faculté.

Pour la petite histoire, Jérôme le père de Samantha fut l'ancien Directeur général d'une société italienne en faillite depuis cinq ans. Orphelin de père et de mère dès le jeune âge, il n'a grandi qu'avec sa soeur aînée qu'il considérait comme sa propre mère.

Après le Bac, il est parti six ans en Italie à l'aide d'une bourse d'Etat et en rentrant, il a été contacté par une entreprise italienne qui voulait s'installer dans le pays. Après l'installation de ladite entreprise, il a été directement nommé directeur général vu que c'est grâce à lui que toutes les démarches ont été effectuées dans les délais pour que l'entreprise puisse s'installer en bonne et due forme et sans grande tracasserie.

Fraîchement nommé, il rencontra la mère de Samantha, une jeune femme très belle qui n'était autre que la copine de la fille aînée de sa grande soeur. La tante de Samantha était une femme d'un certain âge et l'écart d'âge entre elle et le père de ce dernier était assez grand. Onze années les séparaient à cause des difficultés qu'avaient leur mère de concevoir.

Au départ, cette tante ne voulait pas de la relation entre les parents de Samantha mais l'amour a été plus fort et a fini par l'emporter. Et aussi, le caractère docile de la mère de Samantha a été de beaucoup pour la continuation de cette relation.

Pauline la sœur de Jérôme avait tout fait pour les garder sous sa coupe. Tout ce que Jérôme gagnait était géré par sa sœur, qui a même fait construire à Jérôme dès sa première année de travail, une maison dans l'enceinte du terrain où elle vivait avec sa famille pour les garder près d'elle. Tout passait par elle avant d'atterir chez la maman de Samantha, de la popote à la gestion de la maison en passant par l'achat des vêtements, fournitures scolaires et même du mobilier.

Jusqu'à il y a cinq ans, tout allait très bien entre eux, c'est seulement quelques mois après le licenciement de Jérôme que tout avait commencé à se dégrader. Les relations n'étaient malheureusement plus au beau fixe et l'atmosphère dans la cour à couper au couteau. Pauline ne tolérait plus son frère et sa famille, au moindre bruit, elle sortait de ses gonds.

Le son assourdissant des klaxons venait de tirer Samantha dans sa rêverie. Elle essaya de regarder dans le sens de la voiture d'où provenaient ces fameux klaxons, elle vit un homme au volant lui faisant un signe de la main.

Timide qu'elle était, elle n'insista pas et détourna simplement son regard tout en continuant son chemin mais cette fois-ci avec une allure pressée sans regarder en arrière. C'était sans compter l'obstination du conducteur qui contourna sa voiture et vint se mettre juste à sa hauteur, comme pour lui empêcher le passage.

Il ouvrit la portière et descendit  la vitre avant de lancer un regard bienveillant à la demoiselle.

- Bonjour Mademoiselle !

Samantha déglutit avant de lui  répondre poliment de bien se garer  pour qu'elle puisse se frayer un chemin. Le soleil était si accablant que Samantha ne voulait pas perdre son temps, tout ce qu'elle voulait c'était rentrer prendre une douche et retrouver son grand amour: le lit.

Aussi, par ses temps, les jeunes filles se mefiaient beaucoup des hommes en voitures de luxe parce que la majorité était des sacrificateurs, des jeunes qui avaient donné leur vie au diable juste pour avoir tout ce qui brillait et être toujours au top.

Dernièrement même dans la ville, il y avait une rumeur comme quoi les jeunes garçons se seraient lancés dans le commerce des organes humains.

- Où va une si belle femme sous ce chaud soleil? Puis-je vous accompagner où vous allez? L'interrompit le jeune homme.

Elle hésita de répondre par orgueil mais au fond d'elle, elle bouillonnait d'envie de monter sur ce beaux bijoux. En plus, elle n'avait que le minimum pour son transport, ce qui revient à dire que si elle ne trouvait pas le bus direct pour son quartier, une bourgade reculée situé dans les bas fonds de Talangai, 6 ème arrondissement, elle serait obligée de descendre au marché de Talangai et faire encore le rallye à pieds un long moment. Son corps refusait d'imaginer la suite car la fatigue de la semaine la gagnait déjà, se réveiller tous les jours avant l'aube était certes une habitude déjà mais il y avait des jours où elle n'en pouvait plus et ne demandait qu'à vite terminer. C'était son rêve le plus fou en ce moment, terminer ses études et penser à autre chose. Elle était comme condamnée.

- Je viens de la faculté et je rentre chez moi à Petit Chose donc je marche comme ça pour aller attraper mon bus au rond point du CCF. Répondit-elle à brûle pourpoint.

- Vous avez de la chance, c'est sur mon chemin. Donc je peux vous accompagner si vous voulez bien évidemment.

- Je n'ai pas le choix.

- Ok attendez.

Il descendit de l'habitacle et ouvrit la portière à la jeune dame tout en l'installant sur le siège avant, avant de lui attacher la ceinture.

Samantha, au lieu d'être contente après autant d'attention sur sa personne, elle était offusquée. Pour elle, le gars la prenait pour une paysane que ne s'y connaissait pas en voitures. Un sentiment de gêne naquit en elle et sa bouche sécha à la minute. Comment lui expliquer que toute sa vie, elle avait une voiture à sa disposition jusqu'à il y a cinq ans ?

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant